Petites et grandes histoires se mêlent, pour évoquer une des plus mythiques familles de la noblesse française !
De célèbres ducs, mais pas uniquement...
Des Lorrains… devenus ducs picards !
Ils ne sont pas picards, à la base, mais lorrains : l'histoire commence avec le duc René II de Lorraine et son épouse Philippe de Gueldre.
On se souvient de la belle tombe du premier et de l’impressionnant gisant de la deuxième, à Nancy…
Ils se disent issus de Charlemagne, rien que ça. René, lui, a battu le Bourguignon Charles le Téméraire devant les murs de Nancy, en 1477 !
Lui-même est le petit-fils du célèbre « bon roi » René d’Anjou, qui compte le roi de France Jean II le Bon, dans ses aïeux…
Du beau monde !
C’est donc ce René II qui lègue toutes ses terres à son fils Claude : dont Guise, en Picardie.
À l’occasion, le roi François Ier le créé duc, en 1528. Le voilà… tout premier duc de Guise !
Claude de Lorraine (1496-1550)
Le premier duc de Guise, c’est lui ! Son fief, c’est le beau château de Joinville et ses mythiques jardins Renaissance !
Compagnon d’armes de François Ier, il bataille à ses côtés en 1515, à Marignan.
Le détail qui tue !
Avec Antoinette de Bourbon, son épouse, il a 11 enfants : le début d’une dynastie mythique.
Antoinette est une princesse de sang issue des Bourbons, une lointaine descendante du roi saint Louis.
Son frère aîné Charles de Bourbon est le grand-père d’Henri IV, roi de France et de Navarre !
Marie de Lorraine (1515-1560)
La fille de Claude, Marie de Lorraine , épouse le roi d’Écosse Jacques V.
Leur fille Marie Stuart, éphémère reine de France épouse de François II, connaîtra un destin tragique outre Manche, en devenant reine d’Écosse et en se heurtant à Elizabeth Ire..
Le détail qui tue !
Marie de Lorraine meurt à Édimbourg, en Écosse, à seulement 44 ans, en juin 1560.
Sa fille Marie Stuart rapatrie sa dépouille en Champagne, afin qu’elle soit inhumée sur la terre de ses ancêtres, au sein de l’abbaye Saint-Pierre-aux-Dames de Reims.
Il ne reste rien de son tombeau, aujourd’hui !
Louis Ier de Lorraine (1527-1578)
On l’appelle le cardinal de Guise : c’est l'un des nombreux fils de Claude de Lorraine.
Il est un des archevêques qui occupe le célèbre hôtel de Sens, à Paris !
Le détail qui tue !
Le chroniqueur Pierre de L’Étoile dit de lui :
« C'était un bon homme, peu remuant. On l’appelait le cardinal des bouteilles, parce qu’il les aimait fort, et ne se mêlait gère d’autres affaires que celles de la cuisine. »
François de Guise (1519-1563)
Proche du roi Henri II depuis l’enfance, son pouvoir s’agrandit encore un peu plus lors du mariage de sa nièce, Marie Stuart, avec le jeune François II de France.
François de Guise, qu’il soit coupable ou non de préméditation, déclenche la première guerre de Religion avec le massacre de Wassy.
Il meurt assassiné près d’Orléans.
Le détail qui tue !
On connaît un des fils de François, Henri de Guise, sous le surnom de Balafré, en raison d’une terrible blessure reçue en 1575, à la bataille de Dormans.
Mais François lui aussi est surnommé le Balafré ! Balafre reçue au siège de Boulogne, en 1544.
Et à l’époque, on ne fait pas dans la dentelle, mais dans la boucherie de gros ; une lance lui transperce le crâne :
« ayant dans la tête le fer d’une lance avec un tronçon de bois qui lui entrait par l’angle d’entre l’œil droit et le nez, et qui sortait par-derrière entre la nuque du cou et l’oreille. »
Le célèbre chirurgien Ambroise Paré parvient à extraire le tronçon en question, en prenant appui, avec son pied, sur le visage de Guise !
Le duc garde son calme pendant « l’opération », « qui ne fut sans fracture d’os, nerfs, veines, artères et autres parties ». Mais il la supporte stoïquement, « comme si on ne lui eût tiré qu’un poil de la tête »...
Charles de Guise (1524-1574)
Un des fils de Claude de Lorraine, frère aîné de François de Guise. Lui est archevêque de Reims et évêque de Metz.
On le connaît mieux sous le nom de cardinal de Lorraine.
Aux côtés de Michel de L’Hospital, il participe au colloque de Poissy en 1561, pour calmer les tensions naissantes entre catholiques et protestants.
Sous les règnes d’Henri II, puis de François II, il s’occupe des affaires financières, diplomatiques et religieuses du royaume.
Le détail qui tue !
Quelques historiens rapportent qu’à la mort de l’amiral de Coligny, tué dans son lit, défenestré et mutilé, un écuyer du duc de Guise coupe sa tête.
Ce dernier la fait embaumer et envoyer à son frère le cardinal de Lorraine, comme un trophée sanglant pris sur leur ennemi protestant...
Henri Ier de Guise, dit le Balafré (1550-1588)
3e duc de Guise, un des fils de François de Guise.
En pleines guerres de Religion, le chef de la Sainte Ligue ultra catholique, Henri de Guise, prend la tête du mouvement. Pour la défense de la religion catholique, contre le protestantisme. Un succès... fulgurant.
Soutenue par l’Espagne, elle devient si puissante que la monarchie en vacille sur ses bottes !
La Ligue, c'est un vrai pouvoir parallèle qui s'installe, un pouvoir qui a gagné l'appui du peuple.
Guise ne fait pas confiance au roi Henri III, qu'il trouve faible, trop tolérant face aux protestants.
Après tout, il n’a pas d’enfant : son héritier légitime, c’est son cousin Henri de Navarre (futur Henri IV)… un protestant.
La perspective de voir le huguenot sur le trône révulse Guise !
Guise essaie de déposer Henri III en mai 1588, mais celui-ci a le temps de fuir. Il prend peur, le trône de France vacille. Trop, c'était trop : le roi le fera finalement assassiner à Blois en décembre 1588.
Le détail qui tue !
Son magnifique cénotaphe se trouve dans la chapelle du collège des Jésuites d'Eu : son corps n’y repose pas, vu qu’il a été brûlé et ses cendres jetées dans la Loire.
C’est néanmoins un magnifique monument avec un gisant et un orant, commandé en 1627 par la veuve d’Henri, Catherine de Clèves.
Louis de Lorraine (1555-1588)
Lui, c’est le cardinal de Guise. Le 3e des fils de François de Guise.
Il trouve la mort le lendemain de l’assassinat de son frère Henri, au château de Blois, en 1588.
Le corps des deux frères sont brûlés, leurs cendres jetées dans la Loire.
Le détail qui tue !
En apprenant la mort du cardinal, le pape Sixte Quint condamne violemment l’assassinat et excommunie Henri III par une bulle papale du 26 mai 1589 !
En réalité, ce n’est pas tellement le fait qu’on ait osé tuer un cardinal, qui pose problème, mais l’entente entre Henri III et Henri de Navarre, pour combattre la Ligue...
Charles de Lorraine, duc de Mayenne (1554-1611)
Le dernier des trois frères Guise !
Après la mort de ses frères à Blois en 1588, Charles reprend le flambeau à la tête de la Ligue. En lutte contre Henri de Navarre, futur Henri IV !
Le détail qui tue !
Vaincu à Arques et Ivry en 1589 et 1590, il doit faire soumission publique à Henri IV.
Pour cela, le roi et sa maîtresse Gabrielle d’Estrées l’invitent dans leur château de Montceaux, en janvier 1596.
Mayenne est depuis des années engoncé dans une obésité quasi morbide.
Imaginez : il faut trois écuyers pour l’aider à descendre de cheval...
Après un brin de causette, Henri l’invite à se promener dans les jardins. Il entraîne Mayenne, prenant un malin plaisir à l’essouffler, en marchant rapidement !
Dans une allée avec une pente ardue, Mayenne demande un répit.
« Touchez là, mon cousin, vous ne recevrez jamais d’autre déplaisir de ma part », lui dit Henri.
Et il tient parole. Mayenne, depuis ce jour, était devenu le plus docile et fidèle de ses lieutenants…
Charles Ier de Guise (1571-1640)
4e duc de Guise. Lui, c’est l’amiral du Levant, qui a brillé au siège de La Rochelle, en 1628.
Le fils du Balafré, arrêté avec sa famille après l’assassinat de son paternel.
En 1591, il s’évade du château de Tours. Accueilli par la foule en délire à Paris, on lui propose la main de l’infante d’Espagne : on veut même le sacrer roi de France !
Lui qui combat Henri de Navarre finit par se soumettre en 1594. Il finit disgracié en 1630 pour s’être opposé à Richelieu.
Exil en Italie, où il meurt...
Le détail qui tue !
Son évasion en 1591 du château de Tours est rocambolesque, après 2 ans dans une chambre tout en haut d’une tour, surveillé par 30 archers.
Le 15 août, en revenant de la messe, il regagne sa prison en plaisantant avec sa garde.
Au pied de la tour, il les défie tous de monter les marches à cloche-pied, pariant qu’il arriverait le premier en haut.
L’escorte part à cloche-pied, le duc, lui, fonce dans sa chambre, et s’enferme.
Une blanchisseuse lui avait apporté une corde, la veille.
Il la laisse tomber à une fenêtre et se glisse le long de la muraille, pendant que ses valets parlementent avec les archers à la porte.
Des coups de feu éclatent ! Il tombe... se relève et se rue vers les faubourgs, où il vole un cheval de boulanger, galopant vers Saint-Avertin, où il prévient des ligueurs...
Henri II de Guise (1614-1664)
5e duc de Guise, un des fils de Charles Ier de Guise.
Il complote contre le cardinal Richelieu (pour rétablir les privilèges des grands du royaume) : pour ça, il est condamné à mort, alors il s’enfuit en Flandres.
Pardonné, il retourne en France, en 1643, pour cette fois une nouvelle aventure… à Naples !
Ce royaume, il lui appartient d’une certaine façon, puisqu’il descend des ducs d’Anjou et du roi René.
Pour ça, il participe à la révolte populaire contre les Espagnols qui règnent sur Naples. Guise en profite pour gouverner la république royale de Naples.
Les Espagnols contre-attaqueront, faisant prisonnier Henri avant son retour en France...
Le détail qui tue !
Le grand peintre Antoine van Dyck lui a tiré le portrait, en 1634.
La toile se trouve aujourd’hui exposée à la National Gallery of Art de Washington.
Marie de Guise (1615-1688)
La fille de Charles Ier de Guise.
Lorsque son petit neveu François Joseph de Guise meurt de la variole, en 1675, à l’âge de 5 ans, elle hérite de ses biens et du titre de duchesse de Guise, dont elle est la dernière représentante.
Parmi les biens légués, le célèbre hôtel de Soubise, à Paris, dans le quartier du Marais !
Elle est la protectrice du compositeur baroque Marc Antoine Charpentier, qui compose pour elle plusieurs pièces célèbres.
Sources
- Guillaume Dupuytren. Traité théorique et pratique des blessures par armes de guerre (tome 1). 1834.
- Adrien Desclozeaux. Gabrielle d'Estrées. 1886.
- Philippe Le Bas. Dictionnaire encyclopédique de la France (tome 9). 1843.
- Albert Robida. La vieille France : la Touraine. 1892.
- Joseph Kervyn de Lettenhove. Les huguenots et les gueux. 1883.
- Georges Bordonove. Henri III. Pygmalion, 1997.
- Henri Pigaillem. Les Guise. Pygmalion, 2012.