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Petite histoire du château ducal d'Argentan en 7 anecdotes

Quand : 1110 - 1521

Le château | Mlane78212 / CC-BY-SA
Château Château ducal d'Argentan

1 - Argentan, bastion des Plantagenêts

C’est un des fils de Guillaume le Conquérant, Henri Beauclerc, duc de Normandie et roi d’Angleterre sous le nom d’Henri Ier, qui fonde la ville et le premier château d’Argentan.

Mathilde l’Emperesse

Sa fille Mathilde l’Emperesse y trouve refuge.

Vous vous souvenez ? Son pauvre fantôme hanterait les ruines mystérieuses de l’abbaye normande de Mortemer.

C’est à Argentan, en tous cas, qu’elle met au monde son fils en 1198, futur Othon IV empereur du Saint-Empire.

Vous savez ? Vaincu à la bataille de Bouvines par Philippe Auguste !

Cap sur l'Irlande !

Henri II réunit tous ses chevaliers en 1172, au château d'Argentan, pour partir à la conquête de l’Irlande.

Point de départ pour un assassinat

Henri II reçoit au château les légats du pape venant pour le réconcilier avec le célèbre archevêque Thomas Beckett.

Un flop monumental !

La tradition dit que quatre cavaliers normands partent du château d’Argentan pour assassiner Beckett, cap sur l’Angleterre, à Canterbury...

Leurs noms : Richard le Breton, Hugues de Marville, Guillaume de Traci et Regnault, fils d’Ours. Ils s’embarquent en secret le jour de Noël.

Le 30 novembre 1170, Thomas Beckett mourrait poignardé dans la cathédrale anglaise de Canterbury...

C’est aussi au château d’Argentan qu'Henri apprend la nouvelle de la mort de son ennemi :

« Livré au désespoir, il fut trois jours sans manger, couvert d’un cilice et couché sur la cendre, ne voulant entendre ni voir personne. Il resta ainsi cinq semaines dans la solitude, les portes closes, menant la vie la plus triste et la plus digne de pitié. »
Le château

Le château | ©Claude Gardères / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

2 - Ducs ? Ducal ? Mais quels ducs ?

Mais pourquoi le château d’Argentan porte-t-il le nom de château des ducs ?

Ducs de quoi, d'abord ? D’Alençon ! Mais qui sont-ils ?

Au début de l’histoire, le duché d’Alençon est un comté ! Fief des seigneurs de Bellême.

En 1220, ceux-ci vendent le comté d’Alençon au roi de France Philippe Auguste : en 1414, le comté devient duché !

Des ducs qui entrent en possession du comté d'Argentan grâce aux Montmorency, qui le vendent à Pierre II de Valois, en 1372. En fait, un descendant du roi de France Philippe III le Hardi !

Les ducs d'Alençon s’enchaînent alors, en voici quelques-uns…

  • René d’Alençon, descendant de Jean Ier d’Alençon, qui épouse la petite-fille du bon roi René, Marguerite de Lorraine ;
  • Charles IV d’Alençon, le fils des deux derniers : le premier mari de la célèbre Marguerite d’Angoulême, la sœur du roi François Ier ;
  • le dernier à porter ce titre est Ferdinand d’Orléans, un descendant du roi Louis-Philippe. Vous le connaissez sûrement à cause de son épouse, Sophie de Wittelsbach, duchesse de Bavière, sœur cadette de la mythique Sissi. Elle trouve la mort à 50 ans, lors du terrible incendie du Bazar de la Charité, en 1897.

3 - Pierre II de Valois

C'est Pierre II de Valois, comte d’Alençon, qui fait édifier le palais ducal actuel en 1372, où il vécut durant douze ans. Il y meurt en 1404.

Vous connaissez peut-être ses parents, Charles II d’Alençon et Marie de la Cerda : ils ont leurs gisants dans la basilique Saint-Denis !

Pierre est le trisaïeul du roi saint Louis par sa mère.

4 - Marguerite de Lorraine-Vaudémont

Marguerite de Lorraine-Vaudémont hérite d'Argentan, après la mort de son mari René d’Alençon.

Elle ne quittera plus jamais la ville normande et y meurt en novembre 1521, après avoir fondé le couvent des Clarisses, rénové le château, et œuvré pour les plus pauvres.

Elle est la petite-fille du bon roi René d’Anjou et la sœur du duc René II de Lorraine, vainqueur de Charles le Téméraire à Nancy, en 1477.

Mais aussi l’arrière-grand-mère paternelle du roi Henri IV !

Marguerite de Lorraine

Marguerite de Lorraine | ©Rijksmuseum / CC0

5 - Un faussaire au château !

Dans la pénombre froide et humide des souterrains du château se sont tramées des choses pas bien nettes, je vous le dis !

On murmure des choses, sur le duc Jean II de Valois, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc (qui le surnomme le « gentil duc »)… on l’accuse d’avoir frappé de la fausse monnaie, dans son château d'Argentan !

Oh, mais, le duc avait besoin d’argent... Et comme à l’époque, point de crédit à la consommation, il ne trouve rien de mieux à faire.

Notre homme n’agit pas seul : son complice s’appelle Émery, un orfèvre de Bordeaux, rapporte Antiquités et chroniques percheronnes (Louis-Joseph Fret, 1838) :

« Possesseur de coins à l’effigie du roi, cet homme se vantait de pouvoir, avec mille écus en bon métal, en fabriquer trois mille faux, avec tant d’habileté et tant d’art, que, sans les faire essayer par des connaisseurs, il était impossible de ne pas s’y méprendre. »

Avec un autre orfèvre d’Argentan, Durand, le Bordelais s’enferme dans les souterrains du château : en quatre jours, ils fabriquent une trentaine d’écus « de la plus parfaite exécution ».

Sauf que le duc, avec la peur d’être pris la main dans le sac, préfère noyer Émery une nuit sans lune.

Arrêté en 1473, la sentence du Parlement de juillet 1474 le déclare coupable de crimes de lèse-majesté, homicide et fausse monnaie, rapporte Inscriptions funéraires et monumentales de la Flandre occidentale (Gailliard, 1863).

Condamné à avoir la tête tranchée… le roi lui fait grâce de la vie et le libère, à la fin de l’année 1475. Il meurt quelques mois plus tard.

6 - La légende de la demoiselle du château

Un doux prénom, Isabeau. Qui rappelle un temps ancien, celui où une jeune fille se retrouve enfermée par un triste sire, dans une des tours du château.

Un baron cruel qui avait tué l’amant d’Isabeau. Tout le monde le savait dans le pays, depuis les bocages couleur de mousse jusqu’à la mer grise comme la coquille des huîtres !

Un chevalier voisin d’Argentan voulut redresser les torts du baron, et venger Isabeau. Très chevaleresque, tout ça !

Un deuxième chevalier originaire d’Isigny demande aussi réparation. Décidément !

Le baron cruel les attend donc de pied ferme, pour un combat.

Résultat des courses : les deux chevaliers servants trouvent la mort, et la pauvre Isabeau reste la proie du baron.

Elle en meurt bientôt.

Depuis, certains disent avoir vu son fantôme, de temps à autre, errer dans la tour qui l’a vue mourir. On l’appelle la Demoiselle, quelquefois la Bête du château (De Paris a Cherbourg, Louis Enault, 1859).

7 - De Vinci et son lion automate

Conçu pour un banquet donné à Lyon pour la communauté florentine, cet automate aujourd’hui disparu a été réutilisé à Argentan pour une fête donnée en l’honneur de Marguerite de Navarre, la sœur de François Ier, en 1517.

Un ingénieux automate signé… Léonard de Vinci !

Le lion faisait quelques pas, une trappe sur le ventre s’ouvrait sur le côté pour laisser échapper des lys.

La réplique de cet étonnant objet existe au château du Clos-Lucé.

Le lion automate de De Vinci

Réplique du lion automate de De Vinci | ©Als33120 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Source principale

  • Léon de La Sicotière. Le département de l’Orne archéologique et pittoresque. 1845.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !