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Petite histoire de Saint-Sulpice de Paris en 12 anecdotes

Quand : 1727 - 1799

Saint-Sulpice | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA
Église paroissiale Église Saint-Sulpice de Paris

1 - Du beau monde dans la crypte

La crypte de l’église a longtemps servi de lieu d’inhumation : on estime à 5000 le nombre de personnes inhumées, entre 1743 et 1793.

Il faut dire aussi que le sol de cette crypte avait la propriété de particulièrement bien conserver ces corps, en les desséchant…

Toutes les tombes de personnalités inhumées depuis le 17e siècle ont disparu.

Pourtant… de grands noms reposaient ici !

  • Armande Béjart, comédienne épouse de Molière ;
  • Mme du Deffand, femme de lettres et salonnière ;
  • Bernard de La Monnoye, poète auteur de la chanson qui ridiculise à vie La Palice ;
  • la femme de lettres Mme de La Fayette (La princesse de Clèves) ;
  • les frères Le Nain, célèbres peintres ;
  • Louise-Élisabeth d’Orléans, une des filles du Régent Philippe d’Orléans, reine d’Espagne...

2 - Notre-Dame-de-la-Vieille-Vaisselle

Dans la chapelle de la Vierge, la jolie Vierge à l’Enfant du sculpteur Pigalle nous accueille...

Mais savez-vous que l’on trouvait autrefois, à la place, une chose plus étonnante ?

La statue en argent massif de « Notre-Dame-de-la-Vieille-Vaisselle » !

Une statue offerte par le curé de Saint-Sulpice Languet de Gergy. Qui voulait la plus belle des statues de Marie, digne de son église. En argent, bien sûr.

Pour ça, il piquait, parait-il, des couverts dans toutes les fêtes et banquets où on l’invitait.

Dans le but de faire fondre sa précieuse statue...

Vierge à l'Enfant de Pigalle

Vierge à l'Enfant de Pigalle | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

3 - Le tombeau du curé de Saint-Sulpice, Languet de Gergy

Le curé de Saint-Sulpice Languet de Gergy s’est fait enterrer dans son église, en 1750.

Son tombeau en marbre est impressionnant !

Réalisé par le grand sculpteur flamand Slodtz, on voit la Mort drapée de noir, faux en main, qui se fait arrêter par l’Immortalité en personne.

Les ailes déployées, elle tient dans sa main un cercle doré, une branche de laurier et les plans de Saint-Sulpice...

Aah, que c’est beau ! Et terrible à la fois, non ?

Tombe de Languet de Gergy

Tombe de Languet de Gergy | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

4 - Le mariage de Camille Desmoulins

Le 29 décembre 1790, parmi une foule qui compte notamment Robespierre, un couple mythique de la Révolution française se marie, si ce n’est le plus célèbre : Camille Desmoulins et Lucile Duplessis.

On vous en dit plus dans cette anecdote !

5 - Le mariage de Victor Hugo

Le 12 octobre 1822, Victor Hugo et Adèle Foucher se disent oui à Saint-Sulpice.

Un mariage un peu particulier, due à la présence du frère de Victor, Eugène, très affaibli mentalement…

On vous en dit plus dans cet article.

6 - Les bénitiers... de Marly ?

Ces très beaux bénitiers, dont nous vous parlons dans un article dédié, cachent une particularité… oui, derrière eux !

Ces murs rouges et blancs ont été réalisés avec le marbre de la cascade du célèbre domaine de Marly-le-Roi !

Ancienne demeure voulue par Louis XIV, progressivement abandonnée, le palais et ses dépendances ont été rasés...

Détail des marbres derrière un des bénitiers

Détail des marbres derrière un des bénitiers | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

7 - Le gnomon de Saint-Sulpice

Un gnomon ? Une ligne méridienne, outil de mesure en astronomie qui permet de définir la position du soleil, et plus précisément une date dans l’année.

C’est le curé de Saint-Sulpice qui le fait installer en 1727 par les savants de l’Observatoire de Paris.

Savez-vous pourquoi ? Pour déterminer avec précision l’équinoxe de printemps et le dimanche de Pâques.

Le rayon du soleil entre dans l’église par une toute petite ouverture percée dans l’encadrement de la fenêtre sud de la croisée ; la trace est marquée par une ligne de cuivre au sol, dans la pierre du sol de la nef ; son extrémité au nord se dresse à la verticale, sur un obélisque en marbre.

Le gnomon, détail

Le gnomon, détail | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Le gnomon, détail

Le gnomon, détail | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

8 - Des colonnes... antiques !

Le plus vieil élément de l’église Saint-Sulpice se trouve dans la chapelle de la Vierge.

Oui, ces quatre colonnes en marbre vert !

Elles viennent des ruines de la ville romaine de Leptis Magna, actuelle Libye !

Le marbre de ces 200 colonnes est acheminé en France par le consul de France Le Maire, en 1685, pour servir à la construction du château de Versailles (dallage ou revêtements muraux).

Puis, certaines vont servir pour plusieurs édifices au cours des 17e et 18e siècles, à Saint-Sulpice notamment, mais aussi à la cathédrale de Rouen, rapporte le livre Libye de Hervé Beaumont (2005).

Chapelle de la Vierge

Chapelle de la Vierge et ses colonnes romaines | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

9 - La chapelle et ses peintures signées Delacroix

On voit à Saint-Sulpice de superbes peintures murales signées Eugène Delacroix, dans une des chapelles latérales.

Pour en savoir plus, suivez le lien !

10 - La chaire du prêtre qui refuse de prêter serment

L’arrière-petit-neveu du cardinal de Richelieu, le duc d’Aiguillon du Plessis-Richelieu, ancien ministre de Louis XV, offre la belle chaire de chêne et marbre, en 1788.

C’est depuis cette chaire que le 9 janvier 1791, le curé de Saint-Sulpice, M. de Pancemont, refuse publiquement de prêter le serment de Constitution civile du clergé !

Ce jour-là, les autorités se rendent aux quatre coins de Paris, pour exiger des prêtres ce serment. Dont à Saint-Sulpice.

La foule, nombreuse, hurle pour intimider ceux qui refusent ! L’église, elle, est noire de monde.

Pancemont fend la foule, tranquillement, et monte dans la chaire. Le serment ! Qu’il le prête ! D’un geste de la main, il intime le silence…

Il dit : « Ma conscience me le défend. » Il refuse !

La foule parvient à se ruer sur lui. Il faudra que de fidèles paroissiens s’interposent pour éviter le lynchage !

Pancemont doit émigrer, pour revenir à Paris et continuer un culte clandestin, avant de nouveau s’exiler à travers l’Europe, entre 1795 et 1797.

Et aussi incroyable que cela puisse paraître, la chaire traversera la Révolution française sans encombres...

La chaire

La chaire | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

La chaire, détail

La chaire, détail | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

11 - Le banquet de Napoléon (qui mange des œufs !)

Saint-Sulpice est la plus grande église de Paris, après Notre-Dame, avec ses 110 mètres de long, 56 de large et 33 de haut !

Pour vous donner une idée de la grandeur, c’est à l’intérieur de cette église qu’a lieu un immense banquet en l’honneur de Bonaparte, le 6 novembre 1799, 15 brumaire. 3 jours avant le célèbre coup d’État du 18 brumaire.

L’église est alors désaffectée, fermée, transformée pour l’occasion en temple de la Victoire.

Une gigantesque statue de la Victoire a remplacé l’autel. Drapeaux et tapisseries pendent partout, la musique de l’orgue résonne dans l’air glacé.

On a installé une immense tablée de 700 à 800 couverts !

L’atmosphère est lu-gu-bre ! Bonaparte, inquiet, préoccupé, a 6 officiers qui se tiennent debout derrière lui, pendant le peu le peu de temps qu’il reste à table !

Au bout d’une demi-heure, le voilà qui file… Il n’avait avalé que des œufs durs, la demi-bouteille de vin et le petit pain apportés par son aide de camp Duroc, de peur d’être empoisonné !

Table dressée pour le repas en l'honneur de Bonaparte à St-Sulpice

Table dressée pour le repas en l'honneur de Bonaparte à St-Sulpice | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

12 - Les deux tours sont asymétriques

C’est l’histoire… d’une création compliquée !

Les travaux de la façade à l’antique, par Servandoni, commencent en 1733.

Le dessin des deux tours qu’il propose ne plaît pas au curé… Dès 1749, on charge Maclaurin de les retravailler. Son travail… ne plaît pas non plus !

On confie la suite à Chalgrin en 1777, chargé de refaire de nouvelles tours, sur un modèle différent.

Il construit la tour Nord actuelle, mais la Révolution l’empêchera de retravailler celle du Sud, qui reste en l’état et inachevée.

On a donc aujourd’hui deux tours de styles complément différents, avec une légèrement plus haute que l’autre : 73 mètres contre 68 !

Vue du portail de St-Sulpice (Anonyme, 1781)

Vue du portail de St-Sulpice (Anonyme, 1781) | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

Sources

  • Jacques Hillairet. Connaissance du vieux Paris. Éditions Princesse, 1963.
  • François Caradec. Guide du Paris mystérieux. Éditions Tchou, 1985.
  • Élie Méric. Histoire de M. Émery et de l'église de France. 1885.
  • Gaston Lemesle. L'église Saint-Sulpice. 1931.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !