Après les bénitiers de Victor Hugo à Saint-Paul-Saint-Louis, dans le Marais, voilà ceux de l’église Saint-Sulpice.
Deux très vieilles coquilles... ça vous dit de connaître leurs secrets ?
De Venise à Paris
C’est la République de Venise qui offre les deux coquillages à François Ier. Entrés dans le patrimoine des rois, ils n’en ressortent plus !
Si, attendez : en 1745, Louis XV fait cadeau des bénitiers à Languet de Gergy, le curé de Saint-Sulpice qui à l’époque, fait entièrement reconstruire l’église actuelle.
Enlevés en 1793 (merci la Révolution), on les rend en 1802.
Le tridacne, la perle des coquillages
Le tridacne (du grec tridaknos, « mordu en trois bouchées », dit le dictionnaire Littré) est une grande huître des océans Indien et Pacifique.
Celui qui nous intéresse ici, c'est le genre tridacne géant.
Le plus grand coquillage du monde : sa coquille peut atteindre les 250 kg ! C’est lui qui sert de bénitiers d’églises, un peu partout dans le monde.
Vous aurez compris : le coquillage en question est un monstre. Pas que pour les dimensions ! La bête produit en effet des perles d’un blanc immaculé, et fait tout pour les garder...
Des faits divers tragiques ont souvent évoqué des histoires de plongeurs morts noyés, la main coincée par la gueule du tridacne, soudain refermée sur elle...
Le plus gros, la « perle d’Allah », a été pêché en mai 1934, aux Philippines : 6,4 kg ! Son pauvre « découvreur » se noie, le bras piégé par la bête...
Coquillages et crustacés : merci Pigalle !
Avez-vous remarqué le support surprenant des bénitiers, avec sa pieuvre et son crabe ?
On les doit à... Jean-Baptiste Pigalle, grand sculpteur du 18e siècle.
Il a aussi réalisé à Saint-Sulpice la jolie Vierge de marbre blanc, dite Notre-Dame-de-la-Vieille-Vaisselle : vous la trouverez dans la chapelle de la Vierge, qui a vu le mariage de Victor Hugo et d’Adèle Foucher et celui de Camille et Lucile Desmoulins...
Delacroix s'inspire
Je ne sais pas si vous avez vu ce tableau, en entrant dans Saint-Sulpice : une peinture du peintre Delacroix représentant Jacob luttant avec l’Ange, dans la chapelle des Anges...
On lit dans Les secrets de Paris (Clémentine Portier-Kaltenbach, éd Vuibert, 2012) que Delacroix s’inspire du socle de Pigalle, pour réaliser le tronc noueux de l'arbre au second plan !