Partons à la rencontre du plus illustre propriétaire du château de La Palice, Jacques de Chabannes. Il est né et a été inhumé ici !
Il a de qui tenir !
Jacques de Chabannes, marquis de La Palice, voit le jour en 1470, au château de La Palice. C'est l'aîné d'une fratrie de 8 enfants. Sa mère, Charlotte de Prie, occupe la place de demoiselle d’honneur de la reine Marie d’Anjou.
Son grand-père paternel, Jacques Ier de Chabannes, a été le compagnon d’armes de Jeanne d’Arc. Brave des braves, il délivre entre autres le donjon de Vincennes des Anglais, pour le rendre au roi Charles VII... Un sacré exemple pour le petit Jacques, ce terrible grand-père !
Trois rois !
Un record ! Chabannes sert trois rois de France : Charles VIII, Louis XII et François Ier.
C’est l'un des plus grands capitaines de son temps, surnommé le « second Hector » par Jehan d’Authon, l’historiographe du roi Louis XII.
Des titres à gogo
En 1515, Chabannes obtient le titre de maréchal de France, en plus de ses titres de chevalier de l’Ordre du Roi, de gouverneur des pays de Bourbonnais, Auvergne, Lyonnais, Forez, Dombes, Beaujolais, Combrailles et La Marche, de lieutenant général pour le roi en Italie et en Guyenne…
L’ennemi espagnol le surnomme el grand capitan de muchas guerras y victorias, « le grand capitaine des guerres et des victoires » !
La mort de Chabannes
Chabannes trouve la mort lors de la bataille de Pavie, en Italie. Il a 55 ans. Le bilan n’est pas folichon : Charles Quint vient de faire prisonnier François Ier. La fine fleur des seigneurs a été décimée (10 000 pertes côté français), le nord de cette Italie tant convoitée par les rois de France semble perdu…
La Palice livre ce jour-là « d’aussi beaux combats que jamais… au plus beau de son âge », indique Brantôme. Mais tandis que ses troupes tombent comme des mouches, autour de lui, attaquées de front par les Italiens, La Palice continue de se battre. Sept de ses proches agonisent près de lui.
Soudain, son cheval, blessé, tombe lourdement. Le maréchal chute aussi, mais se dégage pour continuer le combat à pied. Le capitaine italien Castaldo se rue sur lui, épée à la main, bientôt rejoint par l'Espagnol Busarto. Ils le tiennent à la gorge. Aaaah, la belle proie ! Un Français, et pas n’importe lequel ! Un seigneur, un grand soldat, un maréchal !
Entre l’Italien et l’Espagnol, la rivalité explose. En cause ? La rançon. Castaldo refuse de la partager. Busarto, en colère, casse la tête de La Palice d’un coup d'arquebuse !
Le chroniqueur Brantôme ajoute : « Il ne pouvait mourir autrement, car qui a bon commencement a bonne fin. »
Les vérités de La Palice
La vérité de La Palice ? Une vérité si évidente qu’elle en devient ridicule ! Une expression qui fait référence à Jacques de Chabannes.
Sur son tombeau se trouvait l’épitaphe : « Hélas s'il n'était pas mort Il ferait encore envie. » Une lecture erronée a transformé la seconde ligne en « Il serait encore en vie »... ce qui fait de la phrase une évidence terriblement bête.
Plus tard, un certain Monnoye compose une chanson, au 18e siècle, bourrée de vérités évidentes. Qui clame notamment ces deux vers : « Un quart d'heure avant sa mort, il était encore en vie » !
Son tombeau
Chabannes reposait dans la chapelle du château de La Palice, dans un tombeau commandé par sa seconde épouse, Marie de Melun. De style Renaissance italienne, en marbre de Carrare, c’est une petite merveille !
Oui, mais... la Révolution passe par là, en 1793. Les morceaux qui ont pu être sauvés se trouvent aujourd’hui au musée Calvet d’Avignon. Les statues qui l'ornent représentent les vertus cardinales (Prudence, Force, Justice, Tempérance).
Sources
- Stéphane Bern. Les Pourquoi de l'Histoire (tome 3). Albin Michel, 2016.
- Brantôme. Les vies des hommes illustres et grands capitaines français.
- Biographie universelle ancienne et moderne (tome 32). 1822.
- Philippe Le Bas. Dictionnaire encyclopédique de la France (tome 4). 1841.
- Auguste Deloye. Notice des statues, bustes, bas-reliefs exposés dans les galeries du museum Calvet à Avignon. 1881.