Et si on partait en voyage, à la découverte des troubadours, sur leurs terres du sud et sud-ouest de la France ?
Allez, on vous emmène faire la connaissance de ces célèbres poètes français du Moyen-Age : leur histoire, leur vie, quelques-unes de leurs plus belles œuvres, des chansons à base d’amour courtois qui faisaient se pâmer les donzelles...
Des rock stars avant l’heure !
SOMMAIRE
1 - Qui sont les troubadours ?
2 - Rôle et spécialité des troubadours
3 - D'où viennent les troubadours ?
4 - Les différents types de chansons
5 - Le tour de France des troubadours
Qui sont les troubadours ?
Les troubadours ? Des poètes du Sud de la France au service des nobles pour qui ils composent. On les trouve dans toutes les franges de la société médiévale : hommes d’humble extraction souvent, clercs, nobles seigneurs parfois... on trouve même des femmes, des trobairitz.
Vous les imaginez allant de châteaux en châteaux, leur luth sous le bras ? Tout juste ! Certains en repartaient plus vite que d’autres, quand ils osaient séduire la femme du seigneur...
Hé oui, le troubadour est la rock star de ces donzelles, toutes énamourées et complètement fofolles quand elles entendent les premiers accords de leur idole.
Troubadour viendrait de l’occitan trobar (« trouver ») car le troubadour doit « trouver » les mots justes pour ses chansons, ou selon certains linguistes de l’arabo-andalou tarab, « musique, chanter ou plaisir ». Ainsi le troubadour viendrait de l’Espagne du Sud et aurait remonté vers la Catalogne... et le Languedoc.
Les troubadours apparaissent vers 1100 : le premier d’entre eux n’est autre que le papy d’Aliénor d’Aquitaine, Guillaume IX d'Aquitaine. Leur déclin s’amorce au milieu du 14e siècle.
Leur spécialité ?
Chanter l’amour courtois... celui fredonné au 11e siècle par des chevaliers fatigués d’être des rustres hirsutes et puants, prenant les bonnes femmes pour des moins que rien !
De fiers chevaliers tout propres sur eux, oui, qui chantent la fin’amor (« l’amour parfait ») inspirée par une noble dame idéalisée.
Le Grand dictionnaire universel du 19e siècle (tome 15) de Larousse dit justement :
« L’amour idéal et chevaleresque, ce sentiment qui, sous l’influence de la religion et surtout du culte de la Vierge, releva singulièrement la femme, trop abaissée par l’antiquité, et en fit la dame, la souveraine maitresse de la pensée et des actions humaines, n’eut pas de plus héroïques soutiens que les troubadours. »
Oh, que c’est beau !
Leur provenance ?
La zone d’action du troubadour se situe au nord du Massif central : il peut venir d’Aquitaine (Limousin, Gascogne, Saintonge, Périgord), d’Auvergne, Du Languedoc (villes de Narbonne, Toulouse, Béziers), de Provence.
Il peut aussi venir d’Italie (Lombardie) ou d’Espagne (Aragon).
Ainsi, il pouvait parler le limousin, l’auvergnat ou le provençal, et bien sûr le languedocien : la fameuse langue d’oc.
Oc veut dire « oui » ! Mais en 1539, avec l’édit de Villers-Cotterêts (merci François Ier), la langue d’oc disparait au profit... du français, la langue de l’Ile-de-France !
Les différents types de chansons
- la canso ou canson. Consacrée à l’amour, c’est une vraie chanson comme son nom l’indique, qui fait la part belle aux rimes.
- le sirventès qui vient du latin servire (« servir »), indique que cette poésie est composée pour le seigneur par le poète de sa cour. C’est un poème virulent, satirique, souvent teinté de politique : on n’a pas peur de s’en prendre aux rois, aux papes, aux mœurs de l’époque ! On a la peinture haute en couleur de la cupidité des religieux de l’époque, par exemple, ou des guéguerres que se livrent les seigneurs entre eux.L’exemple : Bertran de Born et sa hargne légendaire !
- le planh, la complainte... le blues du troubadour, quoi ! On pleure à chaude larme la mort de quelqu’un.
- le tenson ou partimen (« dispute »), qu’on trouve aussi sous le nom de jocx partitz, « jeux partagés », car deux concurrents se répondent. Une sorte de joute verbale chantée !
- la pastourelle, dialogue entre un troubadour et un(e) berger(ère).
- l’aube (alba) : quelle que soit l’histoire, les protagonistes maudissent toujours le jour qui se lève... L’exemple : le sublime Reis Glorios de Giraut de Bornelh (à écouter interprétée par le groupe allemand Estampie)
Le tour de France des troubadours
Qui ? : Bertran de Born (1140-1215) : le provocateur qui asticote
Où ? : Château d’Hautefort (24)
Qui ? : Foulques de Marseille (1160-1231) : moine et poète amoureux
Où ? : Abbaye du Thoronet (83)
Qui ? : Savary de Mauléon (1181-1233) : rude seigneur, brave guerrier... fin poète
Où ? : Château de Talmont-Saint-Hilaire (85)
Qui ? : Peire d’Alvernhe (1130-1190) : plus prétentieux que lui, tu meurs !
Où ? : Château de Puivert (11)
Qui ? : Astorg VII d'Aurillac (1225-1291) : le blues dans la peau
Où ? : Château de Conros (15)
Qui ? : Aimeric de Belenoi (1216-1242) : le tombeur de ces dames
Où ? : Château de Lesparre (33)
Qui ? : Jaufré Rudel (1113-1170) : l’amour idéal, loin de moi !
Où ? : Citadelle de Blaye (33)
Qui ? : Bernard Sicard (13e siècle) : l’indigné
Où ? : Cité médiévale de Marvejols (48)
Qui ? : Bernard de Ventadour (1145-1195) : la vraie fin amor, c’est lui
Où ? : Ruines de Ventadour (19)
Qui ? : Arnault de Mareuil (12e siècle) : chaste et timide
Où ? : Château de Mareuil (24)
Qui ? : Garsende de Sabran (1180-1242) : loin de ce monde fou...
Où ? : Abbaye de la Celle (83)
Qui ? : Peire Vidal ( ?-1205) : l’homme le plus fou du monde
Où ? : Châteaux de Lastours (11)
Qui ? : Giraut de Bornelh (1140-1199) : le Maître