This website requires JavaScript.

Garsende de Sabran, la trobairitz de La Celle

Quand : 1225 - 1242

Tombeau de Garsende | Michel wal / CC-BY-SA
Abbaye Bénédictin Garsende de Sabran Abbaye de la Celle

Garsende loin du monde

Construite par les moines de St-Victor de Marseille, on a, dès le XIe s, deux lieux distincts à l’abbaye : l’église Ste-Perpétue pour les moines et l’église Ste-Marie pour les jeunes filles nobles de Provence.

Tiens, mais puisqu’on parle de femmes...

Voilà la plus célèbre, qui a vécu à la Celle, entre 1225 et 1242 : la trobairitz Garsende de Sabran !

Une femme troubadour, eh oui...

Nous voilà au XIIIe s. La veuve d’Ildefonse II d’Aragon, reine de Provence et mère du comte Raymond-Bérenger, vient s’y retirer.

Si belle, tellement cultivée, mais dégoutée par la vie mondaine qu’elle avait menée dans sa cour à Aix-en-Provence...

Autrefois, on voyait son tombeau dans l’église, son gisant entouré de petits papes la veillant. On y lisait :

« Ici dort une reine. Elle est heureuse, elle qui avait méprisé le monde pour reposer dans l’éternité. »

Mais tu parles d’un repos éternel !

Son tombeau a servi d’abreuvoir à un fermier du coin, après quoi un particulier le rachète, pour que finalement le conseil Général du Var le récupère en 1999, direction l’abbaye...

La comtesse poétesse

Alors, cette Garsende de Sabran ?

Petite-fille du puissant comte de Forcalquier, fille du seigneur d’Ansouis, elle a 12 ans lorsqu’elle devient l’héritière du comté de Forcalquier et épouse le roi d’Aragon Alphonse, futur comte de Provence.

Un bien lourd fardeau pesant au-dessus de la petite caboche d’une aussi jeune fille !

Elle aura un fils, le célèbre Raymond-Bérenger (on se souvient de sa statue à l’église St-Jean-de-Malte d’Aix-en-Provence), et beaucoup d’histoires épuisantes de successions et de terres à régler. Une des raisons pour lesquelles elle va se retire à la Celle...

Deux troubadours la citent dans leurs poèmes : Gui de Cavaillon et Elias de Barjols.

Ils sont amoureux d’elle, tiens ! De Garsende la trobairitz, on connaît ses poèmes destinés à Gui :

« Vous qui me paraissez du nombre des sincères amants, Ah ! je voudrais que vous ne fussiez si timide. Je me réjouis que l'amour vous captive, Car moi-même je souffre pareillement à cause de vous. Vous recevez dommage de votre timidité, Quand vous n'osez vous enhardir jusqu'à la prière. Et vous faites grand mal, et à vous, et à moi, D'autant que jamais une femme n'ose découvrir Tout ce qu'elle désire, par crainte de faillir. »

Une femme qui s’inspire des œuvres des hommes troubadours : elle prend la parole, dit qu’elle souffre, oui, mais attend quand même que son amant la supplie et fasse le premier pas...

Sources

  • Camille Rivain. Histoire littéraire de la France (tome 17). 1832.
  • M. de Dainville. Sarcophage provençal du XIIIe siècle. Bulletin Monumental (année 1925).

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !