1 - Le très rare jubé
Oh, mais ! Saint-Étienne-du-Mont est la seule église de Paris à avoir conservé son jubé !
Celui-ci, de style Renaissance, date de 1541.
Jubé ? Une clôture de pierre ou de bois qui sépare la nef du chœur, dans une église, donc, les religieux des laïcs.
Son nom vient de la prière latine qui commence par Jube domine benedicere (« Veuillez, seigneur, me bénir »).
Ils ont presque tous disparu au 18e siècle, des églises parisiennes.
Non, non : pas à cause de la Révolution, mais par souci de clarté, pour que le déroulement de la messe soit visible par tous...
2 - Deux chefs-d’œuvre en bois : la chaire et le buffet d’orgue
La chaire en bois de chêne date de 1650, réalisée par Germain Pilon (un homonyme, rien à voir avec le grand sculpteur de la Renaissance).
Les sculptures sont signées Claude L’Estocart, élève du grand Sarazin.
On a 7 statues, de gauche à droite :
- la Prudence son miroir à la main ;
- la Justice avec son glaive ;
- la Foi avec sa croix ;
- l’Espérance sur son ancre ;
- la Tempérance, versant de l’eau dans l’amphore ;
- la Force avec une massue ;
- la Charité et deux enfants.
Les bas-reliefs ? Des scènes de la vie de saint Étienne. Sans oublier le Samson qui semble soutenir tout le poids de la chaire…
Quant au buffet d’orgue, il date de 1630, ce qui en fait le plus ancien de Paris !
3 - Un accident à Saint-Étienne-du-Mont !
C’est ce que dit une petite plaque dans l’église, près de l'entrée.
Le 15 février 1626, alors que se déroule la cérémonie d’inauguration de Saint-Étienne, deux jeunes filles font une chute spectaculaire…
L'accident se passe du haut de ces minces galeries à balustrades, dans le chœur.
Heureusement, plus de peur que de mal : elles en sortent indemnes.
Et malgré la foule nombreuse ce jour-là, personne ne se trouvait à l’endroit où tombent les jeunes filles !
4 - Le portail de la reine Margot
La construction de l'église actuelle débute en 1611. Mais le portail n’est toujours pas achevé, au début du 17e siècle. Le manque d’argent !
Marguerite de Valois (la reine Margot) s’engage à verser 3000 livres, pour compléter la somme demandée par l’architecte.
Elle pose elle-même la première pierre du portail de la nouvelle façade, le 3 août 1610, comme le rapporte le chroniqueur L’Etoile dans son Journal :
« Le mardi 3 août, la reine Marguerite fit le pain bénit magnifique, à St-Étienne-du-Mont, ayant voulu honorer de sa présence la célébrité de la fête de ladite église, qu était ce jour ; auquel même elle posa de sa main la première pierre au fondement d’un portail qu’on y bâtissait, et y donne 1000 écus. »
Ainsi, on peut voir les fleurs de lys de la France mêlées au blason de la Navarre, entre deux anges, sur le second niveau de la façade !
5 - La tombe de Pascal
Il meurt le 19 août 1662, à l’âge de 39 ans et 2 mois, après avoir murmuré un bouleversant « Que Dieu ne m'abandonne jamais ! »
On l’inhume à Saint-Étienne, sa paroisse.
Lui... c’est Blaise Pascal !
Mathématicien, physicien, philosophe et théologien, brillant esprit auteur des Pensées et inventeur de la première machine à calculer, la pascaline, à l'âge de 19 ans !
6 - Ci-gît... Racine !
C’est le 21 avril 1818, jour anniversaire de la mort du grand tragédien, qu’a lieu la translation de ses restes, à Saint-Étienne-du-Mont.
Racine, à la base, se trouve inhumé, selon ses vœux, en l’abbaye janséniste de Port-Royal-des-Champs, en vallée de Chevreuse (78).
Mais la destruction du monastère entraîne le retour de ses cendres ici, à Paris, dans la paroisse qui était celle de son épouse.
7 - L'assassinat de l’archevêque Sibour
Le 3 janvier 1857, l’archevêque de Paris monseigneur Sibour est brutalement assassiné, là, en pleine église, par un prêtre fanatique.
Une dalle conserve le souvenir de cet épisode, à l’endroit où le religieux est tombé...
8 - Le culte de sainte Geneviève
Saint-Étienne-du-Mont abrite le culte de sainte Geneviève.
La mythique patronne de la ville de Paris, qui en 451, met en déroute les Huns du pourtant redoutable Attila...
9 - L'ancien charnier et ses vitraux Renaissance
Il existait autrefois un petit cimetière attenant à l’église.
C’est là que les corps de Mirabeau et de Marat (assassiné par la Normande Charlotte Corday) ont été déposés après leur expulsion du Panthéon voisin, respectivement en septembre 1794 et février 1795.
Un cimetière entouré par un charnier, en 1605.
C’est dans les arcades de ce charnier, toujours visibles, qu’on installe 22 vitraux, entre 1612 et 1622.
Il en reste 12, qui constituent un ensemble du 16e siècle parmi les plus beaux, dans une église à Paris !
Sources
- Jacques Hillairet. Connaissance du vieux Paris. Éditions Princesse, 1963.
- Auguste Vidieu. Sainte Geneviève, patronne de Paris. 1884.
- Abbé Faudet. Notice historique sur la paroisse de Saint-Étienne-du-Mont. 1840.