3 janvier 1857, du sang sur les dalles de l’église Saint-Étienne-du-Mont

La dalle funéraire de Sibour, à l'endroit exact du drameLa dalle funéraire de Sibour, à l'endroit exact du drame | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Une tache de sang macule le sol de Saint-Étienne-du-Mont, à Paris… Vous voyez la dalle funéraire au sol, tout près de l’entrée de la nef ? C'est là que s'est passé le drame.


L'assassinat de l’archevêque de Paris Marie-Dominique Sibour, 65 ans, par le prêtre Jean-Louis Verger, le 3 janvier 1857. Un samedi à 17 h… en plein milieu de l'église !

Qui est la victime ?

Marie-Dominique Sibour, né dans la Drôme en août 1792, devient évêque de Digne puis archevêque de Paris, entre 1848 et 1857. En 1853, il célèbre même le mariage de l'empereur, Napoléon III !


C’est un homme bon, populaire parmi les Parisiens les plus simples : ce n'est pas pour rien qu'on le surnomme « le prêtre des ouvriers »...

Sibour par Th.Couture (1856)Sibour par Th.Couture (1856) | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

Que s’est-il passé, ce 3 janvier 1857 ?

Samedi 3 janvier 1857. 17 h. L'église est pleine à craquer : les Parisiens sont venus en masse, pour suivre les fêtes en l'honneur de sainte Geneviève, la patronne et protectrice de Paris, dont Saint-Étienne-du-Mont garde les reliques.


Alors que Dominique bénit les fidèles, un homme l'attrape, le fait se retourner et le frappe d’un violent coup de poignard. Tout... tout s'est passé... si vite ! Dominique recule. Bredouille : « Mon Dieu !... mon Dieu !... le malheureux... » Avant de s’écrouler au sol. Entendez-vous, les cris d’horreur qui résonnent sous les voûtes de l'église ?...


On le porte au presbytère voisin. On n’a rien vu de la gravité de la blessure, et on pense à une bête syncope. Mais en découvrant tout le sang caché par l'épaisseur des habits de culte, on se rend compte que les soins deviennent superflus. Le pauvre Sibour n'en a plus pour longtemps...

Mgr Sibour sur son lit de mortMgr Sibour sur son lit de mort | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

Qui est l’assassin ? Et pourquoi ce geste horrible ?

Alors que la nouvelle horrible que l’archevêque de Paris vient de se faire assassiner par un « collègue » assomme tout Paris, le tueur se fait arrêter. Soit quelques heures après le drame. On l’interroge. Il dit s'appeler Jean-Louis Verger et il se déclare « prêtre interdit du diocèse de Meaux. »


Un curé tout à fait banal, à la base... avant de devenir « interdit » : autrement dit, Verger s'est fait démettre de ses fonctions pour avoir attaqué le dogme de l’Immaculée Conception, dans un sermon !


Il n’avait rien contre Sibour. Mais il a voulu frapper un grand coup, en râlant contre ce dogme auquel il ne croit pas et qu’il considère comme impie. D’ailleurs, il avait hurlé « Pas de déesses, à bas les déesses ! », en frappant Dominique. En plus, plus de doute, il y a préméditation : Verger avait acheté un couteau quelques semaines avant le drame, chez un coutelier rue Dauphine.


La justice fait un travail rapide : 27 jours après l’assassinat et un procès qui fait du bruit à Paris, Verger montait sur l’échafaud...

N.B. : La tombe de Dominique Sibour se trouve au cœur de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il repose aux côtés de 2 autres archevêques parisiens eux aussi victimes de mort violente, entre 1840 et 1871 : Denys Affre et Georges Darboy.