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Rhumatisme et jansénisme : la mort de Racine et sa tombe à Saint-Étienne-du-Mont

Quand : 1699 - 1711

Racine | ©Rijksmuseum / CC0
Église paroissiale Lieu de sépulture Église Saint-Étienne-du-Mont

Racine en deux mots

Racine ? Oh ! Le plus grand auteur de tragédies du 17e siècle !

Si je vous dis Phèdre, Britannicus, Andromaque... voilà, c’est Jean Racine.

C’est beau, c’est dramatique, c’est grand, les amours sont impossibles et cela se termine mal.

On doit aussi à Racine la célèbre phrase « Qui veut voyager loin ménage sa monture » (Les Plaideurs)...

Sa mort

Racine meurt le 21 avril 1699 à 59 ans, à Paris, rue des Marais-Saint-Germain. Des suites d’un abcès au foie.

Il avait, rapporte Cabanès dans ses Indiscrétions de l’histoire, déjà eu quelques petites alertes, les mois précédant sa mort.

Dans une lettre à son fils, il se plaint de « petits maux dont il n’y avait pas un seul de dangereux », mais qui tout de même l’empêchent de fermer l’œil la nuit et de bien travailler le jour.

Quid de ces bobos ? Un « fort grand rhume dans le cerveau, un rhumatisme dans le dos et une petite érésipèle sur le ventre. »

Racine se remet sur pattes plusieurs mois de suite, mais retombe malade, avec cette fois, une issue fatale.

Déjà, en octobre 1698, il signale à son médecin une « douleur au côté droit » (signe d’une atteinte hépatique, dit le docteur Cabanès).

Il s’avère qu’il y a une tumeur de ce côté, « une dureté » comme on dit à l’époque. Il écrit bientôt avoir été « malade à mourir » et qu’il « revient des portes de la mort. »

En février 1699, Racine se fait opérer, une incision au côté droit, « un peu au-dessous de la mamelle. »

Il en sort « une demi-palette de pus bien cuit. On ne sait s’il n’y a point d’abcès au poumon ou au foie... »

Abcès ! Le mot qui fâche est enfin lâché.

Cela lui file une fièvre de cheval, qui dure, dure. Aaah, mais si : tenez, en avril, elle est toujours là !

On se résout à une nouvelle opération, cette fois, pour enlever l’abcès.

Mais c’était trop tard : Racine devait mourir le 21 avril 1699.

La plaque commémorative à Saint-Etienne-du-Mont

La plaque commémorative à Saint-Étienne-du-Mont | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Où l’inhumer ?

La plaque funéraire de Racine, enterré à Saint-Étienne-du-Mont, indique que ses restes ont été déménagés de l’abbaye de Port-Royal-des-Champs, pour atterrir ici...

Port-Royal ? Oui, Port-Royal, c’est la grande abbaye foyer du jansénisme, ce courant du catholicisme qui devient la bête immonde à abattre, au 17e siècle.

Pourquoi ? En gros, parce que l’absolutisme total du roi Soleil tout-puissant et l’autorité de l’Église sont remis en question !

Port-Royal, rebelle, indépendante, libre face à toute autorité, forcément, cela fait tache…

Il y a eu Port-Royal-des-Champs, en vallée de Chevreuse (78), fondée au 12e siècle.

Puis les sœurs étant de plus en plus nombreuses, on fonde un second Port-Royal à Paris, actuel hôpital Cochin.

L’église Saint-Étienne-du-Mont, elle, entretient des liens étroits avec l’abbaye. Voilà pourquoi deux célèbres jansénistes ont été inhumés ici : Blaise Pascal et Jean Racine.

Racine et Port-Royal, c’est une longue histoire : le petit Jean, orphelin à 3 ans, entre aux Petites Écoles de Port-Royal, qui lui donnent une éducation, entre 16 et 19 ans.

Les matières ? Grec, latin, versification en français, rhétorique et diction.

Seulement, la rupture avec Port-Royal est inévitable, puisque Racine veut écrire pour le théâtre.

Or, le théâtre, c’est mal selon le jansénisme, comme moult autres divertissements, qui détournent l’homme de Dieu...

Racine se brouille, mais ne renonce jamais : devenu proche de la cour et du roi, il tente de faire cesser les persécutions contre les jansénistes, jusqu’à sa mort.

C’est d’ailleurs quand il sent la mort venir, qu’il retourne dans le giron de Port-Royal-des-Champs, y séjourner. Pour se faire pardonner ?

D’ailleurs, Phèdre, c’est la pièce janséniste qui le réconcilie avec Port-Royal : les deux héros sont condamnés d’avance, parce que la grâce divine ne leur a pas été accordée...

Ils sont prédestinés et ne pourront rien changer à cela. La prédestination, un thème cher au jansénisme...

Conclusion

Et voilà. Malgré la haine qu’il a voué aux jansénistes, Louis XIV accepte le souhait de Jean Racine de reposer à l’abbaye Port-Royal-des-Champs.

Sauf que l’abbaye disparaît en 1710, presque totalement rasée !

C’est à ce moment que les cendres du tragédien déménagent à Saint-Étienne-du-Mont.

Source

  • Augustin Cabanès. Les indiscrétions de l’histoire (série 4).

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !