Petite histoire du château de Montmirail en 5 anecdotes
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Quand : 1613 - 1940
Visiter Montmirail, dans la Marne, c'est aller à la rencontre de grands personnages : le cardinal de Retz, Napoléon Ier, et indirectement, Louis XVI et sa famille...
1 - Le château natal du cardinal de Retz
Le château de Montmiral a notamment appartenu à la famille de Gondi.
Celui qui nous intéresse, c'est le cardinal Jean-François-Paul de Gondi, qui naît au château en 1613. Le futur cardinal de Retz !
La famille de ce petit homme myope le destine très jeune à une carrière ecclésiastique.
Lui ? Pas vraiment… il préfère les intrigues et les duels !
Montmirail, dans tout ça ? Le frère du cardinal vend le château familial en 1655.
Gondi (R. Nanteuil, 1650) | ©Metropolitan Museum of Art / CC0
2 - Louis XIV et les jardins de Louvois (sortis de nulle part)
1672 voit débarquer un autre « grand », à Montmirail : le secrétaire d’État de la Guerre de Louis XIV, Michel Le Tellier marquis de Louvois. Le monsieur rachète le domaine et fait ajouter des terrasses, signées Le Nôtre...
Son fils recevra d'ailleurs le roi Soleil, en 1687 !
Voilà comment se passe son séjour...
Il manque... l'eau !
Le 13 mai 1687, après le dîner, le roi va « voler » avec les dames qui l’accompagnent : c’est-à-dire chasser, un faucon sur le poing.
Louvois profite du séjour de Louis XIV pour lui demander la permission d’établir une verrerie, dans les environs de Montmirail. Le roi accepte, et lui donne les lettres-patentes adéquates.
En attendant, Louvois lui montre son château.
Ils se promènent dans le parc ; le roi finit par s’asseoir sur une borne de pierre. Il soupire : « Tout est beau, dans votre château, cependant il manque une chose, une chose essentielle… de l’eau ! »
Louvois ne dit rien, mais prépare quelque chose…
Les grandes eaux de Montmirail !
Le 14 mai, le roi part de Montmirail, mais promet de repasser, début juin.
Louvois a tout préparé. Il a fait décorer tout le village, avec des banderoles ornées de la célèbre phrase Veni, vidi, vici.
Dans la cour du château, on trouve les mots Venit, vidit, ego vici : « il vint, il vit, mais moi je vainquis » !
Ce qui veut dire ? Qu'enfin, Louvois, avait dompté la nature !
Car il avait fait aménager des bassins dans ses jardins, avec les eaux de la source des Fontaine Essarts, à deux kilomètres de là, à grand renfort de travaux colossaux !
Louvois | ©Rijksmuseum / CC0
3 - Napoléon Ier vient au château préparer la bataille de Montmirail (et veut faire tomber les murs !)
Préparatifs de bataille
La bataille de Montmirail, qui oppose les troupes de Napoléon Ier aux Prussiens, s’est déroulée le 11 février 1814, non loin du château.
L’empereur a séjourné au château, oui… mais ne reste que 10 minutes, le temps d’étaler ses plans, les étudier avant de filer sur le champ de bataille !
Il revient le 13, séjourne au château toute la journée, pour rallier ses troupes et organiser le plan d’attaque du lendemain, à Vauchamps.
Pendant que sa garde bivouaque dans le parc, lui dîne et dort au château.
Qu'on abatte ce mur !
Dans la soirée, Napoléon décide d'étaler ses cartes, afin de les étudier. Mais la chambre qu’on lui a donnée est trop étroite, pour cela, alors... il se plaint.
Hop, il ordonne qu’on abatte un mur !
« Tout le monde est consterné. » Oui : le mur est très épais, il est porteur en plus... On prévient donc la propriétaire du château, Mlle Langlois, du souhait de l’empereur.
Elle lui suggère gentiment d’aller dans une autre chambre. Incroyable : le Corse irascible la suit docilement !
La nouvelle pièce, plus grande, lui permet en plus de s’étaler tout son saoul !
Toucher la redingote !
Au petit matin, on voit l’empereur, après une nuit quasi blanche, sortir du château et marcher à pas rapides, devant le grand escalier.
Deux gamins du village s’étaient planqués près des marches : ils parient à qui toucherait le premier la redingote de l’empereur…
L’un d’eux y arrive, l’empereur le sent, se retourne... et sourit au gosse, qui n’en revient pas !
Bataille de Montmirail | ©The British Library / Flickr / Public domain
4 - Le château a été occupé deux fois
Si aujourd'hui, le château de Montmirail offre un visage bien paisible, cela n'a pas toujours été le cas, surtout lors des deux Guerres Mondiales :
- Montmirail a subi l'occupation du général Von Bulow, pendant la bataille de la Marne de 1914 ;
- celle des troupes allemandes, en 1940.
5 - Louis XVI s'est arrêté à Montmirail (et cela a eu des conséquences funestes)
Le temps d’une heure ou deux, le 21 juin 1791, Montmirail a accueilli Louis XVI et sa famille, en fuite depuis Paris. En route pour l’Autriche !
Cela se passe juste avant l’épisode de son arrestation à Varennes.
« Le 21 juin 1791, une berline s’arrêta devant la porte de l’hôtel du Cheval blanc, tenu par Pierre Salmon, maître de poste à Montmirail ; les harnais des chevaux s’étaient brisés. Pendant qu’on les réparait, on vit la reine de France, Marie-Antoinette, descendre de voiture, aller acheter du pain et du lait, et les porter à ses enfants. Le Dauphin, âgé de 6 ans, avait échappé à la surveillance de sa mère. Après une demi-heure de recherches, on le retrouva s’amusant à regarder, avec l’insouciance de son âge, un petit poulain empaillé dans la cour de M. Pérasdel. Deux heures furent ainsi perdues. Fatal retard ! »
Oui, car sans cet incident, qui sait… le roi n’aurait peut-être jamais été reconnu et arrêté à Varennes ?
En tous cas, le maître de poste, le patron de l’hôtel, l’employé du château de Montmitail : tous ont reconnu le roi. Mais personne ne dira rien...
Sources
- Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas, 2001.
- Alexandre-Clément Boitel. Histoire de Montmirail-en-Brie. 1862.