Talleyrand intime à Valençay (partie 3) : santé et hygiène de vie du prince

De 1803 à 1838

Talleyrand (Gérard, 1808)Talleyrand (Gérard, 1808) | ©The Metropolitan Museum of Art / CC0

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Le lit du mort !

Le château de Valençay abrite la chambre de Talleyrand.

Son mobilier Empire vient de l’hôtel parisien de Saint-Florentin, où meurt le célèbre diplomate et ministre de Napoléon Ier, en 1838.

Vous ne pouvez pas manquer le lit en acajou : c’est celui dans lequel Talleyrand pousse son dernier soupir !

Chambre de TalleyrandChambre de Talleyrand | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Le fauteuil roulant du Diable boiteux

Avez-vous remarqué ce fauteuil roulant ?

Il s’agit de celui de Talleyrand. Ou plutôt, celui ayant appartenu au roi de France Louis XVIII, murmure la tradition !

Talleyrand est né avec un pied-bot, une malformation de naissance qui lui a valu le surnom de « Diable boiteux. » La vieillesse venant, il a de plus en plus de mal à se déplacer.

Un jour, au cours d’une de ses promenades quotidiennes dans le parc du château de Valençay, aux côtés de son vieux chien Carlos, Talleyrand a un accident.

Le fauteuil, « qu’il faisait conduire en zigzag », se renverse ! Talleyrand avec, le nez dans le gravier.

La duchesse de Dino, sa nièce par alliance et compagne, écrit peu après :

« Il aurait dû être tué ; de fait, il n’a qu’une agriffade au visage. »

Fauteuil de TalleyrandFauteuil de Talleyrand | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Le handicap du prince

Parmi les collections du château de Valençay figurent deux paires de chaussures orthopédiques.

Il faut dire que le pauvre Talleyrand souffre d’un pied-bot, depuis sa naissance.

La légende veut que sa nourrice le laisse tomber, bébé. Elle ne dit rien, et quand on s'en rend compte, c’est trop tard : cette chute le rend infirme, ayant brisé ses jambes, les laissant atrophiées.

Une autre légende affirme que cette même nourrice aurait posé le petit à terre dans un champ, où un cochon aurait commencé à manger son pied !

Toutefois, un rapport du docteur Cruveilhier, chargé de soigner Talleyrand, dira n’avoir pas

« reconnu la moindre trace d’une blessure, la moindre cicatrice d’une lésion ancienne. Un des pieds était petit, froid, atrophié. Mais l’autre n’était pas régulièrement conformé. Il n'y avait plus de doute : Talleyrand était né infirme. »

Chaussures de TalleyrandChaussures de Talleyrand | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Sa nièce et compagne, la duchesse de Dino, décrit le lever de Talleyrand.

Elle évoque « son hideux pied bot, pareil à un sabot de cheval, tout en chair, terminé par un ongle en forme de griffe. »

Ainsi, la chaussure du pied gauche est normale.

Mais pour le pied droit, il est

« très réduit en longueur, il a la forme d’une sorte de boîte arrondie : une armature de fer y est fixée, dont la tige monte sur la face interner du mollet, pour s’attacher par un anneau de cuir au-dessous du genou. D’après la forme de ce soulier, le pied droit devait être une sorte de moignon. »

Bureau de TalleyrandBureau de Talleyrand | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Les ablutions de Talleyrand

Talleyrand a l’habitude de se coucher tard. C’est que, parfois, il souffre d’insomnie : alors il joue au whist, à Paris. Mais à Valençay, faute de partenaires, il se lève et écrit !

Il dort presque assis dans son lit, les pieds relevés, dans un creux de son matelas, de peur de tomber.

Vers 10 heures du matin, 11 heures même, il prend son petit-déjeuner, au lit, puis commence sa toilette, qui dure... 4 heures, selon George Sand !

On lui enlève ses 14 bonnets en coton, ses caleçons, ses gilets. Le coiffeur s’occupe de ses cheveux, le barbier arrive. Vient le moment du bain, où il a l’habitude d’aspirer par le nez beaucoup d’eau, qu’il recrache par la bouche.

Habit d'académicien de TalleyrandHabit d'académicien de Talleyrand | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

On l’habille : deux caleçons, deux gilets de flanelle, deux paires de bas, culotte, sans oublier, attachée à sa jambe, la barre de métal reliée à sa chaussure orthopédique.

Il avale quelques tasses de camomille, puis s’en va vaquer à ses occupations.

Habit d'académicien de TalleyrandHabit d'académicien de Talleyrand | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Les costumes présentés au château de Valençay, notamment dans sa chambre, sont les habits d’académicien de Talleyrand, en drap de laine noire orné de broderies en soie verte.

Sources

  • Jacques Jourquin. Talleyrand intime [PDF]. In Talleyrand un diable d’homme, Magazine Napoléon Ier (mai-juin 2000). Les Amis de Talleyrand, amis-talleyrand.org.
  • Des collections remarquables. Château de Valençay, chateau-valencay.fr.
  • Bernard de Lacombe. La vie privée de Talleyrand. 1910.
  • André Hallays. En flânant... Touraine, Anjou et Maine. 1925.
  • Georges Lacour-Gayet. Talleyrand. 1930.
  • Jacques Vivent. La vie privée de Talleyrand. 1940.
  • Augustin Cabanès. Légendes et curiosités de l'histoire. 1922.