1 - C'est une fondation quasi royale
Saint Philibert fonde l’abbaye bénédictine de Jumièges en 654, grâce au roi des Francs Clovis II et son épouse Bathilde, qui cèdent de grandes terres issues du domaine royal.
L'abbaye connaît vite un beau succès : en 684-687, 900 moines et 1200 serviteurs y vivent !
2 - Guillaume le Conquérant consacre l'église
La belle église abbatiale Notre-Dame, mélange de styles roman normand et de gothique, est consacrée le 1er juillet 1067, en présence de Guillaume le Conquérant.
Le duc de Normandie revenait dans sa terre natale, après s’être fait sacrer roi d’Angleterre, à Westminster, l’année précédente !
3 - La plus haute nef romane de Normandie se trouve ici
L'abbatiale Notre-Dame possède une nef de 25 mètres de hauteur.
Il s'agit de la plus haute nef romane de Normandie !
4 - Le neveu du roi des Francs exilé à Jumièges
Le neveu du roi des Francs Pépin le Bref à Jumièges ? En personne ! Il s’agit du duc de Bavière Tassillon.
Il est aussi… le cousin du grand Charlemagne. Contre qui il complote, intrigue, fomente… ce qui lui vaut une condamnation à mort, en 788.
Son illustre cousin le gracie, mais lui impose de devenir moine. Ce sera à Jumièges, où il se retire avec son fils Théodon.
5 - Un moine célèbre a vécu à Jumièges
Le moine le plus célèbre de Jumièges reste Guillaume de Jumièges (surnommé Calculus), au 11e siècle.
Ce chroniqueur normand est un contemporain de Guillaume le Conquérant, pour qui il dédie sa Gesta Normannorum ducum en 1070 (Histoire des ducs de Normandie).
6 - Un abbé de Jumièges juge Jeanne d'Arc
Nicolas Le Roux, abbé de Jumièges entre 1419 et 1431, est resté célèbre pour avoir participé à 9 séances du procès de condamnation de Jeanne d'Arc, qui se tient à Rouen en 1430.
Lui trouve l’affaire de la pucelle délicate (tam arduo negotio) et aurait souhaité la voir traitée par l’Université de Paris.
La légende noire (mais fausse, évidement) rapporte qu’il meurt 18 jours après le supplice de Jeanne d'Arc, punition divine oblige...
7 - Le cœur d'Agnès Sorel reposait à Jumièges
Saviez-vous qu’Agnès Sorel, favorite du roi de France Charles VII, tombe malade et meurt non loin de l'abbaye, au manoir du Mesnil-sous-Jumièges, le 9 février 1450 ?
Si le corps de la jeune femme de 28 ans repose à Loches, son cœur et ses entrailles ont été inhumés dans l’abbatiale de Jumièges.
C’est pendant les guerres de Religion que son tombeau de marbre noir surmonté de son effigie de marbre blanc, tenant un cœur entre ses mains, est profané.
Il reste un seul vestige de ce tombeau, exposé au logis abbatial de Jumièges : la dalle de marbre noir.
8 - L'abbaye devient carrière de pierres, provoquant sa ruine
Entre 1795 et 1824, l'abbaye, vendue comme bien national durant la Révolution, comme nombres de bâtiments religieux, sert de carrière de pierres.
C’est à cette époque que date la ruine de tous ses bâtiments.
En 1819, un certain Jean-Baptiste Lefort, marchand de bois normand, fait carrément sauter à la mine le chœur de Notre-Dame !
9 - L'abbaye a été sauvée in extremis
La famille Lepel-Cointet rachète les ruines en 1852 : c'est à elle que l'on doit leur préservation.
La famille les garde jusqu'en 1946, date à laquelle l’État en devient propriétaire.
La porterie gothique et son portail pour charrettes et voitures à cheval datent du 14e siècle.
La maison néo-gothique (style troubadour) qui la jouxte date de la fin du 19e siècle, servant d'habitation aux Lepel-Cointet.
10 - L'abbaye produisait un vin (dont les moines ne raffolaient pas !)
Les moines de Jumièges entreposaient leur production de vin dans l'ancien cellier, proche du cloître.
Un vin issu de leurs vignes du Conihout, localité voisine de Jumièges. Une vraie piquette !
Un dicton disait : « De Conihout ne buvez pas, car vous passerez de vie à trépas ! »
Si les moines n'en sont pas friands, ce vin s'exportait très bien depuis le port de Jumièges, sur la Seine, vers l'Angleterre et la Flandre.
11 - L'abbaye possède un superbe musée lapidaire
La logis abbatial, de la fin du 17e siècle, résidence des abbés commendataires, abrite une très belle collection lapidaire : statues, chapiteaux…
De belles pièces provenant du décor sculpté de l'abbaye, à l’image de cette tête couronnée dite de Guillaume le Conquérant !
12 - Le parc de l'abbaye date du 19e siècle
Le parc à l'anglaise de l’abbaye date de la toute fin du 19e siècle, dessiné par deux paysagistes biens connus de cette époque : Henri et Achille Duchêne.
On y voit la boulangerie du 18e siècle, dernier bâtiment construit par les moines.
13 - Les jardins en terrasse
Au 17e siècle, les bénédictins laissent la place aux mauristes, ou moines de la congrégation de Saint-Maur.
Ils construisent entre autres le logis abbatial et font aménager les jardins en terrasse.
S'y trouvent à l'époque jardins potager et médicinal.
14 - Un if marque l'emplacement du cloître disparu
Le cloître construit au 14e siècle, agrandi au 16e siècle, a entièrement disparu.
C'est un grand if qui en marque aujourd'hui l'emplacement.
Sources
- Guide de visite distribué lors de la visite de l’abbaye.
- Albert Tougard. Jumièges : le village, l'abbaye, les ruines. 1879.
- Pierre Chirol, Edward Montier. L’abbaye de Jumièges. 1923.
- Collectif. Dictionnaire encyclopédique de Jeanne d'Arc. Desclée De Brouwer, 2017.
- Le tombeau d'Agnès Sorel à Loches : histoire et restauration d'une œuvre manifeste. DRAC Centre-Val-de-Loire, collection « Patrimoines en région Centre-Val de Loire » (n°28). 2020.