Aujourd'hui exposés au musée du Louvre, les gisants d'entrailles du roi et de la reine de France se trouvaient à l'abbaye de Maubuisson !
De Maubuisson... au Louvre
La statue du gisant des entrailles du roi Charles IV le Bel, par Jean de Liège (1372), se trouve aujourd’hui au musée du Louvre.
On y voit aussi celle de son épouse, Jeanne d’Évreux.
Toutes deux viennent à la base de l’abbaye de Maubuisson, près de Pontoise !
La mort du roi
Malade, Charles IV est alité dès le 25 décembre 1327, et meurt le 1er février 1328.
Par testament d’octobre 1324, Charles avait attribué :
- son corps à l’abbaye de Saint-Denis ;
- son cœur à l’église dominicaine des Frères Prêcheurs de Paris ;
- ses entrailles à l’abbaye cistercienne de Maubuisson.
Il écrit :
« Quant à mes entrailles, j'élis ma sépulture au couvent des nonnains de Maubuisson jouxte Pontoise, si je trépassais si prés que l'on les y peut apporter convenablement et si je trépassais si loin que l'on ne les peut apporter convenablement je veux et ordonne que en ce cas mes entrailles soient mises en terre au plus prochain couvent de l'ordre des frères prêcheurs... »
Oui ! Il est d’usage, chez les grands personnages, de multiplier les sépultures : une pour le cœur, une pour les entrailles et une pour le corps.
C’est ce que l’on appelle la tripartition ! On l'a déjà vue avec Bertrand du Guesclin, Philippe le Hardi ou encore Richard Cœur de Lion.
La mort de la reine Jeanne
Jeanne d’Évreux, qu’il avait épousée en 1325, lui survit « jusqu’au quart jour de mars 1370. »
Elle meurt donc 43 ans après Charles !
Son corps est divisé comme celui du roi, en trois :
- son corps inhumé à Saint-Denis ;
- son cœur à l’église des Cordeliers de Paris ;
- ses entrailles à l'abbaye de Maubuisson, où elle s’était retirée.
Les gisants d'entrailles
Les gisants du couple royal à l'abbaye de Maubuisson prennent la forme d’une « tombe de marbre noir de Dinant d’environ cinq pieds de long, et dessus deux images d’albâtre blanc, l’un pour le roi, l’autre pour la reine. »
A l’époque, les gisants sont rehaussés d’or.
Sur leur poitrine, regardez : le sac en peau de daim destiné à contenir leurs entrailles !
On note les chiens aux pieds de la reine, symboles de fidélité, et des lions aux pieds du roi, symboles de force et de courage...
L'épitaphe
Sur leur tombeau de marbre noir, on lisait cette épitaphe :
« Ici sont enterrées les entrailles du roi Charles, fils du Roi Philippe le Bel, qui trépassa l'an de grâce 1327, le premier jour de février, et les entrailles de madame Jeanne d’Évreux, sa compagne, qui trépassa le quart jour de mars en l’an 1370. Priez pour eux. »
Un souvenir de la reine venu de Maubuisson
Il existe au musée du Louvre un groupe sculpté dit retable de Maubuisson.
Cette merveille en marbre (plusieurs fragments, en fait) représente différentes scènes : le roi David, Moïse et un prophète ; on a aussi un ange et la communion de saint Denis...
On le doit à Evrard d’Orléans, vers 1340, commandé par Jeanne d’Évreux en 1340, pour l’église abbatiale de Maubuisson.
L’église détruite en 1798, l’abbaye ayant été transformée en hôpital militaire quelques années plus tôt, le retable se fait démanteler et vendre en même temps que les bâtiments, comme biens nationaux.
Source
- Adolphe Dutilleux. L’abbaye de Maubuisson, l’église et les tombeaux. 1883.