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Le gisant de Guesclin à Saint-Denis

Quand : 13 juillet 1380

Du Guesclin | ©Austrian National Library (ÖNB) / Public domain
Lieu de sépulture Bertrand du Guesclin Basilique Saint-Denis

Comment est mort du Guesclin ?

Été 1380. Du Guesclin bataille à la tête de son armée contre l’ennemi anglais, devant les murs de Châteauneuf-de-Randon, en Gévaudan.

Échauffé par l’action, il boit de l’eau glacée à une petite source, au lieu-dit de l’Habiterelle.

Il tombe malade et meurt le 13 juillet 1380, à l'âge de 60 ans.

Un corps dispatché !

Connaissez-vous le dilaceratio corporis ?

Il s'agit d'une technique funéraire utilisée dans l'Europe médiévale !

Elle consiste à séparer le corps d'un défunt de haut rang en trois parties (voire plus, comme ici) : cœur, ossements, entrailles.

Notre connétable n'y échappe pas !

Les entrailles

Après la mort de du Guesclin au Randon, le cortège s’arrête au Puy-en-Velay, pour un premier embaumement.

On dépose les entrailles (la « ventrade ») dans l’église des Cordeliers, aujourd’hui église Saint-Laurent :

« On tenta de l’embaumer suivant les règles de l’art. Le cœur, les viscères, les intestins furent retirés et l’on mit à leur place divers aromates. »

Les chairs

Lors de l’étape de Montferrand (Clermont-Ferrand), on se rend compte que le corps a été mal embaumé.

Bigre ! Il commence à sentir rudement fort ! La chaleur torride de l’été n’arrange rien.

On décide de faire bouillir le corps pour détacher les chairs, que l’on inhume dans la cité, au couvent des Cordeliers.

Le cœur

Son cœur se retrouve dans l’église des Jacobins de Dinan, puis déménage plus tard en la basilique Saint-Sauveur.

Le corps

Le corps, destiné à rejoindre sa famille en Bretagne, prend au Mans le chemin de la basilique Saint-Denis...

Ordre express de Charles V, qui désire l’inhumer auprès des rois !

Gisant de du Guesclin

Gisant de du Guesclin | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Le gisant

Les « imagiers et tumbiers » de Paris, Thomas Privé et Robert Loisel, réalisent le tombeau de du Guesclin à Saint-Denis, en 1397.

Avec un gisant tout à fait ressemblant, semble-t-il !

Car du Guesclin est décrit d’après les historiens comme ayant « la taille médiocre et ramassée », les épaules « larges et un peu hautes, le col court, les joues bouffies, le front grand, les sourcils épais », les « yeux sortants, les jambes grosses et mal tournées, enfin toute la forme extérieure peu avantageuse. »

Plus, dans l’œil gauche, la cicatrice d’un coup de lance reçu en combattant contre les Anglais !

Un détail reproduit dans la pierre du gisant, bien sûr...

Gisant de du Guesclin

Gisant de du Guesclin | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Les funérailles

Les funérailles du connétable sont les plus belles jamais organisées par un roi pour un chevalier !

Elles se déroulent en 1389, soit 9 ans après la mort du Breton.

Non pas organisées par Charles V, qu’il avait servi, mais par son fils Charles VI.

« On avait mis la représentation de cet illustre défunt sous une grande chapelle ardente toute couverte de torches et de cierges au milieu du chœur, qui en fut aussi tout environné et qui brûlèrent tant que le service dura. »

Ensuite, les proches parents apportent leur écu : le connétable Olivier de Clisson, les maréchaux Louis de Sancerre et Mouton de Blainville, Olivier du Guesclin (son frère) et 8 autres grands seigneurs, tous vêtus de noir.

Puis, 4 chevaliers portant les mêmes armes que le connétable,

« suivis de quatre écuyers montés sur les plus beaux chevaux de l'écurie du roi, caparaçonnés des armoiries du même connétable et portant ses bannières jadis si redoutables aux ennemis de l'état, chacun un écu aux armes du défunt, la pointe en haut en signe de perte de sa noblesse terrestre, et tous entourés de cierges allumés. »

Et vous savez quoi ? Il s’agit de la toute première oraison funèbre officielle, en l’honneur d’un homme autre que prince ou roi !

Sources

  • J. M. Gassier. Histoire de la chevalerie française. 1814.
  • Jacques Baudoin. La sculpture flamboyante en Normandie et Île-de-France. 1992.
  • Eugène Piot. Monuments et mémoires publiés par l'Académie des inscriptions et belles-lettres (tome 1). 1894.
  • Article de l'encyclopédie en ligne Wikipédia Bertrand du Guesclin.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !