Albert Schweitzer : 9 choses à savoir sur le célèbre docteur alsacien Nobel de la Paix

De 1875 à 1965

Statue d'A. Schweitzer, KaysersbergStatue d'A. Schweitzer, Kaysersberg | ©Patrick - Morio60 / Flickr / CC-BY-SA

Il mérite bien sa statue dans sa cité natale alsacienne de Kaysersberg... Albert Schweitzer !


Pasteur, théologien, médecin précurseur de l'humanitaire, philosophe, musicien, militant contre les armes nucléaires et ardent défenseur de la cause animale, c'est une figure importante et incontournable du 20e siècle, dont les combats sont encore d'actualité. Pour son oeuvre humanitaire au Gabon, il reçoit le Nobel de la Paix 1952.

1 - Né alsacien, il a été prisonnier allemand en France


Albert Schweitzer naît à Kaysersberg en Alsace en 1875, de parents français qui ont fait le choix de devenir allemands, après l'annexion de l'Alsace par la Prusse en 1871.

En 1913, Albert part au Gabon avec son épouse Hélène, pour fonder un hôpital. Gabon colonie française, à l'époque... Alors, lorsque la Première Guerre Mondiale éclate, ils sont citoyens allemands en terre française ! Ils sont arrêtés, transférés en France en 1917 dans des camps de prisonniers à Bordeaux, puis dans les Pyrénées et en Provence.


Malades, affaiblis, ce n'est qu'en août 1918 que le couple revient en Alsace. Albert redevient une nouvelle fois citoyen français, avec le retour définitif de l'Alsace-Lorraine dans le giron français : Hélène attendra encore 2 ans.

A. Schweitzer (1960-65)A. Schweitzer (1960-65) | ©ETH Library Zurich, Image Archive / CC-BY

2 - Il est le petit-cousin de Jean-Paul Sartre

Le célèbre philosophe J.-P. Sartre n'est autre que... le petit-cousin d'Albert ! La mère de Sartre, Anne-Marie, est en effet une Schweitzer : la propre cousine d'Albert.


Né dans le 16e arrondissement de Paris, Sartre vient d'ailleurs quelquefois en vacances à Gunsbach, commune alsacienne où Albert a passé son enfance. Le philosophe y retrouvait son grand-père, Charles Schweitzer.

3 - Sa vocation de médecin est très tardive (et naît après une révélation)

C'est en feuilletant un prospectus de la Société des missions évangéliques de Paris qu'Albert a le choc de sa vie. On recherche des médecins volontaires, pour soigner les plus défavorisés dans un dispensaire au Gabon. C'était décidé : lui le lettré, le musicien, le théologien à la voie toute tracée ne serait pas pasteur, enfermé dans un confort bourgeois. Il serait médecin, dévoué aux plus pauvres.


Cela faisait écho à ce jour de mai 1896, où à 21 ans, cette évidence s'impose à lui :

« Par un rayonnant matin je m'eveillai à Gunsbach, et l'idée me saisit soudain que je ne devrai pas accepter mon bonheur comme une chose toute naturelle et qu'il me fallait donner quelque chose en échange. »

Après des études de philosophie et théologie protestante, le voilà donc, en 1905 (il a 30 ans), qui entame 7 années d'études de médecine à Strasbourg, avant de se former en médecine tropicale à Paris et Berlin. En mars 1913, diplôme en poche, il part au Gabon pour la mission de sa vie...

A. Schweitzer (J. Metzger, 1952)A. Schweitzer (J. Metzger, 1952) | ©ETH Library Zurich, Image Archive / CC-BY

4 - Il a été un des précurseurs de la médecine humanitaire en Afrique

Albert Schweitzer fonde son premier hopital en 1913 à Lambaréné, au Gabon. Son but ? Rendre les soins accessibles à tous. Prendre soin des plus défavorisés. Et il a fort à faire, notamment avec la lèpre qui fait des ravages... Il fait venir les médicaments d'Europe et des États-Unis grâce aux dons privés, grâce surtout aux recettes des concerts qu'il organise. Oh ! On ne vous avait pas dit ? C'est un grand organiste très réputé, fana de J.-S. Bach !

Hôpital de Schweitzer, Lambaréné, GabonHôpital de Schweitzer, Lambaréné, Gabon | ©David Stanley / Flickr / CC-BY

5 - Grand spécialiste de la musique de J.-S. Bach, il est un organiste de renom

« Il y a deux moyens d’oublier les tracas de la vie : la musique et les chats », dit celui pour qui la musique est une passion qui l'a pris très jeune, en accompagnant son père pasteur au culte !


Issu d'une longue lignée d'instituteurs organistes, Albert Schweitzer est mondialement reconnu comme un grand interprète de Bach, dont il analyse aussi l'oeuvre, publiant une grande étude en 1905 : Jean-Sébastien Bach, le musicien-poète.


Il participe à de nombreux concerts en Europe (les fonds servent à financer son hôpital gabonais), joue sur plusieurs orgues en Alsace, comme celui de l'église réformée Saint-Thomas à Strasbourg ou celui du temple de Mulhouse.

A. Schweitzer (J. Metzger, 1952)A. Schweitzer (J. Metzger, 1952) | ©ETH Library Zurich, Image Archive / CC-BY

6 - Ardent defenseur des animaux, son plus fidèle animal de compagnie... est un pélican

Le médecin des plus pauvres des hommes n'a jamais oublié les animaux et leurs souffrances. Il dénonce le martyr subi par les bovins dans les abattoirs, l'enfer vécu par les chevaux des chantiers de construction...


« L'enfant qui sait se pencher sur l'animal souffrant saura un jour tendre la main à son frère », écrit-il un jour. Depuis tout petit, il avait vécu entouré d'animaux domestiques, dans sa campagne alsacienne de Gunsbach ! Cette sensibilité à la souffrance animale, on la retrouve dans sa célèbre éthique du « respect de la vie » (Ehrfurcht vor dem Leben).


D'ailleurs, au Gabon, à côté de l'hôpital, il y a un endroit où il recueille chats, chiens, bébés singes, poules. Son animal de compagnie préféré ? Parsifal, un pélican trouvé blessé qu'il avait soigné et adopté !

A. Schweitzer et Peterle le bébé gorilleA. Schweitzer et Peterle le bébé gorille | ©The National Library of Medicine

7 - Il reçoit le prix Nobel de la Paix 1952

En 1952, Albert Schweitzer reçoit le Nobel de la Paix, pour son oeuvre humanitaire au Gabon auprès des plus pauvres. Mais trop occupé en Afrique, il ne recevra la récompense que le 4 novembre 1954, à Oslo en Suède. Une foule immense a fait le déplacement pour écouter son speech, le désormais célèbre « discours d'Oslo. » Un cri contre les dangers des armes nucléaires, loin d'être le dernier...

A. Schweitzer au Gabon (J. Metzger, 1956)A. Schweitzer au Gabon (J. Metzger, 1956) | ©ETH Library Zurich, Image Archive / CC-BY

8 - Il a tenté d'alerter sur le danger des armes nucléaires

Auréolé de son Nobel, Schweitzer profite donc de sa soudaine notoriété pour éveiller les consciences sur les dangers des armes nucléaires, aux côtés de son ami Einstein. À une époque où les grandes puissances se lançaient dans une course à l'armement... l'horreur, pour lui, dont un des leitmotiv est « Je suis vie qui veut vivre, entouré de vie qui veut vivre » !


Le 23 avril 1957, Radio Oslo diffuse un appel d'Albert Schweitzer, Declaration of Conscience, relayé et traduit par de nombreuses radios dans le monde. Il y expose les dangers des armes atomiques. 1 an plus tard, ce sont 3 nouveaux discours diffusés dans les mêmes conditions. Il y déclare le célèbre : « La guerre atomique ne connait pas de vainqueurs, uniquement des vaincus. »

Tombe d'A. Schweitzer, GabonTombe d'A. Schweitzer, Gabon | ©David Stanley / Flickr / CC-BY

9 - La tombe du docteur se trouve au Gabon

Le 4 septembre 1965, Albert Schweitzer meurt à Lambaréné, dans un Gabon indépendant depuis 1960. Il avait 90 ans. Il repose sous l'ombre paisible d'un badamier : devant la tombe et sa croix en béton, on avait installé une petite auge « pour que les oiseaux aient de l'eau »...


Il a été inhumé aux côtés de celle qui a toujours été à ses côtés, son épouse Hélène Bresslau.