Le temple Saint-Étienne de Mulhouse est l'édifice protestant le plus haut de France, avec ses 97 mètres ! De style néo-gothique, il date de 1866. Son orgue date de la même époque. C'est sur ce bel instrument que Schweitzer, alors jeune adolescent, va avoir la chance de jouer.
La musique a toujours tenu une place majeure, très importante, dans la vie du prix Nobel de la Paix Albert Schweitzer. Le docteur alsacien est aussi un excellent organiste, spécialiste de la musique de Bach.
Il a 3 ans, quand il accompagne pour la première fois son père au prêche, à Gunsbach en Alsace. La figure de l'organiste le terrifie et le fascine à la fois ! Il prend ses premières leçons de piano avec son père dans le presbytère familial de Gunsbach.
Puis à 10 ans, le voilà parti à Mulhouse, pour poursuivre ses études. Il y est hébergé par son oncle Louis et sa tante Sophie. Midi et soir, ils lui imposent de travailler son piano. « Tu ne sais pas si, un jour, la musique ne te sera pas très utile », lui répète sans arrêt sa tante. « Se doutait-elle que la musique me servirait plus tard à rassembler les fonds nécessaires à l’érection d’un hôpital dans les forêts vierges de l’Ogooué ? » écrira bien plus tard Schweitzer, dans ses Souvenirs de mon enfance.
Mais pour le moment, avec cette tante intraitable, jouer devient tout sauf une partie de plaisir. Le jeune Albert y va à reculons. Bloqué, il n'y met pas du tout son coeur, joue mécaniquement !
C'est ce que va constater Ernest Münch, le premier professeur du jeune garçon à Mulhouse. Münch, professeur d'orgue au conservatoire de Strasbourg, grande figure de la musique en Alsace, est aussi l'organiste de l'église protestante Saint-Étienne de Mulhouse.
Les débuts sont difficiles. « Albert Schweitzer est mon cauchemar », aimait-il dire ! Un jour, il finit même par sortir de ses gonds ; il lance à son élève, à qui il fait jouer un air de Mendelssohn :
« Vraiment, tu n'es pas digne de jouer une si belle musique. Tu vas encore me massacrer cette mélodie. C'est peine perdue de chercher a donner du sentiment à qui n'en a pas ! »
Choqué, le jeune garçon a un déclic. Il se met à étudier la pièce toute une semaine, avant de la jouer, enfin, avec une grande sensibilité.
Alors un jour, le maître décide que son élève est enfin prêt. Digne de jouer et de s'exercer sur le grand orgue de Saint-Étienne ! « Enfin se réalisait mon secret désir, caressé de tout temps. J'avais dans le sang la passion de l'orgue. » Albert Schweitzer a 15 ans. C'est le debut d'une grande histoire d'amour avec la musique !
Sources
Pierre LassusAlbert SchweitzerAlbin Michel, 1995
Benoît WirrmannChronologie : l'organiste Site officiel de la Maison Albert Schweitzer schweitzer.org