L'enfance bucolique d'Albert Schweitzer à Gunsbach

A. Schweitzer à l'âge de 7 ansA. Schweitzer à l'âge de 7 ans | ©The National Library of Medicine

L'arrivée à Gunsbach

Un homme aux mille facettes ! Médecin œuvrant auprès des plus défavorisés au Gabon, Prix Nobel de la Paix en 1952, l'Alsacien Albert Schweitzer est aussi un théologien, un organiste réputé, un ardent défenseur du « respect de la vie » et un opposant aux armes nucléaires...


Il naît un 14 janvier 1875 dans le joli village de Kaysersberg, où sa maison natale a été transformée en musée. Mais il passe l'essentiel de son enfance à Gunsbach, dans la paisible campagne alsacienne. Il n'a que 6 mois quand ses parents et sa sœur ainée emménagent dans l'ancien presbytère.


Son père Louis, jusque là pasteur et instituteur à Kaysersberg depuis 3 ans, est nommé pasteur de la paroisse de Gunsbach, jusqu'a sa mort en 1925.


Albert racontera dans Souvenirs de mon enfance :

« Lors de notre arrivée à Gunsbach, j’étais un enfant très chétif. Mais le lait de la vache de notre voisin Léopold et l’excellent air de Gunsbach firent des prodiges. »

Gunsbach, l'ancien presbytère familialGunsbach, l'ancien presbytère familial | ©Ji-Elle / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Une enfance heureuse

La nature, les animaux domestiques qu'il adore, le fin clocher de l'église... le petit Albert passe une enfance modeste mais heureuse, à Gunsbach, entouré de ses soeurs et son frère !


On le retrouve au prêche avec son père à l'église, où il accompagne le culte à l'orgue, dès ses 7 ans. 2 ans plus tard, l'organiste dit qu'il est capable de le remplacer ! Une passion précoce qui l'accompagnera toute sa vie...


Rêveur, très sensible et précoce, discret et aimant la solitude, le jeune garçon fait notamment preuve d'une très grande sensibilité envers les animaux. Ce qui préfigure son futur combat pour le respect de toutes les vies, humaine comme animale...


Voila ce qu'il raconte dans ses mémoires, Souvenirs de mon enfance :

« Aussi haut que remontent mes souvenirs, j'ai souffert des nombreuses misères qui accablent le monde. Je souffrais surtout à la vue des maux et des durs labeurs auxquels sont condamnés les pauvres animaux. Le spectacle d'un vieux cheval boiteux qu'on menait à l'abattoir en le tiraillant à la longe par-devant et en le frappant à coups de triques par-derrière, me poursuivit pendant des semaines comme un cauchemar. Surtout, je n'arrivais pas à comprendre, et cela déjà avant mon entrée à l'école, pourquoi, dans la prière du soir, on ne me faisait intercéder que pour les êtres humains. Aussi, quand ma mère s'était retirée après un baiser et un affectueux "Bonne nuit !", je faisais tout bas une prière supplémentaire. "Bon Dieu, disais-je, protège et bénis tout ce qui respire ; préserve du mal tous les êtres vivants et fais-les dormir en paix !" »

GunsbachGunsbach | ©Ji-Elle / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

D'une maison à l'autre

Gunsbach est à jamais dans le cœur du docteur Schweitzer. De grands moments de sa vie s'y sont noués. C’est dans cet « ancien presbytère » qu’Albert Schweitzer et Hélène Bresslau officialisent leur relation, le 1er janvier 1912, avant de se marier à Gunsbach le 18 juin. C’est dans cette maison qu’Adèle, la mère d'Albert, meurt des suites de ses blessures, après avoir été renversée par des chevaux militaires en juillet 1916...


C'est surtout à Gunsbach qu'Albert Schweitzer va se faire construire sa propre maison, son refuge, dès 1927.


Car lorsque son père Louis meurt en 1925, le presbytère est alloué à un autre pasteur. Alors quand Albert revient à Gunsbach, entre deux séjours au Gabon où il gère l'hôpital qui lui vaudra le Nobel de la Paix en 1952, il n'a plus nulle part où habiter. Mais ça... c'est une autre histoire !

Sources

Alain SchumacherChronologie : l'enfanceSite officiel de la maison Albert Schweitzer, schweitzer.org