7 anecdotes sur Ronsard

De 1524 au 27 déc. 1585

RonsardRonsard | ©Rijksmuseum / CC0

7 anecdotes pour faire connaissance avec le prieur le plus célèbre de Saint-Cosme... Ronsard !

1 - Les origines mystérieuses de Ronsard… vraiment ?

Les Ronsard pensaient descendre d’un ancêtre venu des rives du Danube… Allemand ? Bulgare ?

Pierre de Ronsard dit qu'il descend du chevalier Baudoin de Ronsard, venu de sa lointaine Moravie (actuelle République tchèque), au 14e siècle.

Un nom bien sûr francisé : l'ancêtre s'appelait en fait Baldu de Kapinovo (kapina = ronce en bulgare). Ronce, Ronsard... CQFD !

Mais en fait, le poète s'est emballé un brin... Ronsard est un nom bien de chez nous !

Le patronyme évoque le berceau de la famille : le lieu-dit du Ronsard à Areines (41) et le moulin de Ronzart, non loin de Vendôme.

Les ancêtres du poète y sont même gardes-forestiers depuis des lustres.

VendômeVendôme | ©Zairon / CC-BY-SA

2 - Ronsard n’aurait jamais dû être poète

Page des deux fils de François Ier, Pierre se retrouve à accompagner la cour en Écosse, suite au mariage de la fille du roi, Madeleine, avec le roi d’Ecosse, Jacques V.

Du haut de ses 12 ans, il est promis à une brillante carrière diplomatique.

Il fait la fierté de son père, lui-même chevalier au service de François Ier...

Et puis entre nous, ça tombe bien : les études n'ont jamais passionné le petit Pierre, qui quitte le prestigieux Collège de Navarre au bout de 6 mois seulement, après s'être ennuyé à mourir, dégouté des études pour un moment à cause de maîtres trop stricts...

Mais quand il rentre en France, après 30 mois en Écosse, il tombe gravement malade : toute sa vie, une « fièvre tierce ou quartaine », des rhumatismes articulaires et une « demi-surdité » le tourmenteront.

Cette surdité le sépare petit à petit de la cour. Comment, alors, faire carrière dans la diplomatie ? Il faut abandonner cette voie...

Pierre reste néanmoins en tant qu’écuyer du Dauphin, là où sa surdité ne le gêne pas trop et où il peut parler poésies avec son ami Paul Duc, écuyer comme lui, que la prose antique passionne.

Un électrochoc se produit chez l'adolescent.

Pierre veut reprendre ses études ! Il le fait au très réputé collège du Coqueret, dirigé par Jean Dorat.

Un grand helléniste qui l'initie à la poésie en lui lisant Homère, Virgile et Sophocle...

Il y rencontre aussi ses amis du Bellay et Antoine du Baïf.

« Ronsard, accoutumé à veiller tard, étudiait jusqu’à deux heures après minuit, et se couchant réveillait Baïf, qui se levait et prenait la chandelle, et ne laissant refroidir la place. »

Voilà la solide formation de Ronsard. Il prend de l’assurance et publie en 1549 un Épithalame puis L’Hymne de France !

Dorat, directeur du collège de RonsardDorat, directeur du collège de Ronsard | ©Austrian National Library (ÖNB) / Public domain

3 - Ronsard et la Pléiade

La Pléiade ? Un groupe mythique de 7 poètes français, dont font partie Ronsard, Antoine du Baïf et du Bellay !

Mais savez-vous d'où vient leur nom ?

Des 7 filles du titan Atlas, dans la mythologie grecque. Nom ensuite donné à un amas d'étoiles... lui-même repris par un groupe de 7 poètes d'Alexandrie, au 3e siècle avant J.-C. !

L'ambition de Ronsard et ses amis ? Renouveler la langue française, à une époque où le latin prime encore en Europe.

Le français est alors une langue pauvre, qu’il faut enrichir par la création de nouveaux mots, venus de langue étrangère et de patois bien de chez nous, entre autres.

Fleurissent des adjectifs en

  • –eux (arbreux, nectareux) ;
  • –in (colombin, ivoirin, poupelin) ;
  • –art (frétillard, raillard) ;
  • –ette, comme dans le vers de Ronsard Amelette Ronsardelette, Mignonnelette, doucelette !
BaïfBaïf | ©Rijksmuseum / CC0

4 - Ronsard à l'origine de nouveaux mots

Les poètes de La Pléiade, notamment Ronsard, enrichissent donc la langue française de moult mots empruntés d'autres langues ou tout bonnement inventés.

Vous voulez un exemple de ces inventions ? Aigre-doux !

Sans oublier, bien sûr, des transcriptions en français de mots grecs : métamorphose, enthousiasme, sympathie apparaissent à cette époque.

Idem pour l'espagnol, avec abricot !

Des mots encore utilisés aujourd'hui : incroyable, non ?

5 - Franciade et disgrâce

La Franciade, épopée inachevée, est l'histoire chantée de la France, écrite à la demande d’Henri II.

L’histoire de Francion, fils d’Hector, prince troyen qui serait à l’origine de la France...

Arrivé en Provence par la mer, sa descendance donne naissance aux rois de France !

Ronsard n'écrit pourtant que 4 chants sur les 24 prévus.

Et de toutes façons, c’est un échec cuisant ! Son protecteur, Charles IX, mort en 1572, Ronsard se retire dans son prieuré de Saint-Cosme.

La Franciade, édition originaleLa Franciade, édition originale | ©Deniev Dagun / CC-BY

6 - Ronsard et les guerres de Religion

Pierre Ronsard publie, pendant la première guerre de Religion (1562-1563), les Discours des misères de ce temps.

Une création dédiée à Catherine de Médicis, mère de Charles IX et régente, pour qu’elle ramène la paix sur le royaume...

Pour Ronsard, fervent catholique, la guerre est provoquée par l’apparition de l’Opinion (la nouvelle religion).

Il attaque les chefs protestants, responsables de la guerre. Ce n’est pas la religion qui le soucie, qu’importe l’une ou l’autre, mais la désobéissance lui hérisse le poil.

La réponse des protestants ne se fait pas attendre : virulente, à coups de pamphlets qui critiquent le goût du poète pour la richesse !

Dans la célèbre Soudaine Métamorphose de Monsieur de Ronsard en Messire Rossard, ils l’accusent d’être orgueilleux, athée : « à l’ombre d’un clocher se vautre », il attrape la vérole, devient « sourd » et « pédéraste »...

Des attaques qui poussent Ronsard à rédiger Réponse aux injures et calomnies.

Il finit tout de même par se prendre 5 coups d’arquebuse, qui ne feront heureusement que le blesser !

7 - Les Amours

De 1552 à 1578, Ronsard chante l’Amour !

Il dédie sa trilogie des Amours à trois femmes : Cassandre Salviati, Marie Dupin et Hélène de Fonsèque.

  • Les Amours de Cassandre, poèmes en décasyllabes (1552) sur la belle Cassandre, qu’il rencontre pendant un bal à Blois. Il ne peut l’épouser, car il est clerc tonsuré. Il célèbre un amour fantasmé, dont est tiré le mythique Mignonne, allons voir si la rose !
  • Le Second Livre, dédié à Marie Dupin, qu’il rencontre en 1555 ;
  • Enfin, Sonnets pour Hélène, amour platonique entre un homme d’âge mur et une belle indifférente...

Sources

  • Jean Martellière. Pierre de Ronsard, gentilhomme vendômois. 1924.
  • Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois (année 1980).
  • Jean Jules Jusserand. Ronsard. 1913.
  • Prosper Blanchemain. Étude sur la vie de P. de Ronsard. 1867.
  • Louis Mellerio. Lexique de Ronsard, précédé d'une étude sur son vocabulaire, son orthographe. 1895.