Vous saurez tout sur ce mariage franco-écossais à Notre-Dame, le 1er janvier 1537 !
Le coup de foudre du roi écossais
1536. Jacques V d’Écosse débarque dans le Rhône avec 16 000 de ses hommes.
Il n’a pas réfléchi deux fois, avant de traverser la Manche et la moitié de la France pour rejoindre François Ier, qui tient alors sa cour à Lyon.
Il y prépare une énième bataille contre l’empereur Charles Quint !
Bon, en fait, Jacques est surtout venu en France épouser Marie de Bourbon, l'une des filles du duc de Vendôme…
Mais Jacques fait la connaissance de Madeleine, 16 ans. La fille de François Ier.
L’Écossais de 24 ans en oublie Marie ! Un vrai coup de foudre…
Et Jacques, têtu, n’en démord pas : ouiii, il a choisi sa nouvelle épouse !
Bon. Du côté de François Ier, on réfléchit. Le Français semble tout pensif.
C’est que… vous comprenez, Madeleine a toujours eu une santé fragile ! C’est pourquoi il a toujours refusé toutes les propositions de mariage. Jusqu’à maintenant…
La cour passe le mois de décembre 1536 en fêtes joyeuses, en l’honneur du futur gendre du roi.
Le poète Clément Marot écrit :
« Déjà ces deux grands rois, l’un en robe française Et l’autre revêtu d’une mante écossaise, Tous deux la messe ouïe et repus du saint pain, Tous deux tenant le sceptre, et la main en la main, S’étaient confédérés. Les fleurs tombaient menues, La publique allégresse errait parmi les rues. Les nefs, les galions, pendaient À l’ancre dans le havre, et flottant attendaient Ce prince et son épouse, à fin de les conduire. »
La nymphe de Fontainebleau
Très amoureux, Jacques l’impatient devient très indiscret, au sujet de sa fiancée.
Il veut TOUT savoir de la demoiselle !
L’anecdote se passe dans la grotte des Pins, au château de Fontainebleau.
Madeleine se baigne un jour dans le bassin qu’abrite la grotte.
Grotte dans laquelle se trouve une niche, d’où, grâce à un miroir enchâssé dans la rocaille, on peut voir les dames au bain.
C’est François Ier (cochon, va) qui confie le truc à son futur gendre.
Jacques, tout émoustillé, se fait placer dans la niche, au moment où la jeune Madeleine se met à l’eau…
Le vilain voyeur allait en prendre pour son grade, puisqu’il entend Madeleine dire à une de ses amies de bain, que si on la mariait au roi d’Écosse, elle « se regarderait comme une victime immolée à la raison d’État » !
Le mariage à Notre-Dame !
Le mariage a lieu en la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 1er janvier 1537, à 10 heures.
Tout un impressionnant gratin de lords et barons débarquent d’Écosse, exprès pour la noce.
Jacques est luisant de musc et d’ambre, tout parfumé, dixit le poète Marot.
Noce suivie de feux d’artifices, joutes, combats d’escrimes, courses de chevaux… Le soir, au palais, festin !
L’écrivain sir David Lindsay nous conte tous les détails de la fête, notamment les cadeaux : armures émaillées, draps d’or, de satin... un chien basque, même !
Pays barbare et gent brutale
Ça y est. Voilà Madeleine reine d’Écosse. L’Écosse !
Qu’espère, qu’attend, qu’imagine la jeune fille de ce petit pays ?
Ronsard raconte que l’on a tout fait pour la détourner de ce destin dans « un pays barbare et une gent brutale. »
Ce à quoi elle répond : « Pour le moins, tant que je vivrai je serai reine, ce que j’ai toujours désiré. »
Brantôme raconte qu’une fois là-bas :
« Elle en trouva le pays tout ainsi qu’on lui avait dit, et bien différent de la douce France. Toutefois, sans autre semblant de sa repentance, elle ne disait autre chose, sinon « Hélas ! J’ai voulu être reine », couvrant sa tristesse et le feu de son ambition d’une cendre de patience, le mieux qu’elle pouvait... »
Bref, Madeleine mourait d’ennui en Écosse. Littéralement ! Elle meurt de phtisie, en juillet 1537. Elle avait 16 ans.
Elle repose au cœur de l’abbaye d’Holyrood, à Édimbourg, la nécropole des rois écossais.
Jacques et Marie de Guise
Sa Madeleine disparue, Jacques V se remarie deux ans plus tard : elle s’appelle Marie de Guise, la fille du duc Claude de Lorraine, avec qui il a 3 enfants.
Sources
- Pierre Champion. Ronsard et son temps. 1925.
- A. Le François. Mystères des vieux châteaux de France (tome 5). 1840.
- Luc Mary. Mary Stuart, la reine aux trois couronnes. Éditions de l'Archipel, 2009.
- Edmond Bapst. Les mariages de Jacques V. 1889.