Une famille proche des Médicis
Elle a 15 ans, elle s’appelle Cassandre Salviati.
Son père, Bernardo Salviati, appartient à une vieille famille florentine, apparentée aux Médicis.
En fait, figurez-vous qu’il est le petit-fils, par sa mère Lucrèce de Médicis, du pape Léon X !
Bernardo part s’installer en France, où il devient banquier pour le roi de France, et où il se marie.
C’est lui qui fait reconstruire le château actuel de Talcy, en Loir-et-Cher !
Vous savez ? Celui qui accueille la reine Catherine de Médicis, pour une conférence tenue entre catholiques et protestants.
C’est dans ce beau château que l’héroïne de cette anecdote, Cassandre, grandit !
La carrière brisée d'un futur poète
La rencontre entre Pierre de Ronsard et Mlle Salviati a lieu à Blois, le 21 avril 1545.
Elle a donc 15 ans, lui presque 21.
A cette époque, Pierre venait de tomber gravement malade : il en était ressorti affaibli, à moitié sourd :
« … une âpre maladie par ne sait quel destin me vint boucher l’ouïe… l’an d’après, en avril, Amour me fit surprendre. Suivant la cour à Blois, des beaux yeux de Cassandre. »
Une infirmité qui l’avait fait abandonner la carrière diplomatique qu’il avait entamée, au service de la fille de François Ier, Madeleine, qu’il accompagne en Écosse après son mariage.
Ça tombait bien, remarquez ! Ronsard n’était pas du tout fait pour ça…
Il entame alors des études au prestigieux collège du Coqueret, à Paris, aux côtés de certains futurs collègues de la Pléiade.
La rencontre au bal
On ne sait s’ils se sont déjà rencontrés, avant Blois.
Peut-être Ronsard a-t-il entrevu Cassandre par l’intermédiaire de son cousin Jacques de Cintré, voisin du château des Salviati, à Talcy ?
Quoi qu’il en soit, la rencontre à ce bal, au château de Blois, marque Ronsard à vie :
« Toujours me souvenait de cette heure première Où jeune je perdis mes yeux en ta lumière Et des propos qu’un soir nous eûmes devisant. »
La belle Cassandre au teint de neige
« Je vis ma Nymphe entre cent damoiselles, Comme un croissant par les menus flambeaux... »
La belle joue du luth :
« Ainsi je suis de ses chansons épris, Lors qu’à son luth ses doigts elle embesogne, Et qu’elle dit le branle de Bourgogne Qu’elle disait le jour que je fus pris. »
Cassandre est brune, mais Ronsard, quand il la décrit, la préfère blonde. C’est le goût de l’époque !
« Front de rose, gorge de lait, teint de neige, de beaux yeux bruns, les soleils de mon cœur, menton d’albâtre... »
Un bal, comme un songe...
Cette rencontre, ces « propos d’un soir » se dissolvent vite dans l’air… Cassandre disparaît brusquement de la vie de Ronsard.
Comme un rêve, le temps d’un bal !
Car Cassandre se marie, en novembre de l’année suivante, avec Jean Peigné, seigneur de Pray, en Vendômois.
Leur fille, elle aussi prénommée Cassandre, deviendra l’épouse d’un certain Guillaume Musset… l’ancêtre du poète Alfred de Musset !
Pierre de Ronsard dédiera à Cassandre Salviati son recueil de poèmes, Les Amours de Cassandre, publié en 1552.
Sources
- Pierre de Nolhac. La vie amoureuse de Pierre Ronsard. 1926.
- André Castelot. Le calendrier de l’histoire. 1985.
- Jean Martellière. Pierre de Ronsard, gentilhomme vendômois. 1924.