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Pascal Paoli devient général de la nation corse au couvent de Casabianca

Quand : 14 juillet 1755 - 15 juillet 1755

Paoli | ©Rijksmuseum / CC0
Couvent Pascal Paoli Couvent Saint-Antoine de Casabianca

Venez ! Pascal Paoli va être élu général en chef de la nation Corse, au couvent de Casabianca.

Le début de l’indépendance pour l’île, alors sous domination génoise !

Paoli en deux mots

Homme des Lumières, de la justice, du progrès, général en chef de la nation corse, père de la patrie corse, il fait de l’île le premier État démocratique d’Europe, avec une constitution, modèle pour celle des États-Unis.

Imaginez ! La Corse, petite île hirsute que personne ne connaissait et que l’on croyait peuplée de sauvages, apparaît sous un jour inédit !

Star internationale, le New York Journal qualifie même Pascal Paoli de « plus grand homme de la terre » !

Si vous voulez en savoir plus sur le grand homme, direction sa maison natale à Morosaglia...

Couvent de Casabianca

Couvent de Casabianca | ©Pierre Bona / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

L'exil avec son père

Son père, Hyacinthe (Giacinto) Paoli est un des chefs de l’insurrection contre les Génois, en 1733.

Trois siècles que la république de Gênes régit la Corse ! Il y a eu quatre rébellions. Quatre échecs, aussi.

Vaincu 6 ans plus tard, Hyacinthe doit s’exiler à Naples, en Italie.

À ses côtés, un adolescent : son fils Pascal, 14 ans.

Patience !

Le jeune homme va être rappelé chez lui, pour mener l’ultime insurrection contre les Génois !

Naples au XVIIIe s

Naples au 18e s | ©Rijksmuseum / CC0

Clément Paoli a besoin d'aide

Le frère aîné de Pascal, Clément, ne les a pas suivis en exil à Naples.

Lui continue de se battre en Corse, pour l’indépendance.

C’est ce frère, qui, en 1755, demande à Pascal de revenir en Corse, rejoindre les quelque 7000 rebelles qui se battent à ses côtés, contre Gênes.

Le précédent général de la nation corse, Gian Pietro Gaffori, venait de mourir assassiné deux ans plus tôt à Corte, lui qui avait combattu aux côtés de Giacinto dès 1729.

Il leur fallait un nouveau leader... Clément ? Oh, pas vraiment ! Il a rejoint le conseil supérieur de l’île, mais il ne veut pas prendre la tête de la Corse.

Il laisse cette lourde charge à Pascal !

« Donnez-moi un fusil pour défendre la liberté de mon pays et cherchez un chef plus digne et plus habile que moi pour gouverner », avait-il dit.

Pascal Paoli répond à l’invitation en disant :

« Sans me prononcer sur l’offre qui vient de m’être faite, je vole au secours de mon pays et je jure de consacrer ma vie entière à son service. »

Sur quoi son vieux père lui aurait murmuré :

« Va, mon fils, va, fais ton devoir, et sois le libérateur de ta patrie ! »
Couvent de Casabianca

Couvent de Casabianca | ©Bonachera jf / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Le retour en Corse

Pascal a 30 ans. Grand, l’œil bleu, les cheveux blonds presque blancs, il en impose.

On le voit débarquer en Corse, à Aléria, le 16 avril 1755.

Fort de sa solide formation des Lumières et de ses études italiennes, ses lectures de L’Esprit des lois de Montesquieu qu’il emporte d’ailleurs avec lui en Corse…

En marche vers son incroyable destin !

L’élection à Casabianca

Les 14 et 15 juillet 1755, Pascal Paoli est proclamé général en chef de la nation corse (Capugenerale di a Nazione Corsa) par l’assemblée démocratique (consulta), qui s’est réunie dans le couvent Saint-Antoine de Casabianca.

Un vieux monastère en ruine du 15e siècle perdu dans le maquis, dans la région de la Castagniccia, bien familière des Paoli...

L’abbé Rostini s’exprime ainsi, pour l’occasion :

« Compatriotes, si nous préférons le bien-être à la misère, la vertu au crime, l’instruction à l’ignorance, la liberté à l’esclavage, soyons unis… serrons nos rangs, éteignons le flambeau de la discorde et crions : Guerre… guerre à morts aux Génois ! »

Sont réunis les conseillers de 16 pieve (circonscriptions), sur les 66 que compte la Corse.

C’est que Pascal ne fait pas l’unanimité…

Plaque commémorative, couvent de Casabianca

Plaque commémorative, couvent de Casabianca | ©Azezu / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Frères rivaux !

Non, pas vraiment ! Paoli doit s’imposer comme chef de Corse. Beaucoup le soutiennent, mais d’autres voudraient prendre la relève.

À l’image de cet Emmanuele Matra, chef d’un clan important. Le frère de Faustino Gaffori, épouse de feu Gaffori, tout dernier général de la nation corse.

Qui refuse de considérer Paoli comme son chef. Après tout, c’est un parfait étranger !

Il vient de passer 15 ans en Italie !

Le 16 août 1755, un mois après l’élection de Pascal, Matra se fait proclamer à son tour général par sa propre consulta !

Puis Matra et son clan passent à l’attaque, tendant des pièges à Paoli.

Celui-ci trouve refuge dans le couvent d’Alando, mais cela ne loupe pas, Matra et les siens l’assiègent… mais ça, c’est une autre histoire !

La suite de l'histoire !

Pascal Paoli adopte une constitution corse à Corte en novembre 1755, élaborée au couvent de Caccia en avril de la même année.

La première du monde moderne, dont s’inspireront les Américains plus tard en 1776 pour la leur !

Bien avant aussi la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen française de 1789.

On vous le disait, la légende Paoli est en marche…

Sources

  • Joseph et Louis Michaud. Biographie universelle ancienne et moderne.
  • Serge Astolfi. Le second testament de Paoli ou le crime de Sainte-Hélène. 2016.
  • Roger Caratini. La Corse. Éditions de l'Archipel, 2010.
  • J.M. Jacobi. Histoire générale de la Corse depuis les premiers temps. 1835.
  • Jean-Ange Galletti. Histoire illustrée de la Corse. 1863.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !