Escadron volant et histoires galantes : la guerre des Amoureux se joue à Nérac

De 1578 à 1580

Catherine de MédicisCatherine de Médicis | ©Dennis Jarvis / CC-BY-SA

En deux mots !

La 7e guerre de Religion, autrement appelée guerre des Amoureux, se déroule au château de Nérac, en 1580 !

Pourquoi à Nérac ? Il s'agit du château de la famille maternelle d’Henri de Navarre, futur roi de France Henri IV.

Un vrai bastion protestant, où déjà avant lui, sa tante Marguerite de Navarre et sa mère Jeanne d’Albret avaient vécu.

C’est le poète-soldat Agrippa d’Aubigné qui trouve ce nom de guerre des Amoureux.

Les causes de la guerre des Amoureux

La cour fastueuse de Nérac

En 1576, Henri de Navarre s’installe au château de Nérac.

Fin 1578, il attend l’arrivée de son épouse, Margot. Marguerite de Valois.

Quand celle-ci débarque le 15 décembre 1578 avec Catherine de Médicis, se constitue l'une des plus belles cours jamais vue encore.

La main... aux fesses !

Et disons que les mœurs sont libres. Autant du côté d’Henri que de celui de Margot !

Maximilien de Béthune (le futur Sully) écrit :

« Le roi et la reine de Navarre, s’étant retirés à Nérac, la cour y fut un temps douce et plaisante ; car on n’y parlait que d’amour et des plaisirs et passe-temps qui en dépendent. »

Un chroniqueur ajoute :

« Les gentilshommes prirent-ils l'habitude de mettre plus fréquemment la main aux fesses des dames qu'aux plats, pourtant savoureux, qui étaient servis. »

A l'attaque !

Mis au courant du joyeux boxon qui règne à Nérac, le roi Henri III (le frère de Margot) les rapporte à tous les courtisans et se moque, même, ouvertement.

Hors d’elles, vexées, Margot et sa clique de dames d’atour poussent les hommes présents à Nérac à prendre les armes.

Les vraies raisons ?

Alors, attention : Jean-Christian Petitfils dans son Henri IV (2021) indique que certains historiens, qui ont trop prêté attention aux rumeurs, attribuent à tort des histoires de cœur à cette 7e guerre de Religion.

Tout ceci ne sont en fait que tensions et brouilles politiques, entre catholiques et protestants, qu’aucun traité de paix ne pouvait apaiser...

L’escadron volant de Catherine de Médicis

Catherine de Médicis débarque à Nérac avec son « escadron volant ».

Demoiselles pleines de charmes destinées à calmer les mâles ardeurs de ces messieurs, en pleine période (tendue) de guerres de Religion…

Un escadron choisi par ses soins, composé de nombreuses demoiselles nobles, « pas moins de 300 femmes choisies parmi les plus belles », écrit Brantôme.

Parmi elles :

  • Renée de Rieux, courtisée par Brantôme, célébrée par Ronsard, maîtresse du futur Henri III ;
  • Madeleine de Bourdeille, sœur du célèbre Brantôme ;
  • Louise de La Béraudière, surnommée la Belle Rouhet, maîtresse d'Antoine de Bourbon (papa du futur Henri IV) ;
  • Isabeau de Limeuil, cousine éloignée de Catherine de Médicis, exilée dans un couvent pour avoir accouché lors du séjour de la Reine Mère à Lyon, en 1564 ;
  • Victoire d'Ayala, dite la Belle Grecque, qui séduit un temps Henri ;
  • Hélène de Surgère, pour qui Ronsard écrit : « Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie » ;

Sans oublier Françoise de Montmorency-Fosseux, dite La Fosseuse, qui occupe l’esprit d’Henri un moment à Nérac, on va le voir !

Henri et La Fosseuse

A Nérac, Henri a deux maîtresses attitrées : La Rebours et La Fosseuse.

La fameuse Fosseuse, la connaissez-vous ? Henri l’appelle « sa fille » et adore la faire sauter sur ses genoux !

Mais voilà que La Fosseuse se plaint de maux d'estomac... oh, sûrement à cause de tous ces massepains que lui a offert Henri...

Non ? Non, que nenni, le massepain ! Elle est enceinte !

Mordiou, et la voilà qui commence à se voir reine, à faire des siennes !

Chut, on ne veut pas que l’affaire s’ébruite : Margot, après avoir servi de chaperon à La Fosseuse, fera office de sage-femme... pour l’aider à accoucher d'une fille mort-née.

Elle sortira de la vie du futur roi, après une histoire de quelques années avec lui.

Conclusion

Et voilà… toutes ces petites histoires d’amour auraient donné naissance à la 7e guerre de Religion, ou « guerre des Amoureux ».

Parce que tout le monde folâtre, à Nérac ! L’amour ou la guerre, il faut choisir…

Tout ceci se termine par :

  • des conflits localisés dans le Sud-Ouest ;
  • la prise de Cahors le 30 mai 1580, par Henri de Navarre ;
  • la paix de Fleix ou paix des Amoureux, signée le 26 novembre 1580, mettant fin à cette 7e guerre de Religion.

Sources

  • Philippe Bedei. Mini dictionnaire de l’histoire de France. 2020.
  • Jean-Pierre Poirier. Catherine de Médicis, épouse d'Henri II. Pygmalion, 2010.
  • Guy Breton. La reine Margot avait deux amants. 2014.
  • Françoise Hildesheimer. Une brève histoire de l'Église : le cas français (IVe-XXIe siècles). Flammarion, 2019.