La fontaine des évêques (presque) cardinaux

De 1845 à 1847

La fontaineLa fontaine | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Une fontaine signée Visconti

Sur la place Saint-Sulpice, à l'ombre de sa belle église du même nom, se trouve la fontaine monumentale réalisée par Louis Visconti en 1845 et inaugurée 2 ans plus tard.

Visconti, on le connaît bien, à Paris ! Ses principales réalisations, les plus connues ? Les fontaines Gaillon, Louvois, Molière...

Mais surtout, en 1840, il conçoit le tombeau de Napoléon Ier aux Invalides, pour le retour des Cendres de l'empereur !

La fontaineLa fontaine | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Qui sont les évêques ?

Quatre statues ornent la fontaine, pour quatre grands hommes, tous de grands orateurs et prédicateurs !

Bossuet

Jacques-Bénigne Bossuet, évêque de Meaux surnommé l’Aigle de Meaux (1627-1704).

« Madame se meurt, Madame est morte… », c’est de lui !

Il prononce cette phrase lors des funérailles d'Henriette d'Angleterre, la cousine et belle-sœur de Louis XIV.

BossuetBossuet | ©Rijksmuseum / CC0

Fénelon

François de Salignac de La Mothe-Fénelon, dit Fénelon tout court, évêque de Cambrai (1651-1715).

Opposant de Bossuet, c’est le Cygne de Cambrai.

FénelonFénelon | ©Rijksmuseum / CC0

Massillon

Jean-Baptiste Massillon (1663-1742), évêque de Clermont, qui prononce notamment l'oraison funèbre de la célèbre Madame Palatine, en 1722.

En 1700, après un prêche mémorable pour l’Avent, à Versailles, Louis XIV, épaté, lui dit :

« Mon père, j'ai entendu plusieurs grands orateurs, j'en ai été content mais, après vous avoir entendu, je suis très mécontent de moi-même. »

MassillonMassillon | ©Rijksmuseum / CC0

Fléchier

Esprit Fléchier (1632-1710), évêque de Nîmes.

Considéré comme l’un des grands orateurs du 17e siècle, il est connu pour ses oraisons funèbres qui le font devenir membre de l’Académie française, en 1672.

Notamment celle du grand maréchal de Turenne, en 1676 !

FléchierFléchier | ©Rijksmuseum / CC0

Quatre évêques, quatre points cardinaux !

Les quatre évêques représentés sur la fontaine Saint-Sulpice lui ont naturellement valu son nom de « fontaine des Quatre Évêques » !

Mais le plus amusant, dans l'histoire de ce monument, c'est le surnom qu'on lui a donné : fontaine des quatre points cardinaux.

Hé bien, cruelle ironie, aucun de ces quatre messieurs n'a jamais été nommé cardinal !

Boutades d'un promeneur dans Paris (Henri de Fontenay, 1867) dit d’ailleurs :

« Par un rapprochement cocasse Ces quatre prélats dos à dos Sont postés là sur cette place Juste aux quatre points cardinaux. »

La fontaine : FléchierLa fontaine : Fléchier | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Une autre fontaine de prévue

À l'emplacement de la fontaine Saint-Sulpice actuelle s'en trouvait une autre, à la base : la fontaine de la Paix.

Elle a été jugée, après coup, trop petite pour la place et son église !

Elle existe toujours : elle a été déplacée en 1824 au centre du marché Saint-Germain, puis au 75 de la rue Bonaparte.

Son sujet est très différent de la fontaine Saint-Sulpice, puisque ses bas-reliefs représentent les allégories de la Paix, des Arts, du Commerce et de l’Agriculture.

Fontaine de la PaixFontaine de la Paix | ©Guilhem Vellut / Flickr / CC-BY

Les sculpteurs

  • On doit les lions, qui tiennent entre leurs pattes les armes de la ville de Paris, au sculpteur François Derre.
  • Fénelon, qui tient une plume dans la main droite, a été sculpté par François Lanno (1800-1871) ;
  • Fléchier, sculpté par Louis Desprez (1799-1870) ;
  • Massillon, un stylet dans la main droite, par Jacques Auguste Fauginet (1809-1847) ;
  • Bossuet, qui tient un livre des deux mains, par Jean-Jacques Feuchère. On doit à Feuchère (1807-1852), à Paris, le haut-relief de l’arc de triomphe de l’Étoile Le Passage du pont d'Arcole ; la reine Marie Stuart au jardin du Luxembourg ; la Jeanne d’Arc sur l’hôtel-de-ville ; le buste d’Alexandre Brongniart au musée de la Céramique de Sèvres...
La fontaine : un lionLa fontaine : un lion | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Sources

  • Henri Gourdon de Genouillac. Paris à travers les siècles. 1881.
  • Inventaire général des richesses d'art de la France : Paris, monuments civils (tome 1). 1879.