10 anecdotes sur le Retour des cendres de Napoléon Ier

Retour des CendresRetour des Cendres | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

Le corps de l'empereur débarque à Courbevoie le 14 décembre 1840, 19 ans après sa mort et son inhumation à Sainte-Hélène.

Le 15, un cortège funèbre géant doit le ramener aux Invalides... pour de bon !

1 - Napoléon a toujours voulu reposer en France

Exilé une 1re fois sur l’île d’Elbe, revenu en France pour les Cent-Jours, Napoléon perd Waterloo face aux Anglais.

Ils le font prisonnier et l’exilent sur l’île de Saint-Hélène, caillou perdu au milieu de l’Atlantique, entre l’Afrique et l’Amérique du Sud.

Il y meurt 6 ans après, le 5 mai 1821. Son corps ? Inhumé dans l'anonymat le plus total.

Jusqu’à ce qu’en 1840, Louis-Philippe obtienne des Anglais le retour de la dépouille de Napoléon en France et son inhumation aux Invalides.

Aaah, ça, Napoléon le voulait depuis longtemps :

« Je souhaite reposer en terre de France, sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple que j'ai tant aimé. »

Exhumation des cendres de Napoléon à Ste HélèneExhumation des cendres de Napoléon à Ste Hélène | ©Paris Musées / Musée Carnavalet / CC0

2 - Les cendres ?

Au 19e siècle, on parle de cendres pour parler du corps d’un individu, des « restes mortels. »

Et non pas des cendres issues d'une crémation, pratique bien sûr encore interdite à l'époque...

3 - Des préparatifs... à la va-vite

Après avoir quitté Sainte-Hélène le 7 juillet 1840 à bord de la Belle-Poule, le cercueil accoste à Courbevoie le 14 décembre, après être passé par Cherbourg et avoir remonté la Seine.

Un voyage plutôt rapide, qui prend de court le gouvernement qui n'a pas fini les préparatifs de la cérémonie funèbre, qui doit se tenir le 15.

On se dépêche d'assembler du carton-pâte badigeonné en faux marbre et faux or, pour servir de décor tout le long du cortège...

« Le mesquin habillant le grandiose », dit Victor Hugo !

Débarquement des cendres à CourbevoieDébarquement des cendres à Courbevoie | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

4 - Une inhumation hors normes

L'inhumation a été fixée au 15 décembre 1840.

Le trajet du cortège du char funèbre, depuis Courbevoie, passe par : le pont de Neuilly, la place de la Concorde, l'arc de Triomphe, le quai d’Orsay, avant la remontée de l’esplanade des Invalides.

Il faut près de 3 h, rien que pour traverser les Champs-Élysées !

Imaginez... Il fait -10°C. Un million de personnes se presse le long du parcours. Du jamais vu !

Les toits de toutes les maisons grouillent de monde.

Pour l'occasion, Adolphe Adam a composé une superbe Marche funèbre.

Non mais, quel effet ! Avec la peine, la joie qui se mélangent pour un goût doux-amer.

Napoléon qui a mené la France plus haut que tout, mais qui a pris la vie de nombre de ses soldats pour une folie dominatrice toujours plus folle...

Char funèbre de NapoléonChar funèbre de Napoléon | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

5 - Le char funèbre

Le char funèbre, tenez-vous bien, est haut de 10 m, large de 6 m, long de 30, tiré par 16 chevaux !

Un monstre lourd de 13 tonnes, couronné de 14 caryatides dorées.

Vous voyez ce morceau de tissu, ci-dessous ?

Il s'agit d'un fragment de bordure de la tenture qui ornait les côtés de ce char.

J'ai pu le photographier à La Malmaison, dans l'espace dédié aux dernières années de la vie de l'empereur.

Une étoffe de soie à dessin en verre filé commandée à Dubus-Bonnel, inventeur de cette technique de « tissage de verre rendu malléable par la vapeur, pur ou mélangé avec la soie, laine coton ou lin. »

Tissu du retour des CendresTissu du retour des Cendres | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

6 - Le cercueil

Juste avant l’embarquement de Sainte-Hélène pour la France, on enferme le cercueil de plomb de l'empereur dans deux nouvelles bières, en ébène et en chêne.

Poids du bébé : 1,2 tonnes !

Imaginez les 44 soldats et les 4 chevaux qui ont dû hisser le paquet sur une voiture, pour ensuite gagner le port et le charger une nouvelle fois sur le bateau...

Un cercueil dont la réalisation est confiée en 1840 à l’ébéniste Lemarchand : figurez-vous qu'il réalise plusieurs objets miniatures, des « réductions », réalisés avec les chutes du bois du cercueil du Retour des cendres !

En voici un exemple ci-dessous, exposé à La Malmaison...

Réduction du cercueil de Napoléon IerRéduction du cercueil de Napoléon Ier | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

7 - Le dernier geste d'un fidèle

Le très vieux maréchal d'Empire Moncey, gouverneur des Invalides, 85 ans, agonise depuis 10 jours.

Il avait supplié son médecin de le faire vivre jusqu’à l'inhumation aux Invalides : « Docteur, faites-moi vivre encore un peu, je veux recevoir l'Empereur. »

Le jour J, il se fait porter jusqu’au tombeau, l’asperge en tremblant d’eau bénite, embrasse la poignée de l’épée de l’empereur, et lance : « Et maintenant, rentrons mourir. »

Ce qu'il fait, le 20 avril 1842 !

8 - Ce ne serait pas Napoléon que l’on a enterré aux Invalides !

Hé non : le tombeau serait même... vide.

Le journaliste Georges Rétif de La Bretonne, en 1969, montre les nombreuses incohérences existantes, notamment dans les mémoires de ceux qui ont assisté à l’inhumation et l’exhumation.

Selon lui, le roi anglais George IV aurait fait enterrer à la place de l’empereur Cipriani, le maître d’hôtel corse de Napoléon, mort en 1818.

Il fait transporter le corps de l'empereur dans sa collection de momies, à l’abbaye de Westminster...

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9 - Lamartine le trouble-fête

Un des seuls qui ne partage pas toute cette folie, c’est Lamartine, le poète.

Il s’offusque « de ce culte du sabre, ce culte de la force. »

L'anti-napoléonien qu'il a toujours été y voit un danger de mort pour la République...

« Je ne me prosterne pas devant cette mémoire. Je ne suis pas de cette religion napoléonienne, de ce culte de la force que l’on veut substituer dans l’esprit de la nation à la religion sérieuse de la liberté. »

10 - Un deuxième retour des cendres

Petite anecdote en plus : le 15 décembre 1940, soit 100 ans après le Retour des cendres, Hitler qui occupe alors Paris, fait transférer les cendres de Napoléon II aux côtés de son père.

Vous savez ? L'Aiglon, le fils de l'empereur et de Marie-Louise d'Autriche, mort à Vienne en 1832 ?

Un geste fort, bien sûr, ô combien symbolique…

Sources

  • Napoléon à Paris ou translation de ses cendres sous le dôme des Invalides. 1841.
  • Émile Alglave. Funérailles de Napoléon. In Revue des cours littéraires de la France et de l’étranger (tome 5). 1868.
  • Stephen Clarke, Pierre-Emmanuel Dauzat. Comment les français ont gagné Waterloo. Albin Michel, 2015.
  • Mathieu Da Vinha, Raphaël Masson. Versailles : histoire, dictionnaire et anthologie. Robert Laffont, 2015.
  • Abel Hugo. Histoire de l'empereur Napoléon. 1834.
  • Joseph-Adolphe-Ferdinand Langlé. Funérailles de l'Empereur Napoléon. 1840.