Découvrez qui sont les personnalités inhumées à Saint-Roch de Paris !

De 1666 à 1789

Saint-RochSaint-Roch | ©Guilhem Vellut / Flickr / CC-BY

Duguay-Trouin

Un corsaire à Saint-Roch !

Un Malouin pur jus, dont le corps reposait autrefois à Saint-Roch, bien plus tard transféré chez lui, dans la cathédrale de Saint-Malo.

Le comte de Grasse

De son nom complet François Joseph Paul de Grasse.

Un vice-amiral, héros de la guerre d’Indépendance américaine, plus adulé aux États-Unis que chez nous !

On vous en dit plus ici.

L’abbé de L’Épée

Charles-Michel de L’Épée, prêtre fondateur de la première école pour les malentendants !

Mort le 23 décembre 1789 à 77 ans, dans la pauvreté, il est enterré à Saint-Roch.

Le cénotaphe actuel (1840) ne contient pas ses restes, son tombeau ayant été vandalisé en 1793.

Regardez ce détail : sur la partie inférieure du monument figure l'alphabet en langue des signes !

Cénotaphe de l'abbé de L'Épée : détailCénotaphe de l'abbé de L'Épée : détail | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Henri de Lorraine, comte d'Harcourt

Ce militaire, mort en 1666, fait partie de la maison de Guise.

Quid de son tombeau ?

On y voit un vieillard ailé, le Temps, allongé aux pieds de la Renommée, sur un trophée composé d'une cuirasse, un casque et un glaive.

De la main droite, la Renommée présente un médaillon orné du profil du comte.

À droite, un petit génie porte le médaillon du chevalier d'Harcourt, son fils, mort en 1684.

Le monument vient de l'église du couvent des Feuillants, rasé au cours du 19e siècle.

Harcourt-LorraineHarcourt-Lorraine | Comte d'Harcourt | ©Miguel Hermoso Cuesta / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Pierre Mignard

Peintre mythique, il peint Louis XIV de nombreuses fois !

Le roi lui demande un jour : « Vous me trouvez vieilli ? »

Mignard répond : « Sire, il est vrai que je vois quelques campagnes de plus sur le front de Votre Majesté ! »

Mort le 31 mai 1695 rue de Richelieu « entre 6 et 7 heures du matin », à « 84 ans, 6 mois et quelques jours », ses funérailles à Saint-Roch sont grandioses.

Le roi « dit publiquement qu'il ne voulait plus de premier peintre, et que le grand homme, qui avait eu cette charge, ne pouvait être remplacé. »

Il permet même à la fille du peintre, Catherine, de conserver son logement au château de Versailles et défend qu'on mît le scellé chez lui, comme c'était l'usage !

On l'enterre au couvent des Jacobins, à Paris.

Sa fille commande un mausolée au sculpteur Lemoine, en 1735 : il la représente agenouillée devant le buste de son père, réalisé en 1671 par Desjardins.

En 1790, le couvent des Jacobins est supprimé, le tombeau détruit : les fragments actuels sont transportés à Saint-Roch.

Pierre Mignard : détailPierre Mignard : détail | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Pierre Corneille

C’est un cénotaphe (le corps ne s’y trouve pas), aménagé en 1821 pour rappeler que le grand Pierre Corneille a été inhumé dans l’église, sans que l’on connaisse l’emplacement exact de sa sépulture.

Ce qui est sûr, c’est que son tombeau et ses restes ont disparu pendant la Révolution.

L’acte de décès dit :

« L’an 1684, le 2 octobre, M. Pierre Corneille, écuyer, ci-devant avocat général à la Table de Marbre de Rouen, âgé d’environ 78 ans, décédé hier rue d’Argenteuil en cette paroisse (Saint-Roch), a été inhumé en l’église... »

Pierre CorneillePierre Corneille | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Denis Diderot

Mort le 31 juillet 1784, le papa de L’Encyclopédie est inhumé à Saint-Roch dans la chapelle de la Vierge, le 1er août.

Comme d’autres tombes dans l’église, saccagées par la Révolution, les corps sont profanés et jetés dans une fosse commune : il ne reste rien de la dépouille de Diderot. Sa tombe a donc aussi disparu…

Mais connaissez-vous la meilleure ?

Peu avant de mourir, Diderot reçoit la visite du curé de Saint-Roch. Ils discutent de tout et rien.

Le curé lui suggère, sinon de se convertir, de rétracter publiquement ses œuvres antireligieuses.

Il répond : « Je le crois, monsieur le curé, mais convenez que je ferais un impudent mensonge. »

Le curé de Saint-Roch accorde à Diderot un enterrement chrétien. Encore heureux, sa fille avait payé 1500 livres pour les funérailles !

Pierre Moreau de Maupertuis

Ce physicien, astronome et philosophe, partisan de Newton et précurseur en génétique, meurt à Bâle en 1759 : il est inhumé en l’église de Dornach, en Suisse.

Ses proches font élever à Saint-Roch un monument, car c’est là que son père avait été inhumé. C’est d’ailleurs sur sa tombe que l’on inhume le fils.

Un élève de Lemoyne, D’Huez, se charge du travail.

C’est un cippe : une colonne tronquée. Le génie des Sciences y est appuyé, abattu, il tient une couronne d’étoiles parmi lesquelles une comète.

Un enfant entouré d’instruments scientifiques, une main sur le globe terrestre à l’endroit du cercle arctique.

Oui ! Maupertuis participe à une expédition en Laponie, en 1736, avec pour but de déterminer la forme de la Terre, en mesurant la longueur de l’arc polaire !

Moreau de MaupertuisMoreau de Maupertuis | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Cardinal Guillaume Dubois

Abbé, puis cardinal, Jean Rochefort l’a incarné dans Que la fête commence !

Principal ministre sous la régence de Philippe d'Orléans, la chanson Il court, il court, le furet (amis de la contrepèterie, bonjour) lui est dédié...

Mort le 10 août 1723 à 66 ans, il est inhumé dans l'église Saint-Honoré à Paris, détruite en 1792.

On transporte alors sa tombe à Saint-Roch. Vue de face, sa statue paraît prier, mais de profil... il a un « sourire sarcastique rappelant sa fourberie coutumière » !

Cardinal DuboisCardinal Dubois | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Le Journal de Mathieu Marais rapporte sur ses derniers instants de vie :

« Le cardinal Dubois, s’étant trouvé mal, les médecins ont jugé à propos de lui faire l’opération à la vessie. On l’a transporté de Meudon à Versailles, le 9 au matin ; quand il y a été, il n’a plus voulu qu’on fît l’opération, et a demandé qu’on le laissât mourir en repos. »

Le duc d’Orléans tente de « persuader le cardinal de se laisser mutiler. »

Cardinal DuboisCardinal Dubois | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Enfin ! Dubois se fait

« confesser tant bien que mal, et aussitôt, on lui a sauté sur le corps. Trois ou quatre personnes l’ont tenu ; il criait et jurait comme un enragé, et l’opération a été faite en six minutes. On a bien vu alors que le mal était incurable et que l’abcès était intérieur. Mais il n’y avait plus de remède. Il est tombé en pâmoison et défaillance. Le 10, la gangrène a paru, et sur les cinq heures après midi, le cardinal est mort. Et voilà ce grand cardinal, premier ministre de France, en plomb comme les autres ; mais il n’a pas eu la consolation d’emporter ses pièces en l’autre monde, car on lui avait coupé tout rasibus. »

Les frères de Créquy

Ils sont deux frères, Charles et François. Morts à 10 jours d’écart, en février 1687.

Pour François, le maréchal : il est d'abord inhumé dans l’église Saint-Honoré, dans un mausolée signé Charles Le Brun.

En 1791, l’église, un temps occupée par le club des Jacobins, est détruite : le tombeau est démonté.

Seul subsiste le buste, aujourd’hui à Saint-Roch.

CréquyCréquy | ©Charles de Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Une partie du mausolée de Charles de Créquy, le représentant couché, soutenu par l’Espérance, provient, lui, du couvent des Capucines de la place Vendôme.

Quand le couvent devient bien national, la statue est vendue à un marbrier, Marchal, rue Amelot.

Le conservateur de musée Alexandre Lenoir réussit à la récupérer, en l'échangeant en 1797 contre « une quantité égale de marbre. »

François de CréquyFrançois de Créquy | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Lenoir écrit :

« J’ai pris des mesures pour empêcher le marbrier qui l’a acheté de mettre la scie dans ce monument, à la fois intéressant pour l’histoire et l’histoire de l’art. »

Ce Marchal avait acheté le tombeau « pour le débiter et faire des morceaux à l’usage de son commerce » !

Les négociations durent un an, le marbrier demandant bien trop cher !

André Le NôtreAndré Le Nôtre | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

André Le Nôtre

Le célèbre paysagiste de Versailles meurt en 1700 à l’âge de 87 ans.

Il ne reste aujourd’hui de son tombeau monumental décoré de statues symboliques, dévasté à la Révolution... que le buste de Coysevox !

Une réplique de ce buste se trouve d'ailleurs au cœur du jardin des Tuileries !

Sources principales

  • Inventaire général des richesses d'art de la France : monuments religieux, Paris (tome 2). 1888.
  • Jacques Hillairet. Connaissance du vieux Paris. Éditions Princesse, 1963.