René agrippe de ses doigts raides les draps du lit. Il a mal.
Il fait déjà sombre, dans sa petite chambre parisienne. Lui va crever. Ici.
Et ce qui le fait le plus souffrir, ce n’est pas la maladie qui ravage ses reins depuis des mois, non.
C’est l’idée insupportable qu’il va mourir dans un lit. DANS UN LIT.
Lui, le corsaire. Loin de ses vaisseaux rutilant d’aventures et d’abordages. Loin à jamais de sa mer...
Le plus célèbre des corsaires
René Duguay-Trouin, on l’a rencontré dans sa bonne vieille ville natale de Saint-Malo, vous savez ? Le fier corsaire breton né en 1673.
Courageux. Respecté de toute la cour (du roi Soleil itou, ce n'est pas rien), redouté par l’ennemi, victorieux des Anglais et des Hollandais sur les mers, pendant la guerre de Succession espagnole de Louis XIV.
Du plus bas de l’échelle, il gravit tous les échelons de la marine, pour arriver au top du top, la crème de la crème : lieutenant général des armées françaises.
De Paris à Saint-Malo ?
Figurez-vous que René Duguay-Trouin meurt à Paris en 1736, à l'âge de 63 ans, au 16 de la rue de Richelieu.
Usé. Rongé depuis des décennies par une dysenterie chronique et une maladie rénale.
On l’enterre dans la crypte de l’église voisine, Saint-Roch.
Oui, mais pas moyen de reposer tranquillement : ses restes se font déménager chez lui à Saint-Malo, en 1973, à l’occasion du tricentenaire de sa naissance.
Où ? Dans la cathédrale Saint-Vincent de la ville.
Seule une plaque commémore aujourd’hui son ancienne présence à Saint-Roch...