Héros de l’Indépendance américaine, honte des Français : l’amiral de Grasse, enterré à Saint-Roch
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Quand : 1722 - 1788
Il est mort, l’amiral François-Joseph de Grasse, un jour de janvier 1788 dans son petit château de Tilly (78), près de Paris. Enterré à Saint-Roch, ensuite.
Ignoré par Louis XVI. Humilié et brisé. Et seul. Terriblement seul.
Les Français lui crachent dessus ! Les Américains le vénèrent ! Maaiiis ! Qui est donc ce De Grasse ? Et que s’est-il passé pour en arriver là ?...
Le héros frenchie met la pâtée aux Anglais à Yorktown... vive les États-Unis !
Le gamin de Provence
François-Joseph-Paul, comte de Grasse, naît au château des Valettes au Bar-sur-Loup, le 13 septembre 1722, dans une vieille famille de la noblesse provençale.
Les cigales font un bruit d’enfer. Le soleil d’été grille les champs à perte de vue.
Lui va grandir dans la poussière ocre et les oliviers. Forte tête, costaud pour son âge, le petit François joue à la guerre. S’endurcit dans les sentiers pierreux. Et la mer turquoise, au loin... l’appelle !
L’Indépendance des États-Unis
Hééé, le nom de notre amiral ne dit plus rien à personne aujourd’hui, alors qu’il a joué son rôle, brillamment, pendant la guerre d’Indépendance américaine ! Tout aussi bien que La Fayette, hein...
C’est quand même LA guerre qui met fin à des siècles de suprématie anglaise, en Amérique : le début de l’histoire des États-Unis modernes, quoi.
Et autant vous dire : COCORICO ! Voui. Les Français ont joué un rôle énooorme dans cette guerre.
Hé, je vous vois venir : vous allez me dire que quand il faut mettre la pâtée à l’ennemi anglais, on est là ? Tout juste.
Et on voit qui ?? De Grasse, qui fait face à l’Anglais, pendant la bataille de Yorktown, en octobre 1781.
Balèze, De Grasse : il file les jetons à tout le monde. D'ailleurs, ses marins disent de lui que « sa taille normale est de 6 pieds, 6 pieds 6 pouces au combat » !
Grâce à lui, l’ennemi perd la guerre. Définitivement. Et l’Amérique accède enfin à son Indépendance ! Ah, ben, quand on vous disait que c’était un héros...
Le nom de l'amiral aurait pu devenir super célèbre. Sauf qu’en avril 1782, les Anglais se vengent... Ouch !
La chute de l'amiral de Grasse
Les Anglais attaquent l’amiral qui escorte des navires marchands en mer des Caraïbes. L’équipage ne réagit pas, on le fait prisonnier.
Le retour à Versailles a un goût terriblement amer. L’amiral accuse ses coéquipiers d’avoir désobéi à ses ordres, ce qui explique la débâcle.
D’où le conseil de guerre, et le procès dit de Lorient. Le roi l’innocente mais le condamne au pire : l’exil, le bannissement de la cour. Avec interdiction de naviguer.
Voilà comment François s’éteint en 1788, seul dans son petit château de Tilly (78). Toujours pas rentré dans les bonnes grâces de môssieur le roi...
Au fait ! Vous savez le jeu de mot que Louis XVI a osé sortir en apprenant la mort de De Grasse ? « Rendons Grasse à Dieu »...
Les Américains le considèrent comme un héros, les Français comme un lâche
Et crac. Les Français auront honte du nom de Grasse pendant des siècles (les ploucs), tandis que les Américains lui rendront toujours hommage.
Preuve en est de cette plaque commémorative, à Saint-Roch. Oui, je sais : installée tardivement, puisqu’il a fallu attendre... 1931.
Le tombeau de De Grasse se trouvait à Saint-Roch, dans la chapelle de la Vierge. Mais il a disparu !
Une plaque devrait en rappeler l'emplacement, alors, non ? Ne demandez pas aux Français de la poser, hein : ils ont oublié De Grasse depuis belle lurette.
Il faut attendre 1931 pour qu’on commémore le souvenir de l’amiral, avec la pose de cette fameuse plaque. 150 ans, l’anniversaire de la capitulation de Yorktown.
Une plaque offerte par... les Américains ! Par la Société des Cincinnati, plus particulièrement. Société patriotique fondée par George Washington en 1783, composée des héros de la Guerre d’Indépendance. Elle existe toujours, avec les descendants des membres d’origine !
Et voilà comment la plaque commémorative de De Grasse se retrouve à Saint-Roch à côté de celle d'un autre célèbre marin... le corsaire Duguay-Trouin !