This website requires JavaScript.

Une petite histoire de la citadelle de Saint-Florent : le dernier exil de Pascal Paoli

Quand : 14 octobre 1795

La citadelle | Pierre Bona / CC-BY-SA
Fortification Pascal Paoli Citadelle génoise de Saint-Florent

C’est de cette citadelle corse que Pascal Paoli part pour son exil anglais, en 1795. Pour ne plus jamais revenir...

Révolution française et royaume anglo-corse

Paoli est de retour !

Paoli rentre en France après 20 ans d’exil, en 1789 : la Corse a officiellement été rattachée à la France.

On lui réserve un accueil triomphal partout où il passe, sur le continent comme en Corse !

Lui, le mythique général en chef de la République indépendante corse, l’homme politique qui a doté l’île d’une constitution moderne. Du jamais vu !

Les Anglais débarquent

D’abord rallié aux idéaux de la Révolution française, Paoli déchante très vite, avec la Terreur qui guillotine à tour de bras.

Il compte sur les Anglais pour sortir la Corse de ce bourbier sanglant. Car depuis son exil outre Manche, en 1769, il a de nombreux amis et soutiens fidèles.

Les Anglais débarquent donc en février 1794. Un éphémère royaume anglo-corse voit le jour, avec à sa tête le vice-roi Gilbert Elliot.

La Corse redevient indépendante, pour quelque temps !

À l'écart !

Enfin, pas vraiment. Une fois l’île dotée d’une constitution monarchique, les Corses deviennent surtout sujets du roi d’Angleterre et Paoli… Paoli est complètement tenu à l’écart, dépossédé du pouvoir exécutif, maintenant entre les mains du vice-roi !

Les Anglais veulent, en fait, faire de la Corse une base stratégique en Méditerranée, pour bloquer les envies d’expansion de la France.

Mais le vieux Paoli, 70 ans, ancien général en chef de la République corse indépendante, fait peur aux Anglais, bien qu’écarté du pouvoir.

Le vice-roi parvient à le faire exiler...

Citadelle de St-Florent

Citadelle de St-Florent | ©Chabe01 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

L’embarquement à Saint-Florent

L'arrivée à Saint-Florent

L'heure de l'exil a donc sonné !

Le 14 octobre 1795, Paoli se rend à la citadelle de Saint-Florent, reçu par le vice-roi et le secrétaire d’État.

Le vice-roi, Sir Elliot, évoque l’exil de leur général aux habitants de Saint-Florent.

Ce n’est pas « un acte de rigueur », mais un geste de bienveillance du roi envers Paoli, « qui avait toujours désiré le récompenser de ses services et l’appelait près de sa personne pour le faire jouir d’un repos opulent et honorable. »

C’est dit !

Presque tout confort...

Pascal peut s’embarquer sur la frégate anglaise Le Dauphin, « 44 canons et 180 hommes », avec ordre pour l’équipage « de rendre à Paoli les honneurs militaires. »

Pour « lui procurer toutes les commodités possibles », les Anglais ordonnent « au messager Wagstaff et à son aide de camp, le capitaine Cogaltar, de faire partie de sa suite. »

Et pour le trajet de Rostino jusqu’à la citadelle de Saint-Florent, ils avaient « eu soin de lui fournir une bonne voiture choisie parmi les meilleures » !

En route pour l'Angleterre

Paoli a-t-il eu le cœur lourd ? Un dernier regard pour la Méditerranée, pour le soleil de son île natale ? Qui sait !

Trois fidèles Corses l’accompagnent, Panattieri, Galeazzi et Ciavaldini. Trois compagnons pour adoucir le chemin de l’exil.

Paoli murmure au vice-roi avant de s’embarquer : « Monsieur, je vous recommande ma patrie. Qu’elle conserve sa Constitution et qu’elle jouisse de la liberté qui lui a coûté tant de sang. »

Et après un trajet de trois jours, Pascal Paoli arrivera en Angleterre, où une salve de 15 coups de canons le saluera...

Paoli

Paoli | ©Rijksmuseum / CC0

La fin du général corse

Voilà. Paoli reprenait une seconde fois le chemin de l’exil qu’il avait déjà suivi outre Manche 26 ans plus tôt, après la fin de la République indépendante de Corse.

Mais cette fois, un exil définitif. Aller simple ! Adieu, pins, odeur du maquis, mer turquoise.

Une fois en Angleterre, blasé, désabusé, une partie de ses fidèles amis anglais morts, Paoli reste lucide sur sa vie. « Mon âge avancé ne me permet pas d’espérer revoir ma patrie. »

En effet, il va mourir à Londres le 5 février 1807, à l’âge de 82 ans.

Mais sa Corse, alors ? Elle est finalement reconquise en 1796, par un certain Napoléon Bonaparte.

Les Anglais, eux, avaient quitté l’île quelques mois plus tôt.

Sir Elliot avait dit des Corses, en partant : « Je crois que ce peuple est une énigme dont personne ne peut être sûr de connaître la clé »…

Sources

  • Nouvelles extraordinaires de divers endroits. 13 nov 1795.
  • Maurice Jollivet. Les Anglais dans la Méditerranée (1794-1797). 1896.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !