À la rencontre de Jean de Dunois, le bâtard d'Orléans

De 1403 à 1468

Dunois en armure dans une miniatureDunois en armure dans une miniature | ©The British Library / Public domain

Rencontre avec le seigneur le plus célèbre du château de Châteaudun... Jean de Dunois, compagnon d'armes de Jeanne d'Arc !

Pourquoi Dunois est un bâtard

Le petit Jean naît en 1403 d’une union illégitime.

Son père ? Louis Ier d’Orléans, le frère cadet du roi fou Charles VI.

Sa mère, c’est dame Mariette d’Enghien.

Louis d'Orléans se fait assassiner en 1407, en pleine guerre de Cent Ans, par les hommes de son cousin et ennemi Jean sans Peur, le duc bourguignon.

Vous vous souvenez ? On ramène son corps ensanglanté dans l’église parisienne des Blancs-Manteaux.

Valentine Visconti sur son lit de mortValentine Visconti sur son lit de mort | ©The British Library / Public domain

Son enfance

Le petit Jean que l'on appelait déjà Dunois (son paternel lui avait donné le comté de Dunois) grandit au château de Blois, dans la famille de son père.

Avec son demi-frère Charles d’Orléans (le célèbre poète rencontré à Blois) et 10 autres frères et sœurs, sous le regard bienveillant de l’épouse de Louis, Valentine Visconti.

Elle l’aime comme son fils et soupirait souvent : « On me l’a volé »... ce qui voulait dire qu’elle aurait aimé qu’il soit vraiment son fils.

C’est en fait quelque chose qui se fait beaucoup, à l’époque, dans les familles nobles et royales : élever ensemble enfants légitimes et adultérins ne pose aucun problème, car ils sont du même sang, celui du père !

Le terme de « bâtard » pouvait être porté avec fierté.

Château de ChâteaudunChâteau de Châteaudun | ©Stephane Tampigny / Pixabay

Vengeance !

La scène est terrible, pour un enfant. Déchirante.

Après l'assassinat de Louis Ier d'Orléans, son épouse Valentine implore le roi Charles VI de faire justice. En vain.

Sur son lit de mort, elle essaie de se faire aider de ses enfants, leur demandant : « Mes enfants, lequel de vous se montrera le plus digne de venger ce crime ? »

Aucun n’en est capable. Sauf un, Jean. Le petit bâtard.

Elle murmure d’ailleurs à tous : « Voici Jean, votre frère. Je n’ai qu’un regret, c’est qu’il ne soit pas mon fils. Jean m’a été dérobé. Il aurait dû être à moi, car nul n’est mieux taillé que lui pour venger la mort de son père. »

Les assassins ne seront jamais poursuivis, Valentine mourra épuisée de chagrin, « de courroux et de déplaisance de ce qu’elle ne pouvait avoir justice de la mort de son seigneur et maître », rapporte Monstrelet dans ses Chroniques.

Jean se vengera bel et bien, d’une certaine manière, puisqu’il ira faire la guerre aux Anglais, alliés des Bourguignons !

DunoisDunois | ©The British Library / Public domain

Jean devient le chef des Orléans

On charge Dunois de réunir la somme d'argent pour payer l’énorme rançon de son demi-frère aîné, Charles, fait prisonnier par les Anglais, pendant la bataille d'Azincourt.

C’est pendant l'absence de Charles qu’il devient le chef de la famille des Orléans : rôle qu’il assume très bien !

D'énormes faits d’armes !

Tout jeune déjà, Jean étonne par sa bravoure.

De 1417 à 1450, il est sur tous les champs de bataille, contre les Anglais.

Charles VII le fait même chevalier avant l’âge requis de 21 ans, fait rare !

Et grâce à tous ses faits d’armes, le roi finit même par le reconnaître officiellement comme prince légitime de la maison royale des Orléans.

Enfin ! Le Bâtard se retrouve à égalité avec les autres.

Quand Louis XI monte sur le trône, il nomme Jean grand chambellan de France et le légitime une nouvelle fois, en tant que prince de sang royal.

Dunois à tableDunois à table | ©The British Library / Public domain

La Pucelle

Dunois est surtout connu pour être le compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, avec qui il participe au mythique siège d’Orléans et à la libération de la ville.

Même après la mort de la Pucelle, il continue à repousser les Anglais, reprenant Chartres en 1432, puis Paris en 1436.

En 1453, il participe à la bataille qui met fin à la Guerre de Cent Ans, Castillon, en tant que lieutenant général.

C'est pour cette victoire que Louis XI le nomme grand chambellan et comte de Dunois.

Le château de Chateaudun

Dunois avait reçu la forteresse en récompense de la libération de son demi-frère Charles d'Orléans, prisonnier des Anglais (on l'a vu plus haut dans l'article).

Dunois transforme le vieux château médiéval de Châteaudun en une demeure confortable : il ajoute le corps de logis de style gothique (aile Dunois, construite entre 1459 et 1468) et la Sainte-Chapelle.

À ne pas manquer : le grand escalier de style gothique et la très rare salle de justice médiévale !

Sainte-Chapelle du châteauSainte-Chapelle du château | ©Manfred Heyde / CC-BY-SA

Entre Châteaudun et Cléry

Dunois repose, avec son épouse Marie d'Harcourt, dans une chapelle de la basilique Notre-Dame de Cléry, aux côtés du roi Louis XI ! Un grand honneur...

Son cœur repose lui au sein de la Sainte-Chapelle du château de Châteaudun.

Sources

  • Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas, 2001.
  • Alain-Gilles Minella. Jeanne d'Arc pour les nuls. First Éditions, 2012.
  • Alexandre Mazas. Vies des grands capitaines français du Moyen Âge : Dunois (tome 7). 1829.
  • Baptiste Capefigue. Agnès Sorel et la chevalerie. 1860.