Le corps ensanglanté du duc Louis d'Orléans déposé aux Blancs-Manteaux

Assassinat du duc d'OrléansAssassinat du duc d'Orléans | ©The British Library / Public domain

Un jour brumeux de novembre 1407... Paris. Voilà l’église des Blancs-Manteaux, dans sa petite rue sombre. À l’intérieur, tout a été recouvert de noir. Quelques cierges jettent une lueur glauque sur le cercueil, là, posé au milieu. Un cercueil ? Celui de Louis d’Orléans, assassiné la veille rue Vieille-du-Temple, par les hommes de Jean-sans-Peur...

Tout pour finir dans un bain de sang

On est en pleine guerre de Cent Ans. Pendant une phase de paix relative avec l’Anglais. Mais le royaume va mal : le roi de France Charles VI le Fol vire dingo, et la régence se retrouve fragilisée. Il ne manquait plus qu’une brouille : celle dès 1401, du frère du roi Louis d’Orléans avec Philippe le Hardi son oncle (et duc de Bourgogne). Pourquoi ?


Le Bourguignon veut la paix avec les Anglais (dès fois qu’ils voudraient lui piquer ses terres), mais Louis, que nenni. Et quand le fils de Philippe, Jean sans Peur, débarque, rebelote : la tension ne fait que monter d’un cran.


Cela finit dans le bain de sang de 1407. Jean fait assassiner son cousin. La conséquence ? Guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons !

Mort du duc d'Orléans (Boulanger, 1833) Mort du duc d'Orléans (Boulanger, 1833) | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

Main coupée au coin de la rue

Enguerrand de Monstrelet dit dans ses Chroniques que l’église des Blancs-Manteaux est la plus proche du lieu du crime. On a donc déposé le corps de Louis ici, avant son enterrement dans l’église des Célestins :

« Si fut le corps mis en un cercueil de plomb et le veillèrent les religieux de la dite église toute nuit en disant vigiles et psautiers avec lesquels demeurèrent ceux de sa famille. »

Avant d’ajouter (petit détail délicat) que l’on retrouve le lendemain matin

« la main laquelle lui avait été coupée et une grande partie de sa cervelle, laquelle fut recueillie et mise au cercueil avec le corps. »

Oui, Louis avait été tué d’un coup de hache dans le crâne, de « telle manière que la cervelle chéyt dessus la chaussée. » Son bras avait été aussi tranché.

Sinistre présage...

Imaginez une église noire de monde : le roi de Sicile, le duc de Bourbon, moult princes et gratin défilent sans arrêt. Même Jean sans Peur fait l’affront de venir ! Il verse une larme, comme tout le monde, et tient un coin du drap mortuaire.


Mais quand le sang jaillit des plaies du mort, quand il s’approche pour lui jeter de l’eau bénite... sinistre présage ! Au Moyen Âge, quand le sang d’un assassiné goutte tout seul, c’est le signe que le meurtrier se trouve dans les parages !

Sources

  • Jacques Hillairet. Connaissance du vieux Paris. Éditions Princesse, 1963.
  • Berthold Zeller. Louis de France et Jean sans Peur, Orléans et Bourgogne. 1886.