De la poésie, que diable !
À la toute fin du 14e siècle, le comté de Blois passe au frère du roi Charles VI, le duc d'Orléans.
Son fils Charles est fait prisonnier à la bataille d'Azincourt.
Même Jeanne d'Arc, qui disait qu'elle irait le chercher, ne bouge pas le petit doigt !
Alors, Charles reste 25 ans enfermé dans la sinistre tour de Londres.
Shakespeare lui fait même référence, dans son Henry V...
Avant ça, Charles avait eu le temps d'aménager à Blois une luxueuse bibliothèque garnie des précieux manuscrits de son père... parce que Charles est un poète !
Il écrit beaucoup en prison, tout nostalgique de ses bords de Loire :
« En regardant vers le pays de France, un jour m'advint, à Douvres sur la mer, qu'il me souvint de la douce plaisance. »
On mange, on s'amuse
Charles se fait libérer à l'âge de 50 ans...
Il épouse la jeune Marie de Clèves (15 ans !) et finit ses jours à Blois, au milieu d'une cour raffinée, où les arts sont à la fête.
On organise des concours de poésies, de vraies joutes verbales endiablées.
Le but ? Composer des poèmes sur des thèmes donnés, comme « Je meurs de soif près de la fontaine »...
Charles y participe aux côtés de ses amis le poète Villon, le roi René, Pierre de Brézé...
Pour vous donner un petit aperçu des talents de Charles, voilà un de ses poèmes, probablement écrit de retour de prison :
« En tirant d'Orléans à Blois, L’autre jour par eau je venais. Si rencontre par plusieurs fois Vaisseaux, ainsi que je passais, Qui cinglaient leur droite voie Et allaient légèrement, Pour ce qu’eurent comme voie, À plaisir et à gré le vent. »
Et quand Charles ne poétise pas, il s'occupe de son beau château. Il y collectionne des objets étranges.
Entre autres, des « oiseaux de Chypre », petites cages en forme d'oiseaux où l'on mettait des sachets odorants, pour parfumer l'air...
Source
- Pierre Champion. La vie de Charles d'Orléans. 1911.