Vous saurez tout sur la naissance et le baptême de Louis IX à Poissy !

Blanche de Castille et Louis IX (Bible de Tolède, 1240) | ©Levan Ramishvili / Flickr / Public domain

Direction la collégiale Notre-Dame de Poissy, lieu de baptême de Louis IX.

Poissy, la cité qui a également vu naître le roi de France !

Qui sont les parents du futur roi ?

Le père du futur roi s’appelle Louis. Louis VIII, surnommé le Lion. Le fils du grand Philippe Auguste, le vainqueur de la bataille de Bouvines.

La mère s’appelle Blanche de Castille. La petite-fille d’Aliénor d’Aquitaine, fille du roi de Castille et de Tolède Alphonse VIII.

Ils se marient en 1200 : il a 13 ans, elle 12.

Le couple, uni, donne naissance à 11 enfants, entre 1205 et 1234 : 10 garçons et 2 filles. Seulement 5 atteignent l’âge adulte.

C’est Aliénor d’Aquitaine qui va chercher la future bru, sa petite-fille, par-delà les Pyrénées, malgré son grand âge (80 ans) et la rigueur de l’hiver 1200.

Un mois plus tard, elle trouve, à la cour de Burgos, la jeune Blanche, qui « était la plus belle dame que l’on pût voir ni regarder en son temps. »

C’est dans la cité normande de Port-Mort (27), que les deux jeunes gens se marient. Sur les terres du roi d’Angleterre !

La cérémonie ne peut avoir lieu sur le territoire français… savez-vous pourquoi ?

Le pape a frappé Philippe Auguste, le père de Louis VIII, d’interdit, à la suite de la répudiation de son épouse Ingeburge !

Sacre de Blanche de Castille et d'Henri VIII | Sacre de Blanche de Castille et de Louis VIII | ©The British Library / Public domain

Un roi de France né à Poissy

Les cloches se taisent !

Louis IX naît le 25 avril 1214 au château de Poissy, la résidence favorite des Capétiens.

Mais revenons un peu en arrière...

Le roi Philippe Auguste presse sa belle-fille Blanche, sur le point d'accoucher, de quitter le palais du Louvre, à Paris.

L’air est terriblement vicié ! Il l’installe au château de Poissy, dont l’air est mille fois plus pur.

Le 25 avril 1214, des douleurs saisissent Blanche.

Ses appartements se trouvant tout près de l’église de Poissy, on ne fait plus sonner les cloches, de peur que le bruit ne la gêne, alors qu’elle souffre tant !

Blanche, les doigts crispés sur les draps de son lit, demande à voix basse la raison du silence.

Elle ordonne que les cloches sonnent à nouveau, et se fait transporter dans un bâtiment dit la Grange aux Dames, où elle donne naissance à Louis.

Poissy... ou Neuville-en-Hez ?

Louis IX est-il vraiment né à Poissy, dans les Yvelines ? Ou dans l’Oise, à Neuville-en-Hez ?

Le débat fait rage depuis le milieu du 18e siècle !

Le chroniqueur Joinville écrit sur la naissance de Louis : « Ainsi que je lui ai ouï dire, il naquit le jour de saint Marc l’évangéliste après Pâques. »

Sans plus de détails sur la localisation ! De quoi jeter le doute...

On a parfois fait naître Louis en Picardie, à Neuville-en-Hez, dans une ferme dite depuis ce jour Grange aux Dames : Poissy n'a alors été que le lieu du baptême.

Nous, nous croyons Saint Louis, qui se présentait, on va le voir, comme « Louis de Poissy » : il serait plutôt bien né dans le château de cette cité, puis immédiatement baptisé dans la collégiale !

Collégiale de Poissy | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Blanche de Castille, la seule reine de France à avoir allaité son enfant !

Une belle légende ? Il semblerait que le futur Louis IX ait eu une nourrice : Marie la Picarde.

Mais une anecdote rapporte que Blanche souhaite allaiter elle-même Louis.

Fillau de la Chaise, historien de Louis IX, raconte :

« La princesse, étant un jour dans un accès de fièvre qui dura longtemps, une dame de la cour qui nourrissait son enfant, craignant que le petit prince ne souffrit de besoin, lui donna la mamelle. Blanche, au sortir de son accès, demanda son fils et lui présenta le sein ; mais comme il était rassasié, il le refusa. Elle en soupçonna la cause, et demanda vivement qui avait osé la remplacer. La dame qui avait cru bien faire en agissant ainsi, s’empressa de se nommer. Mais la princesse, au lieu de la remercier, lui lança un regard irrité, et mettant le doigt dans la bouche de son enfant, elle lui fit rejeter le lait étranger qu’il avait pris. »

Fonts baptismaux de Louis IX | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Le baptême à Poissy

Le nouveau-né se fait baptiser dans la collégiale de Poissy, où l’on voit encore les fonts baptismaux en pierre.

Plus tard, à l’âge adulte, Louis IX aime à rappeler que c’est le jour de son baptême qu’il est vraiment né, et que « c’était là qu’il avait reçu le plus grand honneur qu’il eut jamais eu », dixit Le Nain de Tillemont.

Guillaume de Nangis rapporte dans ses Annales du règne de saint Louis :

« Il advint que le roi se trouvant au château de Poissy, et s’entretenant familièrement avec quelques-uns de ses plus intimes courtisans, il leur dit que le bien le plus précieux et le plus grand honneur que le seigneur Dieu eût jamais accordé en ce monde, c’était dans ce château qu’il l’avait reçu. En entendant ce propos, les courtisans parurent surpris, car ils pensaient qu’il eût dû parler ainsi de la cité de Reims, où il avait reçu la couronne de France. Le roi, devinant leurs pensées, se mit à sourire : puis il leur dit que c’était à Poissy qu’il avait reçu la grâce du saint baptême, et qu’l estimait au dessus de tous les honneurs et de toutes les dignités du monde. »

Et quand il écrivait des lettres à des proches, ou pour toute autre raison, ajoute le chroniqueur, il signait toujours, et très simplement « Louis de Poissy » !

Fonts baptismaux de Louis IX | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Les fonts baptismaux

Les fonts qui ont servi au baptême de Louis IX se sont vite retrouvés à l’état de ruines... à cause d’une étrange pratique !

Qui disait que des raclures de la pierre constituaient un puissant remède contre la fièvre.

On achetait de la poussière de cette pierre, on la délayait dans un verre d’eau et l'on buvait la mixture d’une traite.

En attendant, un certain Nicolas Mercier, professeur de grammaire au collège de Navarre, a été guéri après en avoir avalé.

En remerciement, il fait ajouter cette inscription, en 1601 :

« Ces fonts que tu vois, bien que ne renfermant pas d’eau, calment miraculeusement la soif brûlante. À peine le malade en a-t-il bu la poussière, mêlée à un peu d’eau, qu’il en sent la vertu bienfaisante. »