Philippe Ier, roi de tous les records !
Son règne de 48 ans est le plus long de l’Histoire de France, en 3e position après ceux de Louis XIV et Louis XV.
Et ce n'est pas fini !
Il est le seul roi de France à ne pas avoir été inhumé avec ses collègues dans la basilique Saint-Denis, mais à Saint-Benoît-sur-Loire.
On va voir pourquoi... ça et une histoire de ventre bien gras !
Philippe à Saint-Benoît-sur-Loire, pourquoi ?
Philippe Ier. Fils d’Henri Ier et d’Anne de Kiev.
Le premier roi de France à porter ce prénom exotique pour l’époque, d’origine grecque : Philippe.
C’est lui, qui chasse son épouse Berthe de Hollande et qui la met en prison à Montreuil-sur-Mer, où elle meurt abandonnée de tous.
Tout ça pour épouser sa maîtresse, (la jeune) Bertrade de Montfort...
Ce qui lui vaut l’excommunication du pape, en 1094 !
Tiens donc... Vous pensez à la même chose que nous ?
Que Philippe estime qu’il a eu une vie dissolue, et qu’il ne mérite pas d’être enterré aux côtés des autres rois de France, à Saint-Denis ? Sûrement.
En tous cas, après sa mort à Melun en juillet 1109 (à 57 ans), il se fait inhumer au cœur de l’abbatiale de Saint-Benoît-sur-Loire.
Pourquoi là précisément ? Il a beaucoup contribué (financièrement) à l’expansion de l’abbaye...
Le roi morfal a du ventre : la cause de sa mort
Philippe a abusé de tout, dans sa vie. Des femmes... et de la bonne bouffe. Ce qui fait très vite de lui... un obèse.
Il est grand et costaud, oui, mais ça n’empêche qu’il devient énorme, les dernières années de sa vie.
Et dire qu’il se moquait du gros ventre de son rival, Guillaume le Conquérant, vous vous rappelez ?
Bref. Les chroniqueurs le disent paresseux, glouton. Il pique sans arrêt des roupillons, dit Cabanès dans son livre Morts mystérieuses de l’histoire.
Ajoutez à cela douleurs chroniques, maladies de peau et douleurs dentaires.
Alors très vite, Philippe laisse les affaires du royaume à son fils, Louis.
Futur Louis VI... le Gros. Tiens, héréditaire de père en fils !
En tous cas, Philippe meurt à 57 ans de causes inconnues, après avoir été « moult affaibli », disent les chroniques.
Philippe, son gisant et une histoire de baumes et de cuisson
Fait rare : le gisant et les restes de Philippe Ier sont bien les seuls à ne pas avoir été saccagés, pendant la Révolution française !
La première ouverture du tombeau de Philippe a lieu en juillet 1830.
On découvre un cercueil de chêne très abîmé, avec dedans un corps de grande taille.
Mais vous savez quoi ? On va donner la parole au procès-verbal de l’architecte du département, Pagot (vu dans le livre Souvenirs historiques de l’abbaye Saint-Benoît-sur-Loire, 1838) :
« À l’intérieur, on distinguait tous les membres et leur forme. La tête présentait dans la mâchoire inférieure les dents placées dans leur alvéole et blanches comme de l’ivoire. Le corps, affaissé, était couvert d’une croûte, que du linge et des bandelettes embaumées avaient formé. On y voyait encore des herbes odorantes dont quelques débris faisaient penser que c’était de la menthe et autres herbes d’une forte odeur, mêlées avec des aromates. Les bandelettes qui enveloppent le corps sont tissées de soie écrue. »
Car si vous vous souvenez bien, tous les rois de France se font embaumer, traditionnellement. Oui, comme les momies.
Mais c’est après la mort de saint Louis et son fils Philippe le Hardi que tout change : finis les baumes qui sentent les aromates, pour conserver les corps !
On a recours à la cuisson du corps et à la séparation des os et des entrailles...