Le palais des archevêques de Narbonne, composé de son palais Vieux (12e-13e siècles) et son palais Neuf (14e-17e siècles) séparés par un passage médiéval, est l’œuvre de plusieurs archevêques et du célèbre architecte Viollet-le-Duc.
Il faut dire que dès le 4e siècle, Narbonne est le siège d'un archevêché !
1 - Le passage de l’Ancre, une histoire de poissons
Entre le palais Neuf et le palais Vieux s'ouvre un passage voûté pittoresque : le passage de l'Ancre.
Son nom lui vient de l'ancre autrefois suspendue à l'entrée, qui symbolisait les droits perçus par l'archevêque sur les poissons arrivant à Narbonne.
L'ancre a depuis disparu, mais longtemps, l'endroit a été dédié au marché, particulièrement celui de poissons.
Un passage construit en 1364 par l’archevêque Pierre de la Jugie, destiné à relier les deux tours de la chapelle Saint-Martial et de la Madeleine, permettant également de passer du palais Vieux au Neuf.
2 - Narbonne et les synodes
L’une des ailes du palais, le bâtiment des Synodes, construite au milieu du 14e siècle par l’archevêque Pierre de la Jugie, est occupée à l'étage par la salle des Synodes.
Un synode, késaco ? Une assemblée de religieux tenue par le Pape ! Aujourd’hui, le terme de concile l’a plus largement remplacé.
Et Narbonne, ainsi que son palais, ont connu plusieurs conciles importants, au cours de leur longue histoire. Notamment celui de 1227, qui a pour but, entre autres, de lutter contre l’hérésie cathare.
3 - La tour Aycelin, la défenseuse du palais
Cette tour de 42 m se voit de loin ! Elle dessine la silhouette immédiatement reconnaissable du palais narbonnais !
Elle a été construite entre 1295 et 1306 par l’archevêque Gilles Aycelin (1252-1318), conseiller du roi Philippe le Bel.
Elle comprend la salle du Trésor, ainsi qu’à l’avant-dernier niveau la salle de défense.
Cette dernière montre la fonction résidentielle, mais aussi défensive de ce donjon : sur trois des cotés de la pièce, trois embrasures dans l’épaisseur du mur abritent cinq chambres de tir.
4 - L'incroyable vestige du clocher de Théobard
La cathédrale voisine actuelle, construite dès 1272, a fait place à un monument bien plus ancien, de l’époque carolingienne.
Il n’en reste malheureusement quasiment plus rien… si ce n’est le clocher dit de Saint-Théobard, visible depuis le cloître du palais des archevêques !
Cathédrale primitive construite en 890 par celui qui lui laisse son nom, Théobard de Narbonne : l’un des premiers évêques de la ville.
5 - Louis XIII de passage au palais
C'est dans le palais Neuf, aménagé entre les 14e et 19e siècles, que se trouve le musée des Beaux-Arts.
Les espaces abritant les collections, les anciens appartements des archevêques, dévoilent des décors magnifiques.
À l’image de ceux de la Chambre du Roi, avec son plafond à l'italienne composé de caissons peints.
Cette pièce porte ce nom, car elle a été décorée et destinée à accueillir Louis XIII, en octobre 1632, en route vers Toulouse pour faire exécuter le duc de Montmorency, accusé de crime de lèse-majesté !
6 - C'est l'un des tous premiers chantiers de Viollet-le-Duc
À la Révolution, le siège épiscopal étant supprimé à Narbonne... le pauvre palais ne sert plus à grand-chose !
Acquis par la mairie en 1842, il est restauré par le célèbre architecte Viollet-le-Duc (1814-1879), dans le style néogothique.
Un jeune architecte de 25 ans… dont c’est le second chantier, après celui de la cathédrale de Narbonne ! Il n’a pas encore réalisé les restaurations grandioses de la cité de Carcassonne, de la cathédrale de Paris ou du château de Pierrefonds, qui feront à jamais parler de lui.
Nous sommes en septembre 1839 : on l’a appelé à Narbonne pour restaurer la cathédrale Saint-Just. En 1842, la municipalité lui confie cette fois la transformation du palais (qu’elle vient d’acheter) en hôtel-de-ville
Le monument est dans un piètre état… La façade donnant sur l’actuelle place de l’Hôtel-de-Ville est complètement défigurée, par des boutiques qui encombrent le rez-de-chaussée.
Pire, « d’ignobles trous carrés criblent le grand mur, percés dans soins ni précautions » !
7 - Le blason de Narbonne s'affiche en bonne place !
Le beau tympan sculpté de la façade du palais des Archevêques, c’est l’une des réalisations de Viollet-le-Duc.
On y voit trois navires rappelant le passé prestigieux de la cité de Narbonne, lorsqu’elle était grand port de commerce.
Au-dessus de ces nefs, les armoiries de la ville de Narbonne, bien sûr !
- Les fleurs de lys, pour l’attachement de Narbonne au royaume de France ;
- la clé d’or rappelant la puissance des consuls de la ville, mais aussi la position « clé » de Narbonne, jusqu’en 1659 ville frontière du royaume de France, avant le traité des Pyrénées ;
- la croix archiépiscopale d’argent, symbole des archevêques.
Sources
- L. Narbonne. La cathédrale Saint-Just. In Bulletin de la Commission archéologique et littéraire de l'arrondissement de Narbonne (tome 5). 1898.
- Viollet-le-Duc et Narbonne : un chantier fondateur [PDF en ligne]. Exposition réalisée par les Archives municipales Palais des archevêques, musée d’Art et d’Histoire, du 13 décembre 2014 au 2 février 2015. Ville de Narbonne, narbonne.fr.
- Palais des archevêques & cathédrale : parcours de visite. [PDF en ligne]. Ville de Narbonne - Service Communication et Musées de Narbonne, narbonne.fr.
- Antoine Laurent. Une nouvelle identité visuelle pour Narbonne. Gomet' Media, gomet.net. 6/06/2016.