1632. L'horrible exécution d'Henri de Montmorency à Toulouse

La cour Henri-IVLa cour Henri-IV | ©Don-vip / CC-BY-SA

Ça complote...

Henri II de Montmorency ? Petit-fils du grand Anne de Montmorency.

On l'a croisé au château d’Écouen, fâché avec son ami le roi François Ier.

Sa famille, au 17e siècle ? La plus puissante de tout le royaume de France ! Cela a dû lui monter au melon, Henri.

Quand on sait comment il est mort, ici, le 30 octobre 1632 à 14h, dans cette cour du Capitole de Toulouse...

Je ne vous ai pas raconté ? C’est parce qu’Henri complote.

Contre le cardinal Richelieu. Avec le frère du roi Louis XIII, Gaston d’Orléans.

Qui en bon petit dernier, se fait remarquer. En conspirant contre son frère et le bras-droit de celui-là, Richelieu.

Ses « initiatives » ont toujours lamentablement échoué. Et comme à chaque fois, Gaston dénonce ses complices.

On se souvient de Cinq-Mars, au château d’Effiat...

Attention à ma tête

Là, c’est Montmorency qui y passe. Parce qu’il est gouverneur du Languedoc, il file dans le Sud de la France pour tenter de lever une révolte contre le roi.

Peine perdue.

Il se fait arrêter à la bataille de Castelnaudary par l’armée royale, blessé. Et ça ne rate pas.

Le Parlement de Toulouse le condamne pour crime de lèse-majesté.

Henri doit rendre son bâton de maréchal de France et demander pardon au roi.

Avant de se faire emmener dans la cour intérieure du Capitole, pour se faire décapiter...

Regardez, justement : il arrive. « Vêtu d’un pourpoint, en chemisette et caleçon en toile blanche » disent les registres du Capitole.

Il murmure au curé qui l’accompagne de faire attention à sa tête.

Il a toujours eu une frousse bleue « d’une tête roulant sanglante au pied d’un échafaud »...

Ses derniers mots ? Pour le bourreau : « Frappe hardiment. »

Exécution de MontmorencyExécution de Montmorency | ©The British Library / Public domain

La lame du bourreau

Le bourreau dispose d’un « damas à décoller. »

Sorte de grand couteau, dont on se servait pour les exécutions des condamnés, à Toulouse.

Pour la « décollation » : joli petit nom, pour la décapitation...

D’autres textes, pourtant, parlent d’une sorte de guillotine, pas d’un sabre.

Histoire de France sous Louis XIII de Bazin raconte :

« Le duc mit la tête sur le billot, au-dessus duquel était suspendue une sorte de doloire (lame, ndlr), tenue entre deux ais (planches, ndlr) de bois, et attachée par une corde qui, en se lâchant, la faisait tomber. »

Et c’est là que ça devient franchement affreux, car la guillotine, mal rodée, ne tranche pas bien.

On doit s’y reprendre à plusieurs fois...

On rapporte que quand on ouvre les portes du Capitole après l’exécution, la foule se précipite pour toucher le corps de Montmorency et tremper des linges dans son sang.

À sa manière, c’était devenu un martyr...

Sources

  • Perrin-Paviot. Histoire de la ville de Toulouse. 1841.
  • S. Manaut. Monographie de la basilique Saint-Sernin de Toulouse. 1894.