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Montgomery, un régicide malgré lui à Ducey

Quand : 1530 - 1596

Mort de Henri II | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0
Château Gabriel de Montgomery Château des Montgomery

Allons à la rencontre du plus célèbre seigneur du château de Ducey : Gabriel de Lorges, comte de Montgomery, capitaine de la garde écossaise.

Célèbre régicide d’Henri II, redoutable commandant protestant pendant les guerres de Religion !

N.B. : Il semble que la langue française préfère Montgommery avec deux « m. » J'ai choisi, dans les anecdotes, la graphie avec un seul « m », qui correspond à la langue anglaise.

Les Montgomery dans leur fief

La terre natale de Gabriel

Ducey a été l’un des centres les plus redoutables du protestantisme en Normandie !

Ses seigneurs, les Montgomery, ont été largement mêlés aux guerres de Religion.

Les Montgomery arrivent à Ducey lorsque l’un d’eux, Jacques, officier de la vieille garde écossaise, épouse l’héritière de Ducey, Claude de la Boissière. Ils ont deux fils, François et Gabriel Ier : l'homme qui nous intéresse ici !

C’est le fils de Gabriel Ier, Gabriel II, gentilhomme de la chambre du roi, gouverneur de la ville et du château de Pontorson, qui fait construire le château actuel.

Gabriel Ier, lui, naît vers en mai 1530 au château de Ducey.

Brantôme dit de lui :

« C’était le plus nonchalant en ses charges de Cour et aussi peu soucieux qu’il était possible, mais lorsqu’il avait une fois le cul sur la selle, c’était le plus vaillant capitaine qu’on eût su voir. Aussi a-t-il fait de belles guerres et y a été très heureux. »
Le château

Le château de Ducey | ©Thesupermat / CC-BY-SA

Le paternel a frôlé la catastrophe !

Le père de Gabriel, Jacques, avait déjà fait parler de lui !

Il a eu le malheur, figurez-vous, de blesser le roi François Ier en 1521, le jour de l’Épiphanie, à Romorantin.

Les courtisans s’amusent à se lancer des projectiles, ce qui leur tombe sous la main, en fait. Montgomery atteint le roi à la mâchoire avec un tison enflammé.

Une fois la blessure guérie, le roi adopte la barbe pour cacher la cicatrice… et lance une mode pour au moins un siècle. Bref !

Pas rancunier pour un sou, François nomme Jacques capitaine de sa garde écossaise.

Une garde créée par Charles VII en 1422, lorsque des princes écossais sont venus prêter main forte à la France contre l’Angleterre, pendant la guerre de Cent Ans...

Un dur à cuire, le paternel, avec moult faits d’armes à son actif : c’est lui qui amène un renfort de 1000 hommes à Bayard à Mézières, et permet la levée du siège…

La porte du château

La porte du château de Ducey | ©L. Enguehard (Xfigpower) / CC-BY-SA

Joute fatale !

Quid du fameux tournoi du 29 juin 1559, où Henri II combat contre Gabriel, et se fait mortellement blesser par lui ?

Montgomery brise sa lance dans le choc, qui se fracasse contre le plastron du roi.

Un fragment soulève la visière et transperce l’œil d'Henri… car ladite visière était baissée, mais pas attachée !

Ah, c’est ballot… Henri II agonise pendant 11 jours, dans un semi-coma.

Le roi, sur son lit de mort, aurait absout Gabriel !

« Ne vous souciez. Vous n'avez besoin de pardon, ayant obéi à votre roi et fait acte de bon chevalier et vaillant homme d'armes. »

Montgomery s’enfuit pourtant le jour même. De toutes façons, dès le lendemain, la cour le bannit.

L’affaire se répand partout en Europe. Une traînée de poudre ! Il devient « Celui qui tua a jouster le roy Henry. »

Il trouve refuge un temps à Venise, « où il vécut délicieusement » dit Brantôme, puis habite en Angleterre et revient en Normandie, chez lui, à Ducey.

Tournoi de Henri II, 30 juin 1559

Tournoi de Henri II, 30 juin 1559 | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

Changement de camp

Gabriel réchappe in extremis du massacre de la Saint-Barthélémy, en août 1572.

Prévenu à temps, il pique des deux, pourchassé par une centaine de cavaliers à la solde des Guise.

Charles IX est furieux de le savoir encore en vie. Sa tête est mise à prix, alors qu’il a trouvé refuge en Angleterre, on l'a vu.

La cour garde une dent contre lui et ne veut plus le voir. Blessé, Montgomery se cloître chez lui en Normandie, à Ducey, et adhère au protestantisme, mettant la région à feu et à sang.

Il devient le « redoutable Montgomery » :

« Il battit les troupes royales, brûla tout, tuant tout, saccageant tout, semant l’épouvante parmi les catholiques, célébré par les huguenots comme l’Ange de la Délivrance. » (Vie de Blaise de Montluc, J. Le Gras)

C’est d’ailleurs à Domfront, dans l'Orne, qu’il se fait arrêter.

La fin du seigneur de Ducey

Catherine de Médicis le fait enfermer à la Conciergerie.

Il est jugé, torturé, passé à la question ordinaire et extraordinaire et finalement exécuté place de Grève, pour crime de lèse-majesté, le 26 juin 1574.

Catherine est là, aux premières loges avec toute la cour...

Conclusion

Les Montgomery, présents depuis le 16e siècle à Ducey, disparaissent de la cité normande, au début du 18e siècle.

Avant cela et après la mort de Gabriel, son fils Gabriel II a pu réoccuper le château en 1596.

Et tant mieux, le régicide avait dit au bourreau, avant sa décapitation :

« Dites à mes enfants que s'ils ne peuvent reprendre ce qui a été pris, je les maudis de ma tombe. »

Sources

  • Léon Marlet. Le comte de Montgomery. 1890.
  • Édouard Le Héricher. Avranchin monumental et historique. 1845.
  • Alexandre Dumas (père). Les Romans de la Renaissance. 2012.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !