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Le pruneau d'Agen : prunes des Croisés, Molière et sergents

Pruneaux | david pacey / CC-BY
Croisades Spécialité Mme de Sévigné Molière

Késako ?

Après la prune de Brignoles (83), voilà le pruneau d’Agen...

Un fruit séché connu depuis l’Antiquité pour ses vertus diététiques et médicales.

Très sucré, moelleux et tout noir, on le mange nature, dans des plats salés et bien sûr dans des tartes et des gâteaux...

Depuis 2002, le pruneau d'Agen bénéficie d’un I.G.P. (Indication Géographique Protégée). On le produit dans 6 départements du Sud-Ouest de la France : Lot-et-Garonne bien sûr, Dordogne, Gers...

La petite histoire

Tout ça pour des prunes !

La prune d’Agen (ou « prune d’ente », ente voulant dire « greffe ») vient à la base de Syrie : merci qui ?

Les Croisés, qui la ramènent de Damas en 1148 : une deuxième croisade désastreuse, d’ailleurs, qui sera à l’origine de l’expression « faire quelque chose pour des prunes. »

Le siège de Damas n’a rien rapporté, ils sont revenus avec seulement... un pied de prunier. Ils ont donc fait le voyage pour des prunes !

Un pruneau pour la disette

Dans la région d'Agen, ce sont les moines de l’abbaye de Clairac (47) qui cultivent les premiers les prunes en les « entant » à des variétés locales, d’où le nom de « prune d’ente. »

Ils découvrent aussi que l'on peut les faire sécher pour en obtenir quelque chose de délicieux, sucré et parfumé... et que l’on conservait longtemps, très longtemps ! Pratique, en cas de disette.

Des sergents à Molière

Au 18e siècle, on appelle le pruneau « prune du sergent » ou « robe de sergent », rapport au costume des sergents pendant la Révolution, dont la couleur ressemblait à celle du fruit...

Depuis la prune de Damas, le fruit a fait des petits : la Reine-Claude, en honneur de la fille de Louis XII, la prune de Monsieur, pour le frère de Louis XIV...

Molière parle de ses vertus laxatives dans son Malade imaginaire en prescrivant « le soir, des petits pruneaux pour lâcher le ventre »...

La fabrication

La récolte des prunes se fait à la fin de l’été. On les étale sur des claies, puis on les sèche dans des fours (autrefois exposées en plein soleil), pendant environ 24 h.

Ensuite, réhydratation dans un bain d’eau chaude. La pasteurisation empêche les pruneaux de pourrir et l'on peut ainsi les garder longtemps... sauf les vilains gourmands, qui vont se jeter dessus, à coup sûr !

Sources

  • Collectif. Guide Gallimard : la France des saveurs. Gallimard, 1998.
  • Article Note sur la culture du prunier dans les environs de Villeneuve d'Agen. Journal des connaissances usuelles et pratiques (tome 21). 1835.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !