
Sa mort
Le 22 août 1350, à l’abbaye de Coulombs près de Dreux, Philippe VI de Valois mourait « d’une maladie indéterminée », rapporte Augustin Cabanès.
Des excès génésiques, dit Michelet. Comprenez… trop de sexe !
Car avant de passer l’arme à gauche, le roi, en bonne santé (paraît-il), épousait à 57 ans sa cousine Blanche d’Évreux, 17 ans.
Il l’aima passionnément, mais ne profita pas beaucoup de sa présence : il devait mourir moins d’un an après…
Son gisant à Saint-Denis
Le gisant de Philippe VI fait partie d’une commande groupée faite par son petit-fils Charles V, en 1364, avec l’effigie du père de ce dernier, Jean II le Bon.
Aujourd’hui encore, père et fils reposent à Saint-Denis, côte à côte.
Charles V les commande à son imagier, André Beauneveu : un célèbre sculpteur prolifique du Nord de la France.

Roi et effigie... obèses ?
Le visage du roi Philippe VI a été sculpté d’après un moulage réalisé sur son cadavre, à sa mort en 1350.
Le roi ressemblait-il vraiment à cette effigie ?
Il aurait été… obèse, en surpoids tout du moins : c’est en tous cas ce que laissent supposer ses traits bouffis !
On sait, archives à l’appui, que la reine Jeanne de Bourgogne, son épouse, inquiète de la santé du roi, fait le vœu d’offrir à Saint-Louis de Marseille le poids de ce dernier en cire.
Elle mentionne qu’il pèse alors 250 livres... soit plus de 100 kilos.

L'inhumation du roi
On sait, grâce aux Grandes Chroniques, que le « cirurgien » Remon du Noc s’occupe de l’embaumement du corps du roi, entre le 22 et le 26 août 1350, date à laquelle le corps est rapporté à Notre-Dame-de-Paris.
Ensuite, le 28, les funérailles ont lieu.
- Le corps de Philippe VI est inhumé à Saint-Denis, « au côté senestre du grand autel » ;
- ses entrailles sont inhumées aux Jacobins, à Paris ;
- son cœur à Bourgfontaine-en-Valois.

L'embaumement du roi de France
Ralentir la décomposition !
Le corps du roi, comme le veut la coutume médiévale, est embaumé.
Il faut à tout prix ralentir la putréfaction du cadavre, et donner à la dépouille une odeur agréable, en la bourrant de plantes et d’épices, après avoir été soigneusement vidée de toutes ses entrailles.
Fait incroyable : on sait quels ingrédients utilise le chirurgien Remon de Noc, pour embaumer Philippe VI !
Les voici...
Baume fin et cire polonaise
L’épicier et valet de chambre du roi Pierre Paulmier lui fournit ainsi :
- huile de térébenthine ;
- huile de pétrole ;
- eau de vie ;
- eau de roses de Damas ;
- « baume fin », cru ou cuit ;
- gommes d’opoponax, de galbanum et d’ammoniaque.
Sans oublier camphre, « cire polonaise », girofle en poudre, « fleur de cannelle », noix de muscade et plantes « aromatisant pour mettre entour le corps. »
De la toile cirée
Il faut aussi « 16 aunes de toile cirée », pour recouvrir le corps et le mettre dans le cercueil, afin de lui éviter de prendre l’humidité…
Car ce n’est qu’à partir des funérailles de Charles VI, en 1422, qu’une effigie, un mannequin, va être utilisée pour se substituer au corps d’un souverain, pour permettre à la cour de lui rendre un dernier hommage.

Les comptes des funérailles du roi
Les comptes de l’argentier de Philippe VI, Étienne de la Fontaine, détaillent les frais relatifs aux obsèques du roi.
Ce qui donne aussi un excellent aperçu des coutumes liées aux funérailles de l’époque !
Le chariot de reliques
Pour le « chariot des reliques », on fait faire une couverture « de 4 aunes de fin pers azuré. »
La chambre de deuil
La reine commande, pour tendre sa chambre de noir, « 37 pièces de cendaux (tissu de soie) noirs pour faire la courtepointe de ladite chambre. »
Ce qui n’est pas sans rappeler la chambre de deuil de la veuve d’Henri III, au château de Chenonceau !
Le lit de parade
Pour le châlit (lit de parade d’un mort), on commande du drap d’or et des « gros boutons de perles » pour l’oreiller.
Le corps du roi
Quant au corps du roi, il est prévu des pièces de « drap d’or Damasque, pour faire cotte, mantel et chausses à vêtir le corps et le grand couvertoir qui fut mis sur le châlit. »
A cela s’ajoute de l’hermine « pour fourrer ledit mantel. »
Sources
- Augustin Cabanès. Les morts mystérieuses de l'Histoire. 1910.
- Raymond Cazelles. L'obésité de Philippe VI de Valois et son gisant de l'abbaye de Saint-Denis. In Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France. 1972.
- Stanis Perez. Le corps du roi : incarner l’État, de Philippe Auguste à Louis-Philippe. Perrin, 2022.
- Comptes des obsèques de Philippe VI. In Archives historiques, artistiques et littéraires (tome 2). 1890.