This website requires JavaScript.

La conjuration d'Amboise : des pendus au balcon du château

Quand : mars 1560

La conjuration d'Amboise | ©Rijksmuseum / CC0
Château Château de la Loire Guerres de Religion Exécution Château d'Amboise

Des pendus au balcon du château d'Amboise, par une belle fin d'après-midi de mars 1560 ?

Une vision cauchemardesque, prélude à l'une des guerres les plus meurtrières ayant frappé le royaume de France...

Il s'agit de la conjuration ou tumulte d'Amboise.

Le contexte : l'insupportable tutelle des Guise

Les protestants espéraient qu’après la mort accidentelle du roi Henri II, en juillet 1559, son fils et successeur, François II, allait enfin obtenir la fin de la cruelle répression les frappant.

Sauf que... le jeune roi, chétif et malade, délègue les pouvoirs à sa mère, Catherine de Médicis.

Celle-ci décide de gérer le gouvernement avec les oncles de sa belle-fille, Marie Stuart, à savoir : le cardinal Charles de Lorraine et François de Guise... chefs du parti catholique !

Autant dire que pour la fin de la répression, c'est râpé.

Guise a en plus tout pouvoir : il est lieutenant général du royaume.

Mais au fait, en face, qui trouve-t-on ?

Les protestants, menés par :

  • Louis de Condé et son frère le roi de Navarre Antoine de Bourbon (père du futur Henri IV) ;
  • les frères Coligny.

Qui grognent, dans l'ombre...

La préparation du complot

Les protestants prennent les choses en main

Tout cela nous mène jusqu'en 1560.

On compte alors près de 2 millions de protestants, en France !

Les convertis sont principalement des familles nobles, qui se sont laissées tenter par cette religion réformée venue d'Allemagne.

Réformée, car on a là une nouvelle lecture de la spiritualité, une séparation nette avec l’Église catholique et ses excès...

Hé bien, ces seigneurs protestants, agacés par la répression les frappant, décident de prendre les choses en main...

Pourquoi cette conjuration ?

Laissez-moi d'abord vous présenter le cerveau à la tête de la conjuration : Louis de Condé.

L'exécutant ? Il s'appelle Jean du Barry, dit La Renaudie. Un homme à la réputation sulfureuse, mais un guerrier au sang chaud.

À lui de recruter des hommes à travers tout le pays. Ils seront plus de 500 !

Leur but ? Enlever le roi François II au château d’Amboise, où se tient la cour depuis février 1560 !

Mais savez-vous ce que les protestants lui reprochent, à François II ?

Ils le trouvent bien trop influencé par les chefs catholiques, les Guise. Étouffé. Ma-ni-pu-lé.

Ensuite, ils prévoient de faire arrêter les Guise, puis de mettre Louis de Condé sur le trône de France.

Super plan ! Même si la plupart des réformés le désapprouvent... Antoine de Bourbon inclus.

Elizabeth Ire dans le coup

La rumeur raconte que la reine d’Angleterre Elizabeth Ire soutient financièrement la conspiration.

Elle reçoit même La Renaudie à Londres !

La toute puissante queen craignait que l’union de la France avec l’Écosse (après le mariage de François II de France avec Marie Stuart) ne devienne une menace pour l’Angleterre...

La conjuration d'Amboise, jour J

Le complot éventé, du sang sur la ville

Allez savoir comment, les Guise ont vent du complot.

Après une attaque éclair sur le château d'Amboise, les conjurés se font arrêter et cruellement punir.

Une punition hors-normes, sanglante...

100 conjurés se font pendre au grand balcon de fer du château d’Amboise.

Les autres sont noyés dans la Loire ou lynchés par la foule en délire.

Voilà ce que raconte Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, tome 9 (Henri Martin, 1855) :

« La Loire était couverte de cadavres attachés, six, huit, dix, quinze, à de longues perches. Les rues d'Amboise, tapissées de corps morts, ruisselaient de sang humain : on ne fit que décapiter, pendre ou noyer gens, durant tout un mois. Ce qui était étrange à voir, disent les contemporains, et qui jamais ne fut usité en aucune forme de gouvernement, on les menait au supplice sans leur prononcer en public aucune sentence, ni déclarer la cause de leur mort, ni nommer leurs noms. »

Un corps en morceaux aux quatre coins de la ville

La Renaudie ne fait pas long feu : un coup d'estoc le laisse froid et sanglant dans la poussière...

Son corps sera récupéré, oh oui. Mais pas de repos éternel pour son âme, oh non. On le fait écarteler, puis couper en petits morceaux.

Des trophées écarlates et macabres, exposés aux portes de la ville d'Amboise.

Summum de l'horreur : sa tête fichée au bout d'une pique, sur le pont enjambant la Loire...

Condé, in extremis !

Louis de Condé ? Lui est simplement arrêté, puis relâché faute de preuve, quant à son implication.

On l'obligera à tremper son épée dans le sang de ses amis...

Mais attendez ! On n'en a pas fini, avec Condé !

François II, qui a la rancune tenace, le fait finalement arrêter en décembre 1560 et condamner à mort !

Mais la mort brutale du jeune roi, à quelques jours de l'exécution, sauve Condé in extremis...

L'horreur sur la ville, la cour au spectacle

Au total, la conjuration d'Amboise aurait fait 1200 morts.

Et quel traumatisme, dans les esprits !

Car pendant près de 3 semaines, les corps restent pendus au balcon du château, les gibets et les arbres ne suffisant plus !

Une odeur ignoble de corps en putréfaction imprègne l'air des semaines durant.

Les dames de la cour, le roi lui-même viennent au spectacle, contempler l’horreur de cette décoration très spéciale, avant de migrer pour Blois...

Conclusion

On assiste ensuite à la mort de François II, quelques mois après la conjuration, puis le sacre de son frère Charles IX, 10 ans.

Un règne marqué par le massacre de la Saint-Barthélémy...

Il faut attendre 1598 pour qu'Henri IV signe l’Édit de Nantes, apportant à nouveau la paix et la liberté de culte aux protestants…

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !