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La chapelle royale de Dreux : les larmes de la duchesse d'Orléans

Quand : 1775 - 1839

La duchesse par Vigée-Lebrun | Rvalette / CC-BY-SA
Chapelle Lieu de sépulture Révolution Française Destin tragique Chapelle royale de Dreux

Les d’Orléans

Ils descendent en ligne droite de Philippe d’Orléans, le frère de Louis XIV.

On compte parmi eux :

  • le célèbre régent Philippe d’Orléans ;
  • Philippe-Égalité ;
  • le roi des Français Louis-Philippe Ier...
Vestiges du château de Dreux

Vestiges du château de Dreux | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Au début... Rambouillet contre Dreux !

Tout commence avec le duc de Penthièvre, Louis de Bourbon. Alors, lui, c’est le petit-fils de Louis XIV et de Mme de Montespan !

Il avait échangé Rambouillet contre le comté de Dreux, avec son cousin Louis XVI, en 1775.

C’est à cette occasion que ce dernier transforme le domaine et crée la célèbre laiterie, pour Marie-Antoinette... bref !

Les parents de Penthièvre, son épouse et leurs 5 enfants morts jeunes, inhumés dans l’église de Rambouillet, sont transférés dans la collégiale du château de Dreux.

Un château dont il ne reste pratiquement plus rien, aujourd’hui, hormis quelques tours de défense.

Duc de Penthièvre

Duc de Penthièvre | ©KU Leuven / Public domain

La famille du duc

  •  Son père, Louis Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse, dernier fils légitimé de Louis XIV, mort en 1737 à 59 ans ;
  • sa mère, Marie Victoire de Noailles, morte en 1766 à 78 ans ;
  • son épouse, Marie Thérèse Félicité d’Este, princesse italienne morte en 1754 à 27 ans.

Sur leurs 7 enfants, seuls deux atteignent l’âge adulte :

  • Louis Alexandre de Bourbon, prince de Lamballe, mort en 1768 à 20 ans ;
  • Marie Adélaïde de Bourbon, Mlle de Penthièvre, morte en 1821 à 68 ans.

Cette dernière est la seule survivante du duc de Penthièvre. C’est elle qui fera construire la première chapelle royale !

La chapelle

La chapelle | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Mme de Lamballe, l’absente ?

Oui, Mme de Lamballe, la belle-fille du duc de Penthièvre ? Elle aurait dû reposer dans la chapelle. Si seulement...

Le 3 septembre 1792, à 42 ans, l’amie de Marie-Antoinette était lynchée, massacrée par la foule à Paris.

Sa tête, macabre et sanglant trophée, au bout d’une pique !

Le duc de Penthièvre envoie rechercher les restes de sa belle-fille, inhumés au cimetière parisien des Enfants-Trouvés.

En vain, ils ne seront jamais retrouvés...

Mme de Lamballe

Mme de Lamballe | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

La Révolution, l'heure des exhumations

Le duc de Penthièvre rejoint sa famille, à sa mort en mars 1793 ; il est inhumé clandestinement.

Mais en novembre, la collégiale Saint-Étienne du château de Dreux se fait saccager !

Les statues brisées, les sépultures violées et les corps arrachés des cercueils, jetés dans une fosse commune dans le cimetière voisin de la collégiale, « jetés pêle-mêle, sans linceuls, dans une fosse carrée de dix pieds de largeur. »

Ils sont ensuite mélangés à des décombres de pierres provenant de la démolition du donjon du château.

Un certain Lefebvre, ancien serviteur des Bourbons, déblaie le terrain et marque d’une croix discrète l’emplacement des corps.

Il fait ceci pendant 16 nuits, avec l’employé du télégraphe installé sur les ruines du donjon, à raison de trois heures par nuit, de peur d’éveiller les soupçons des autorités...

La chapelle : détail

La chapelle : détail du porche | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

La chapelle de la duchesse d'Orléans

En 1797, la duchesse d’Orléans Marie Adélaïde de Bourbon, dernière fille du duc (mère du futur Louis-Philippe Ier), sort de quatre ans d’emprisonnement, à la prison du Luxembourg.

Rien ne lui est épargnée : on l’expulse de France, le château et la collégiale de Dreux sont saisis et vendus comme biens nationaux à un maçon.

La chapelle : détail

La chapelle : détail | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Cette dame de 61 ans, prématurément usée par la vie, a vu :

  • ses deux fils mourir jeunes de maladie en 1807 et 1808 (les princes de Montpensier et Beaujolais, emprisonnés à Marseille) ;
  • son mari Philippe d’Orléans, dit Philippe-Égalité, mourir guillotiné en 1793...

Revenue d’exil, la duchesse rachète le terrain en 1816, et fait construire une chapelle néo-gothique, à l’emplacement de la fosse commune, bien décidée à donner une sépulture décente à sa famille, dont quelques restes ont été retrouvés.

La première dépouille inhumée, en 1818, est celle d’une des petites-filles de la duchesse, morte à l’âge de deux ans.

Trois ans plus tard, celle de Marie-Adélaïde venait la rejoindre.

La chapelle : le dôme

La chapelle : le dôme | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

L'ancien caveau des Penthièvre

Le monument ci-dessous, non loin de la chapelle royale, porte le nom de caveau des Penthièvre.

Il correspond à l'ancienne crypte de la collégiale Saint-Étienne, aujourd'hui disparue.

Creusée en 1783, y reposaient le duc de Penthièvre et sa famille, jusqu'aux profanations de 1793.

On y trouve un cénotaphe de marbre blanc, à leur mémoire.

Le caveau et la chapelle

Le caveau et la chapelle | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

La nouvelle chapelle de Louis-Philippe

En 1839, la chapelle est agrandie par le fils de la duchesse, le roi des Français Louis-Philippe Ier, qui y fixe la nécropole des Orléans.

La chapelle de sa mère étant trop petite et trop simple, il la fait reconstruire.

Il y fait transférer les restes des ancêtres de sa famille, dès avril 1844.

Vous savez, ceux de l’ancienne crypte de la collégiale disparue !

Un vitrail : détail

Un vitrail : détail | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

La chapelle est un condensé de ce que les arts offrent de mieux à l’époque :

  • On doit les cartons des beaux vitraux représentant des saints, des rois et des reines de France, sur fond bleu de Sèvres, à Ingres.
  • Viollet-le-Duc quant à lui crée les pinacles néo-gothiques encadrant chacun des saints.
  • La totalité des vitraux qui orne la chapelle provient de la manufacture de Sèvres !
Vitraux

Vitraux d'Ingres | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Les incroyables gisants de la famille d'Orléans

Le dernier des Orléans à avoir été inhumé dans la chapelle ?

Il s'appelle Henri d’Orléans, comte de Paris, en 2019 : un descendant de Louis-Philippe Ier.

On trouve dans la chapelle royale, au total, 25 gisants de la famille de Louis-Philippe Ier, dus au ciseau de quelques-uns des plus grands sculpteurs du milieu du 19e siècle : James Pradier, Aimé Millet…

Les gisants

Les gisants | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Famille de Louis-Philippe... non, attendez ! Pas tout à fait !

En sortant de la chapelle, dans une niche, on peut voir la très discrète sépulture de Jacques Marie Rouzet (✝1820), chancelier et amant de la duchesse d’Orléans.

Elle a demandé à ce qu’il soit inhumé à Dreux : elle ne devait lui survivre qu’un an.

En attendant, pour découvrir les incroyables gisants de la chapelle, rendez-vous sur cette page !

Sources

  • Eustache de Rotrou. Dreux : ses antiquités. 1879
  • Édouard Lefèvre. Documents historiques sur le comté et la ville de Dreux. 1859.
  • Article Chapelle royale de Dreux (Eure-et-Loir) : la nécropole des Orléans. Site internet tombes-sepultures.com.
  • Claire Béguin. Article en ligne du quotidien L’Écho Républicain. Dreux : les secrets du caveau de la chapelle royale. 02/04/2017.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !