This website requires JavaScript.

La bataille de Saint-Aubin-du-Cormier, un terme sanglant à la Guerre folle

Quand : 28 juillet 1488 - 20 août 1488

Bataille de St-Aubin (Les grandes cronicques de Bretaigne) | ©Tablettes rennaises / Public domain
Château Bataille Anne de Beaujeu Charles VIII Louis XII Château de Saint-Aubin-du-Cormier

La bataille marque le début de la soumission bretonne aux rois de France !

Le mémorial

Un mémorial a été construit près de la route D794, non loin du bourg de Saint-Aubin-du-Cormier.

Il s’appelle la croix des Bretons, Kroaz ar Vretoned.

Une simple croix de pierre surmonte un amas de blocs de roches.

On y lit ces lignes, sur une plaque :

« 6000 Bretons sont morts ici pour défendre l’indépendance bretonne, le 28 juillet 1488. »
Croix des Bretons

Croix des Bretons | ©Abujoy / Wikimedia Commons / CC-BY

Les ruines du château

On voit encore à Saint-Aubin les ruines du château démantelé après la bataille, sur ordre de Charles VIII de France, construit vers 1226 et agrandi entre 1449 et 1486.

Château de St-Aubin

Château de St-Aubin | ©GO69 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Le contexte : une guerre... folle !

Ce qui mène à cette bataille ? La Guerre folle !

Une poignée de seigneurs ayant des griefs contre le pouvoir, en la personne de la régente Anne de Beaujeu.

La régence (contestée) d'Anne de Beaujeu

Le roi Louis XI meurt en 1483. Charles, son fils, est tout jeune.

Destiné à régner sous le nom de Charles VIII, mais pas tout de suite !

Pour le moment, c’est sa sœur aînée, Anne, 22 ans, qui assure la régence d’une poigne très autoritaire.

Elle a intérêt : femme seule dans un monde d’hommes… avec des princes qui contestent une régence au féminin, et se verraient bien roi à la place d'Anne !

À commencer par le duc Louis d’Orléans (futur Louis XII).

Il en a gros sur la patate : Louis XI l’a obligé à épouser sa fille boiteuse, la pauvre Jeanne de France, dans l’espoir que ce mariage (qu’il espère stérile) provoquerait la fin des Orléans, qu’il hait plus que tout...

Lancement des hostilités

En 1484, les États-Généraux se réunissent à Tours. Ils ont des revendications !

Mais surtout, ils demandent que la présidence du Conseil royal soit confiée au duc d’Orléans, petit-fils de Charles V.

Anne ne cédera sur rien. Humilié, Louis déclare la « Guerre folle » à la régente.

Les armées du roi assiègent la Bretagne

D'Orléans s’allie au duc de Bretagne François II, pour entamer sa guerre.

Ni une ni deux, Anne de Beaujeu ordonne l’invasion de la Bretagne. Louis ? Il se réfugie à Nantes !

Début 1487, Charles VIII envoie ses armées prendre Ploërmel, Vannes, puis assiège Nantes, avant de connaître l’échec devant la résistance des habitants.

Alors que les Bretons ont repris Vannes en 1488, Charles VIII envoie une armée colossale, qui s’empare de Châteaubriant et Fougères.

Il faut en finir… la bataille finale peut avoir lieu… Saint-Aubin-du-Cormier !

La bataille de Saint-Aubin en détail

Une bataille éclair !

Commencée vers 14h, elle finit... vers 18h !

  • D'un côté, 12 000 Bretons alliés aux Anglais, Allemands et Espagnols, menés par le maréchal de Rieux ;
  • en face, les 15 000 Français de Charles VIII dont 8000 Suisses, commandés par Louis La Trémoille.

Le Guide de la Bretagne mystérieuse indique que le lieu de la bataille est un tertre entre l’étang d’Ouée, l’étang de Roussière et la cité de Saint-Aubin : la lande de la Rencontre.

Pocquet de Haut Jussé dit :

« C’est dans ce cadre de verdure, par une chaude soirée de fin de juillet, au milieu de ce paysage d’un caractère si breton, que l’indépendance de la Bretagne devait sombrer sans retour. Les courts ajoncs et la bruyère rose des landes allaient boire à flots le sang breton. »
Bataille de St-Aubin (1788)

Bataille de St-Aubin (1788) | ©Musée de Bretagne / Public domain

Cris de guerre !

Le combat commence par la décharge des canons des deux armées. Des morts dans les deux camps, d’emblée.

Sur quoi les soldats marchent les uns vers les autres :

  • les Bretons au cri de Saint Samson, car c’était le jour de la fête de cet évêque, patron de la Bretagne ;
  • les Suisses, au cri de Saint Lau.

Un bain de sang

Le choc est violent, la mêlée générale et sanglante.

Les Bretons sont furieux, le sang gicle, les Français doivent reculer.

Au début, ce sont les Bretons qui ont l’avantage. Mais bientôt, les troupes françaises les broient.

C’est un massacre. Un bain de sang. Les cadavres en bouillie des Bretons recouvrent le sol, bientôt.

On parle de 5000 à 6000 Bretons tués, contre 1400 victimes françaises !

Château de St-Aubin, XVe s.

Château de St-Aubin, XVe s. | ©Musée de Bretagne / Public domain

Au château, le soir de la bataille

Le soir de la bataille, Louis d’Orléans a été fait prisonnier.

La Trémoille invite Louis et les chevaliers captifs au château de Saint-Aubin, où il a pris ses quartiers pour dîner. A la fin du repas, deux moines entrent dans la salle.

La Trémoille dit aux prisonniers inquiets qu’il laisse au roi de France le soin de les juger, en tous cas pour Louis.

Les autres sont coupables d’avoir fomenté la guerre. Coupables de crime de lèse-majesté.

Les moines ? Ils sont là pour entendre leur confession, avant leur exécution...

Silence, avant des cris de protestation et d’effroi ! La Trémoille donne l’ordre de les conduire dans la cour du château, pour y être exécutés.

Louis d'Orléans, lui, est emmené en prison à Sablé, à Lusignan, puis à Bourges.

Conclusion

Le traité du Verger

Le 20 août suivant, le duc François II de Bretagne et le jeune roi de France Charles VIII signaient le traité du Verger, dans la Sarthe.

Traité qui mettait fin à la Guerre folle.

Le Breton reconnaissait devoir l’hommage lige au roi de France.

D'ailleurs, François II meurt de chagrin, dit la légende, en septembre de la même année...

Traité du Verger, 1488

Traité du Verger, 1488 | ©Tablettes rennaises / Public domain

L'union de la Bretagne à la France

Anne, la fille du duc François, prend sa place à la tête du duché breton. Elle a 12 ans.

Elle se fait couronner et se marie par procuration avec l’archiduc d’Autriche Maximilien de Habsbourg. La Bretagne est… autrichienne !

Mais Charles VIII rappelle qu’elle a violé le traité du Verger, qui fait qu’elle ne peut se marier sans consentement du roi de France !

Anne tiendra tête au roi, avant de céder et casser son union.

Charles VIII finit par épouser Anne en 1491, après le renvoi honteux de la fiancée de Charles, la petite Marguerite d’Autriche

Et en 1532, François III signe l’union entre la Bretagne et la France.

Sources

  • Amédée Gouët. Histoire nationale de France d'après les documents originaux (tome 5). 1868.
  • Article Bataille de Saint-Aubin-du-Cormier. La Revue illustrée de Bretagne et d’Anjou (1re année). 1886.
  • Arthur Le Moyne de La Borderie. Louis de La Trémoille et la guerre de Bretagne en 1488. 1877.
  • Gwenc'hlan Le Scouëzec. Guide de la Bretagne mystérieuse. Éditions Tchou, 1966.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !