Une forteresse royale
Le logis royal du 15e siècle, on l'aperçoit de loin à Loches, avec ses hautes fenêtres se dressant au-dessus des toits des maisons et du cours tranquille de l'Indre !
Dès le 6e siècle, Grégoire de Tours parle d’une forteresse dominant une petite cité et son monastère, ouverts sur la vallée de l’Indre.
Passée aux comtes d’Anjou, du 10e au 13e siècle, la forteresse se transforme, un petit château résidentiel vient se greffer… jusqu’à ce que Loches soit acheté en 1249, par le roi saint Louis.
Il va alors servir… de résidence royale ! Louis IX, Philippe le Bel, Jean le Bon y séjournent. Mais surtout Charles VII, qui transforme le petit château en l’agréable logis que l’on voit aujourd’hui.
C’est notamment ici en 1429, après sa victoire à Orléans, que Jeanne d’Arc retrouve le roi pour le décider de se faire sacrer à Reims !
Là aussi que Charles VII installe sa maîtresse, la mythique Agnès Sorel. C'est entre ces murs qu’Agnès coule des jours heureux, auprès de son royal amant.
Elle aime tellement l'endroit, qu'elle demandera à être inhumée dans l’église voisine, aujourd’hui collégiale Saint-Ours !
Du vieux... au neuf !
Le logis royal se compose en fait de deux parties, construites à deux époques différentes. La partie la plus ancienne et la plus haute s’appelle le « Vieux Logis », du 14e siècle.
Il a ensuite été prolongé sous les règnes de Charles VIII et Louis XII par un « Nouveau logis », dans le style Renaissance.
Un gisant dans la tour d'Agnès !
La « tour Agnès Sorel » (13e siècle) est connue depuis le 16e siècle comme la « tour de la Belle Agnès. »
C’est entre autres ici, que le gisant de la maîtresse du roi a longtemps été exposé ! Agnès Sorel avait souhaité reposer dans sa cité de Loches, dans l’église voisine du logis.
Un repos éternel plusieurs fois troublé, notamment, lorsqu’en 1801, le préfet Pommereul fait restaurer le gisant abîmé à la Révolution et le fait placer dans cette tour, dans une minuscule salle voûtée. De 1805 à 1970, les visiteurs se succèdent, malgré l’étroitesse du lieu. Ensuite, pour plus de visibilité, le gisant est déplacé dans le logis royal même.
Ce jusqu’en avril 2005, où, pour respecter les dernières volontés d’Agnès, son gisant ré-intègre enfin sa place originelle : la collégiale Saint-Ours de Loches !
Le Diptyque de Melun
Le logis de Loches abrite une reproduction du Diptyque de Melun. Peint vers 1455 par le peintre tourangeau Jean Fouquet, pour le comte du financier de Charles VII, Étienne Chevalier (un des exécuteurs testamentaires d’Agnès Sorel, également).
La renommée de Fouquet n’est alors plus à prouver : il a travaillé notamment pour le pape Eugène IV et réalisé le portrait de Charles VII.
Ce tableau à la base en deux parties (un dytique) était autrefois conservé en l’église Notre-Dame de Melun, avant sa dispersion au 18e siècle.
La partie qui nous intéresse est celle représentant la Vierge allaitant, entourée d’anges. Une vieille tradition dit que les traits de la Vierge sont ceux d’Agnès Sorel !
Le peintre aurait osé représenter la vierge Marie sous les traits de la maîtresse du roi, poitrine dénudée ! Quelles sont les raisons de ce choix ? C’est un mystère, si tant est que les traits sont bien ceux d’Agnès.
Le portrait de Charles VII
Tiens ! Reparlons de Jean Fouquet ! Dans le logis est également exposée une copie du portrait que Fouquet réalise du roi Charles VII, vers 1450, aujourd’hui au musée du Louvre.
Sources
- Guide vert Michelin Châteaux de la Loire. 1992.
- Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas, 2001.