Qu'est-ce qui pousse Jeanne à Loches ?
Le siège et la libération d’Orléans par l’armée de Jeanne d'Arc, le 8 mai 1429, a été sans pareil.
Les Anglais ne s’expliquent pas cette victoire, les Français exultent !
Charles VII, celui qui n’était encore que le dauphin, le roi de Bourges, devait se faire couronner roi de France. Il était temps.
Avant que l’ennemi ne fasse sacrer leur roi, Henry VI.
Mais pour se faire couronner, pas le choix. Il fallait se rendre à Reims ! Mais... plus facile à dire qu’à faire !
Traverser cette partie de la France quasiment entièrement anglaise relevait de l'exploit : « Depuis Orléans jusqu’audit Reims, tout était à la dévotion de l’Anglais », écrit Jean Rogier.
Et alors que tous les conseillers de Charles lui préconisent prudence et patience, Jeanne, au contraire, le pousse à se dépêcher.
Elle dit :
« C’est à Reims qu’il faut faire couronner et sacrer le gentil Dauphin. Après son sacre, la puissance de l’ennemi tombera, et il ne pourra plus nuire, ni au roi, ni au royaume. »
Et puis un matin, voilà Jeanne qui prend le fidèle compagnon d'armes Dunois sous son bras, et galope vers Loches où se trouve alors Charles...
L'arrivée à Loches... par la porte Royale !
Jeanne d'Arc arrive par la porte Royale, pour parler au roi de la nécessité de son couronnement à Reims !
C'est à l'époque médiévale la seule porte de toute l’enceinte de la cité de Loches, qui permet d'accéder au château. Qui permet aussi de le protéger...
Des 4 portes encore debout, celle-ci est bien la plus imposante, avec son corps principal flanqué de deux énormes tours.
Elle date du 12e siècle, agrandie au 15e siècle.
Elle a un temps servi de prison, puis de musée.
Jeanne au château de Loches
Au château de Loches (actuel logis royal), Jeanne d'Arc trouve Charles enfermé « dans sa chambre de retrait », discutant avec son confesseur l’évêque de Castres Christophe d’Harcourt et le seigneur de Trêves Robert Le Maçon.
Elle frappe à la porte, sans se faire annoncer. Puis elle se jette aux pieds de Charles.
« – Gentil Dauphin, ne tenez plus tant de si longs conseils. Venez prendre votre sacre à Reims. Je suis fort aiguillonnée que vous y alliez ; et ne faites doute que vous y recevrez votre digne sacre. »
« – Est-ce votre conseil qui vous a dit cela ? » lui demande l’évêque.
« – Oui, je suis fort aiguillonnée touchant cette chose. »
« – Ne voudriez-vous pas dire, en présence du roi, la façon dont vous parle votre conseil ? »
Jeanne rougit. Elle est troublée, mais parle !
« – Quand quelque chose me tourmente, par exemple quand on ne veut point croire ce que je dis de la part de Dieu, je me retire à l’écart et je prie. Quand j'ai prié, j'entends une voix qui me dit : Fille de Dieu, va, va, va, je serai à ton aide, va. Et quand cette voix me vient, je suis si réjouie que c'est merveille. »
Et voilà Charles, troublé lui aussi, qui a entendu de l’intéressée ce que lui conseillent ses voix.
Il la croit, il ira à Reims… où il sera sacré, le 17 juillet 1429, dans la cathédrale !
Sources
- C. R. Pernin. Jeanne d’Arc à Troyes. 1894.
- Marius Sepet. Jeanne d’Arc. 1891.