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L'étrange colonne de Catherine de Médicis

Quand : 1574

La colonne et la Bourse | Mbzt / CC-BY-SA
Statue Catherine de Médicis Côme Ruggieri Colonne Médicis de Paris

Collée à la bourse de Commerce, tout près du tumulte des Halles, la haute (31 m) colonne passe aujourd'hui presque inaperçue.

Et pourtant... quelle curiosité !

Mourir... à Saint-Germain

Le vestige de l'hôtel de la Reine

Il s'agit de l'un des vestiges de l’ancien hôtel de la Reine ou hôtel de Soissons.

Ne le cherchez pas : il a été détruit, l’actuelle Bourse de Commerce se dresse à sa place.

Il s'agissait de l'hôtel de Catherine de Médicis. Pourquoi avait-elle atterri là ?

Son astrologue, ce bougre de Cosimo Ruggieri, lui avait prédit qu’elle mourrait près de Saint-Germain.

Depuis, elle avait soigneusement évité tout ce qui portait ce nom, surtout Saint-Germain-en-Laye et le palais du Louvre, celui-ci se trouvant près de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois.

L'hôtel de Soissons

Mais elle n'avait plus nulle part où habiter, à Paris, avec ces bêtises !

Alors, Catherine achète le vieil hôtel de Soissons, à la place duquel elle fait construire une grande et belle maison, par dit-on... l’architecte Jean Bullant, LA pointure de la Renaissance.

Avec, en prime, cette magnifique colonne astronomique où son astrologue, Ruggieri, pourrait faire ses observations.

Là, à l’hôtel de Soissons, enfin, la reine se détend...

La fin est proche

Mais 1589 arrive. Malade, à bout de force, Catherine part se reposer à Blois.

Son état empire... elle se meurt. On est le 5 janvier 1589.

Un jeune curé déboule à son chevet, pour lui donner l’extrême onction.

Catherine ne l’a jamais vu, elle lui demande son nom.

« Julien de Saint-Germain », dit-il.

La prédiction de Ruggieri ! Aaah... Catherine, choquée, s'éteint peu après.

Hôtel de Soissons

Hôtel de Soissons | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

Des prédictions pour la reine

On raconte que Catherine de Médicis fait construire la colonne pour ses expériences astrologiques, qu'elle adore !

Mhh... Des expériences, vraiment ?

Vous imaginez Catherine, grassouillette et malade, en train de crapahuter dans cette tour étroite, vous ?

Hé non, ce n’est pas elle qui monte, mais son astrologue, Cosimo Ruggieri… qui fait ses observations au sommet de la colonne !

Avant lui, les « mages » se succèdent.

Oui, la Florentine est fana d’horoscope et d'astrologie.

Dès qu'elle veut connaître l'avenir : elle sonne son astrologue.

Tiens, pour connaître le futur réservé à son mari Henri II, par exemple ?

Elle demande à Luc Gauric de le lui révéler, en 1552.

Il lui conseille d’éviter les tournois. Parce qu’une blessure à la tête entraînant la mort arrive vite...

Quand on sait que le roi passe l'arme à gauche lors d'un tournoi, ça fait réfléchir !

Horrifiée, Catherine veut la confirmation de ces prédictions.

Elle fait venir Nostradamus à Paris : ce dernier avait publié ses Centuries en 1555, avec la soi-disant strophe sur la mort d’Henri.

Et à la mort de Gauric, la reine le nomme astrologue de la cour.

Henri II meurt en 1559, ils avaient raison...

Nostradamus retournera chez lui à Salon-de-Provence et Catherine le remplacera par Cosimo Ruggieri.

Méridien et fleurs de lys

Mais revenons à la colonne !

Haute de 31 m, avec un diamètre de 3, la colonne dorique cache un escalier à vis de 147 marches, éclairé par de maigres ouvertures.

Autrefois, ses cannelures portaient des fleurs de lys, des couronnes et des entrelacs.

Mais regardez : on peut toujours voir les monogrammes C et H de Catherine et de son mari, Henri II.

Sans oublier les miroirs brisés : symboles de la mort tragique d’Henri, du malheur qui fait irruption dans une vie ?

À noter que c'est au 18e siècle, que le père Pingré de Sainte-Geneviève, membre de l'académie des Sciences, fait installer le méridien encore en place aujourd'hui, dans sa cage.

Sources

  • François Caradec. Guide de Paris mystérieux. Éditions Tchou.
  • Jacques Hillairet. Connaissance du Vieux Paris. Éditions Princesse, 1970.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !