Une histoire de mini-fiancée de 3 ans : 4 anecdotes autour du mariage de Louis XV à Fontainebleau
Le mariage de Marie Leszczynska et de Louis XV à Fontainebleau | ©Rijksmuseum / CC05 septembre 1725. Louis XV épouse Marie Leszczynska dans la chapelle du château de Fontainebleau.
Mais saviez-vous que Marie a 100 rivales, et que Louis a d’abord été fiancé à une toute petite fille de 3 ans ?
1 - La première fiancée de Louis XV, 11 ans... a 3 ans !
La petite joue dans sa grande chambre à Versailles. Son rire cristallin perce l’air.
Elle pépie comme un oiseau !
Elle est contente, Anne-Victoire : le roi en personne est venu la saluer et lui offrir une poupée à 20 000 livres...
Elle se moque bien, de ce que les hommes ont prévu pour elle.
Elle ne sait pas qu’à l’époque, les petites filles ne sont qu’une monnaie d’échange pour les grands de ce monde.
Des billes que l’on distribue aux rois.
Elle, c’est Anne-Victoire d’Espagne, la toute petite fiancée de Louis XV !
On a fiancé Louis XV à 11 ans, en 1721, à l’infante espagnole Marie-Anne-Victoire.
Mais la petite n’a que... 3 ans !
La future reine va mettre longtemps, avant de pouvoir donner un héritier à la Couronne de France...
Mais ça, au début, on s’en fiche. La petite Victoire est si mignonne !
Marie-Anne-Victoire d'Espagne | ©Nationalmuseum / Public domainUne toute petite fille perdue à Versailles
C’est le Régent Philippe d'Orléans (chargé de gouverner pour le petit Louis XV) qui décide de marier ses deux filles, Mlle de Montpensier et Mlle de Beaujolais, avec deux princes espagnols.
En échange ? La petite Victoire...
Imaginez une toute petite fille abandonnée en France, par sa suite, en pleurs, au milieu d’inconnus.
Heureusement, la dame française qui doit s’occuper d’elle, Madame de Ventadour, le fera comme une vraie maman !
Marie Leszczynska (M.Q. de La Tour) | ©Anecdotrip.vom / CC-BY-NC-SA« Mon papa et ma maman se parlent toujours »
Toute mignonne, Victoire ravit la cour française.
Mais elle, ce qu'elle veut, c'est plaire à son roi, qui l’attend à Versailles et se fiche bientôt carrément d’elle !
Elle dit avec ses mots d'enfant :
« Le roi est beau, il me fait des présents, il est mon mari, mais il ne me parle pas. Je suis étonnée, car mon papa et ma maman se parlent et sont toujours ensemble. »
Alors, on voit Victoire trottiner dans le grand Versailles, gazouiller, jouer avec ses poupées et « un petit Dauphin, homme de cire qui lui servait de poupée. »
Heureusement qu’elle a ses joujoux, car elle trouve la cour de Versailles beaucoup moins belle que celle de Madrid...
Et soudain... l'affront !
Sans compter que Louis XV est sans arrêt patraque et manque de mourir.
S’il meurt sans héritier, c’est un Orléans qui ira sur le trône !
Et ça, plutôt mourir. Allez, il faut lui trouver une épouse digne de ce nom, vite !
Alors, on renvoie la petite infante en Espagne, le 5 avril 1725. Représailles terribles !
Le roi espagnol chasse tous les Français de son sol : « Les Français n’auront pas assez de sang pour laver un tel affront. »
Et renvoie les deux princesses françaises, mariées à ses fils. Sans regrets !
Alors qu’en France, on pleure beaucoup la petite Victoire... qui se marie en 1729 au roi du Portugal.
Compliments faits à l'infante au Louvre en 1722 | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC02 - Marie Leszczynska sort du lot des prétendantes, mais les ragots ont failli avoir sa peau
On dégotte à Louis XV une centaine de prétendantes.
Princesses dont il faut soigneusement éplucher le CV. Louis en élimine 83 (trop âgées, trop jeunes, trop pauvres) !
Jusqu’à ce qu’il tombe sur Marie Leszczynska, la fille du roi détrôné de Pologne Stanislas Leszczynski, née en 1703 : elle a 7 ans de plus que Louis !
Oh, une vieille fille ! 22 ans, c’est très vieux, pour une future reine.
Louis s’en moque : c’est elle qu’il veut !
Bon : vous imaginez que l’annonce du mariage fait l’effet d’une bombe. Elle n’est pas de sang royal, vous comprenez !
Une obscure petite Polonaise qui épouse le plus beau parti d’Europe, quel scandale !
Les ragots la disent laide, difforme, malade : elle a « des humeurs froides » et « deux doigts qui se tiennent. »
Marie manque de se faire renvoyer chez son père. Jusqu’à ce qu’un examen médical vienne leur clouer le bec, à tous...
L'obélisque | La colonne de la Reine | ©François GOGLINS / Wikimedia Commons / CC-BY-SA3 - Les preuves de tendresse de Louis XV
Jour J ! Le 4 septembre 1725, Marie et Louis se rencontrent tout près du château de Fontainebleau, à La Grande-Paroisse.
La Colonne de la Reine (photo ci-dessus) commémore encore aujourd’hui cette rencontre !
La cérémonie nuptiale a lieu le lendemain, dans la chapelle de la Trinité du château.
Puis les deux se retirent après la petite sauterie.
Louis confie le lendemain qu’il a donné 7 preuves de tendresse à son épouse !
Chapelle de la Trinité | ©Eric Pouhier / Wikimedia Commons / CC-BY-SA4 - 8 ans : c'est le temps que Louis XV reste fidèle
Le roi s’est marié. N’empêche que l’on garde de Louis XV l’image de l'homme insatiable qui collectionne les maîtresses !
Louis, au début, est fidèle. Pendant 8 ans !
Un record, car la reine, en 8 ans, lui a donné 7 enfants (dont Louis-Ferdinand, le père du futur Louis XVI).
Des grossesses qui l’ont épuisée, brisée : « Toujours coucher, toujours grosse, toujours accoucher ! » grogne-t-elle.
Ce n’est pas une vie... Alors, Louis XV va voir ailleurs.
On ne compte plus le nombre impressionnant de maîtresses : plus de 15, en tous cas !
Mme de Pompadour (sa plus illustre favorite) lui fait même aménager un bel endroit, où il peut coucher avec qui bon lui semble, au lieu-dit du Parc-aux-Cerfs, à Versailles.
Mais Marie ferme les yeux sur les infidélités de son Louis. Elle est folle de lui :
« Je suis plus flattée d'être la femme du roi et la mère de mon fils que d'être la reine. N'en dites pas mot, mais j'aime le premier à la folie ! »
Sources
- Article Correspondance inédite de Mme d’Havrincourt à Mme d'Aumale. Mémoires de l'Académie des sciences et arts d'Arras (tome 7, série 11). 1875.
- Anne Muratori-Philip. Marie Leszczynska, épouse de Louis XV. Pygmalion, 2010.
- Charles de Franqueville. Le château de la Muette. 1915.
- J.-A. Dulaure. Histoire physique, civile et morale des environs de Paris (tome 7). 1828.
- Pierre de Nolhac. Louis XV et Marie Leczinska, d'après de nouveaux documents. 1902.
- Louis Michelin. Essais historiques et statistiques sur le département de Seine et Marne. 1841.
