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Un souvenir émouvant lié à Louis XVI conservé à l’église parisienne Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle !

Quand : janvier 1793

La chasuble d'Edgeworth, Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle | Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA
Révolution Française Exécution Église paroissiale Louis XVI Église Notre-Dame de Bonne-Nouvelle

Un objet rare se cache dans la sacristie de l’église Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, à Paris !

La chasuble que porte le prêtre qui assiste aux derniers moments de Louis XVI, sur les marches de la guillotine !

Comment se sont passés les derniers instants du roi ? Qui se cache derrière Henry Edgeworth de Firmont, l’abbé irlandais ? Et que fait la chasuble ici, à Bonne-Nouvelle ?

Fuite, retour, bannissement

On est en pleine Révolution, en juin 1791. Sentant la situation virer au roussi, Louis XVI prend sa famille sous son coude et file vers la Lorraine, se réfugier en Autriche.

La suite : arrestation à Varennes dans la Meuse, retour humiliant à Paris.

Mais hors de question de faire rentrer la vipère perfide dans son nid, à Versailles !

C’est le confinement au palais parisien des Tuileries. Et la déchéance tragique de la monarchie.

Après un procès de 16 jours en décembre 1792, Louis se fait condamner à mort. Et guillotiner le 20 janvier 1793...

Les derniers moments de Louis XVI

Dans le ventre sinistre du Temple

20 janvier 1793. Une voiture file à travers un Paris ankylosé par la neige, vers la prison du Temple.

Dans l’intérieur glacé, dans le silence de mort brisé par le bruit étouffé des sabots des chevaux, un homme. C’est l’abbé Henry Edgeworth de Firmont.

Grand, le visage grave, la Convention l’a autorisé à confesser le roi Louis XVI. Pour la dernière fois avant sa mort...

Edgeworth passe les portes sinistres du Temple, grand donjon médiéval tapi comme un fantôme de pierre hideux. Il passe les marches humides, les lourdes portes verrouillées.

Avant d’entrer dans la pénombre des appartements de Louis XVI, le roi redevenu homme.

Des sanglots étouffés

Louis remet son testament à Henry. Puis ce sont ses adieux avec sa famille.

Henry, seul à côté dans une petite pièce à la maigre cloison, entend tout. Tout. Les cris de douleurs, les sanglots étouffés. Un mari, un père, un frère va mourir, demain.

La nuit va être longue, peuplée de sursauts et de cauchemars intenses. Jusqu’au petit matin et ses premières pâleurs.

Vite, il faut se confesser ! Henry prépare l’autel sur une commode. Louis prie longtemps et refuse de voir sa famille pour la dernière fois...

L'abbé Edgeworth

L'abbé Edgeworth | ©Austrian National Library (ONB) / Public domain

Fils de saint Louis, montez au ciel !

8 h. Louis monte dans une voiture, lourdement escortée par 1500 soldats.

Depuis le Temple, dans le quartier du Marais, il leur faut 2 heures pour rejoindre l'actuelle place de la Concorde, noire de monde.

Les mains liées, Louis s’appuie sur Henry pour monter les marches de l’échafaud. Il est calme, fier, courageux.

Il lance : « Je pardonne aux auteurs de ma mort ! Je prie Dieu que mon sang ne retombe pas sur la France. »

Et avant que la guillotine ne frappe, Henry lui crie le célèbre : « Fils de saint Louis, montez au ciel ! »

On y est. 21 janvier 1793. 10h22. Louis le 16e du nom, 39 ans, vient de mourir sur la guillotine.

Qui es-tu, Henry Edgeworth de Firmont ?

Henry Edgeworth de Firmont ? Il naît en Irlande dans la province de Leinster, en 1745.

Son père, pasteur converti au catholicisme dont la famille d’origine anglaise s’installe en Irlande au 16e siècle, trouve refuge en France.

C’est là que l’on présente Henry à la sœur de Louis XVI, Mme Élisabeth : il devient son confesseur.

Un homme discret, timide : « Il a de la douceur, de l’esprit, une grande connaissance du cœur humain », écrit Élisabeth.

Mais Henry est un prêtre insermenté, je ne vous l’avais pas dit ?

Il a refusé de prêter serment à la Constitution civile du clergé, loi révolutionnaire qui restructure violemment le clergé français, en faisant mal à ses privilèges ! Pourchassés, les religieux qui ne prêtent pas serment craignent pour leur vie...

Figurez-vous qu’Edgeworth est le seul prêtre à oser venir, en habit religieux, plusieurs fois par semaine aux Tuileries, dans cette prison-château où l'on a enfermé le roi depuis son retour de fuite à Varennes !

Comment la chasuble de l’abbé atterrit à Bonne-Nouvelle ?

Tout commence quand Edgeworth demande s'il peut avoir les objets cultuels, pour célébrer la dernière messe du roi, au Temple.

On va les lui donner. Il faut juste les trouver et les emprunter. Sauf que, problème ! Les églises voisines de la prison du Temple sont fermées !

On doit aller les chercher à la nouvelle paroisse Saint-François-d’Assise (ancien couvent des Capucins du Marais, actuelle cathédrale arménienne Sainte-Croix, rue Charlot)...

Et parmi les objets qu'Edgeworth reçoit, il y a la chasuble !

Mais, minute... Pendant la Révolution française, les abbayes et les églises ferment et se font saccager. Le couvent d’où vient la chasuble n’échappe pas à la règle...

Du coup, le vêtement finit dans une église voisine... Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle !

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !