Le ras-de-bol des sœurs
Très peu de temps après sa création, l’abbaye de La Celle devient riche.
On compte alors 100 moniales, à la fin du 13e siècle ! Mais bientôt, elles ont en assez.
Elles réclament plus de libertés de mouvements, entravées disent-elles par les moines de Sainte-Perpétue, de plus en plus présents pour régenter leur vie quotidienne...
On va leur donner raison, et c’est le début de la fin !
Luxe et volupté
Voilà La Celle qui entre dans une période très particulière.
Finies la religion et ses privations, bonjour débauche et plaisirs à gogo !
Vous me croirez ou pas, mais l’abbaye devient un vrai bordel, au sens premier du terme.
On voit toute la noblesse du coin qui débarque la nuit venue à la Celle, dans les cellules de ces dames tapissées de « cuir doré » et meublées avec goût...
Tenez, les chroniques disent que les moniales « se distinguaient par la couleur de leurs jupes et le nom de leurs amants » ! C’est du propre.
François Ier et les nymphettes
Le roi François Ier, que l’on sait adorer la chair fraîche de donzelles, vient à Brignoles en visite, en 1538.
On lui offre des caisses de prunes de Brignoles oui, mais les prunes, François s’en fiche.
Il veut des femmes ! Il va être servi : alors qu’il passe par l’abbaye, surprise !
Il découvre des nonnes courtes vêtues qui lui jouent une pièce de théâtre !
Lesdites nymphettes, qui en veulent toujours plus, profitent du trouble qui monte chez le roi et obtiennent des logements à Brignoles, pour faire leurs petites affaires...
Les sœurs se roulent dans la fange
Mais rien ne va plus. Car pendant ce temps, le cardinal Mazarin était devenu abbé de Saint-Victor de Marseille.
Et il en a assez, de ces bruits qui courent sur l'abbaye de La Celle et de ses histoires de fesses ! Il tente de faire fermer le couvent, en vain.
Même une certaine Marie de Croze, moniale de La Celle (la seule à se repentir), finit par trahir ses amies et tout avouer : oui, on se roule dans la fange ! Insupportable...
Finalement l’abbaye perd son argent, puis la chute arrive. Inévitable, non ? Oh, allez, on avait bien profité...
Source
- Jean-Paul Clébert. Guide de la Provence mystérieuse. Éditions Tchou, 1968.