Anecdotrip vous propose sa sélection d'histoires d'amour : le couple incestueux des Ravalet, Marie de Clèves et son duc, Du Guesclin et Tiphaine, Agrippa d'Aubigné au château de Talcy...
SOMMAIRE
1 - L'amour tragique : la malédiction des Ravalet
2 - L'amour passionné : le duc d'Anjou et Marie de Clèves
3 - L'amour courtois : Tiphaine et son dogue
4 - L'amour complice : Mme du Châtelet et Voltaire
5 - L'amour galant : Agrippa d'Aubigné et Diane Salviati
6 - Petites balades romantiques
7 - Amour, mariage... Petites anecdotes
L'amour tragique : la malédiction des Ravalet
Meurtres et inceste
Ah, les Ravalet... Une famille qui a laissé un souvenir cruel et sulfureux, dans la région ! Il plane encore dans leur fief, le château de Tourlaville, un parfum de je-ne-sais-quoi d'étrange...
Déjà, parce que ces seigneurs se démarquent par leur grande cruauté : moult assassinats et tortures émaillent la joyeuse histoire de la lignée : l'un d'eux avait pendu haut et court un vassal qui avait moulu son grain ailleurs que sur le moulin seigneurial, un autre avait enlevé et occis la femme d'un de ses hommes d'armes, un autre avait brûlé le domaine d'un gentilhomme pour se venger de ses bêtes venues brouter dans son pré...
Et puis, tada ! Voilà l'histoire qui nous intéresse : Marguerite de Ravalet et son frère Julien, amants maudits séparés par une mort tragique en 1603. Deux enfants inconscients emportés dans la tourmente...
Le lien très fort qui unit Julien (né en 1582) et Marguerite (de 4 ans plus jeune) s'est établit très tôt : au milieu de leurs 7 frères et sœurs, difficile de passer à côté de ces deux-là, toujours inséparables !Et puis, ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau.
Vous devriez les voir, ils sont tellement beaux ! Blonds, les yeux bleus, les traits fins... Tenez, on les appelle même le « beau garçon » et la « belle damoiselle » !
Ah, ça, Marguerite l’aime très fort, son frère. Qui le lui rend bien, d'ailleurs. Ils passent tout leur temps ensemble, se baladent dans la chênaie, bavardent tout leur saoul. Oh, les parents avaient bien remarqué le lien profond qui unissait les deux enfants, mais bon... ils ne s'en soucient pas plus que ça. Ça leur passera !
Plus fort que tout
Et la belle insouciance dure jusqu'aux 12 ans de Julien : il faut qu'il aille à Coutances au collège. Ouille ! Marguerite voit son monde s'effondrer. Les deux jeunes passent leur dernier été ensemble... Mais allez, Marguerite, courage ! Julien doit partir.
Il va faire carrière dans la religion, des études de 4 ans qui l’emmèneront loin, mais qui déchire le cœur de la jeune fille...Et quand son frère revient enfin au château, 4 ans plus tard, plus beau que jamais, Marguerite exulte !
Leurs sentiments n'ont pas bougé d'un pouce... Julien et sa sœur passent leur temps dans la chambre bleue de celle-ci, s’envoyant des baisers à la dérobée, se chuchotant des mots doux. Les parents commencent à se douter de quelque chose, et horrifiés, font tout pour les éloigner l'un de l'autre !
Il faut trouver un mari à Marguerite et envoyer Julien au collège de Navarre, finir ses études, à Paris. Et tout rentrera dans l'ordre, soupirent les pauvres parents !
Les choses se gâtent !
Hola, pas si sûr ! Parce que, même loin l'un de l'autre, l'amour ne faiblit pas entre eux. Loin de là ! Julien envoie des lettres passionnées à sa sœur, sans relâche.
Mais au début de l'année 1600, le ton des lettres de Marguerite affole Julien : leur père lui a choisi un mari ! Pas un séduisant jeune homme comme lui avait conseillé des proches, pour faire oublier son frère à Marguerite, mais un homme de 45 ans, bossu, la calvitie bien avancée, franchement laid.
Le mariage est conclu. Pire, les Ravalet ont mis le marié au courant de la situation : qu'il serre un peu la vis, avec Marguerite ! Ce qu'il fait très bien, le monsieur.
Marguerite se retrouve enfermée dans ses appartements à Valognes, rouée de coups, insultée, privée de tout par un mari terriblement peu aimant et avare de tout. Au bout d'un an naît une fille. Le mari voulant un fils, il en veut toujours plus à Marguerite et les coups et les brimades redoublent.
Ça suffit ! Elle ne tient plus : une nuit de septembre 1602, elle fuit vers Tourlaville qui se trouve à quelques pas. Et Julien se trouve au château, revenu voir ses parents avant de définitivement rentrer dans les ordres !
Le drame éclate, les parents ordonnent à la jeune fille de rentrer chez son mari. Julien s'y oppose. Le mari alerté menace de révéler ce qu'il soupçonne comme une relation incestueuse... et il a des preuves !
Traque... et fin
Affolés, les deux jeunes gens s'enfuient quelques jours plus tard à Fougères, où ils se cachent 6 mois : 6 mois de peur, oui, mais ils peuvent enfin vivre heureux comme un vrai couple ! Traqués, ils quittent Fougères pour Paris, en septembre 1603.
Mais des espions veillent partout... Marguerite est enceinte, en plus. Au bout de 3 jours, les voilà arrêtés et conduits au Châtelet. Ils nient tout en bloc : Julien dit que « jamais homme plus innocent que lui n'est paru en la face de la justice, et veut être damné comme Judas si le fait dont on l'accuse est véritable. »
Ils sont accusés d'inceste et Julien d'enlèvement. Le 1er décembre, on les condamne à avoir la tête coupée. Le lendemain, ils sont conduits, main dans la main, place de Grève, pour y être exécutés... Voilà la triste fin des Ravalet.
On les enterre dans le cimetière de Saint-Jean-de-Grève. Une plaque disait : « Ci-gisent le frère et la sœur. Passant, ne t'informe pas de la cause de leur mort. Passe et prie pour leur âme. »
L'amour passionné : le duc d'Anjou et Marie de Clèves
Jour de mariage
Quelque part près de Melun, dans la morne campagne silencieuse... Un château à la silhouette toute médiévale se tient là, austère, menaçant : Blandy.
Nous sommes en août 1572, et il règne une grande effervescence ! Un vent tiède pousse de petits nuages blancs dans un ciel bleu azur, l'air est chargé de chauds relents de blés et de champs moissonnés...
Henri de Bourbon, prince de Condé, épouse aujourd'hui la belle Marie de Clèves. La reine Margot et le futur Henri IV assistent aux festivités avec toute la cour.
Pourtant, il règne une atmosphère particulièrement lourde dans la grande salle de la vieille forteresse. Peut-être parce que dans quelques jours le tocsin parisien de Saint-Germain-en-Laye va lancer le début de la Saint-Barthélémy ? Ah, regardez ! Voilà la mariée qui s'avance, terriblement pâle, vers son triste destin...
Marie de Clèves ?
Marie de Clèves, qui es-tu ? Cousine par sa mère Marguerite de Bourbon-Vendôme du jeune Henri de Navarre, futur Henri IV, elle naît en 1553.
La reine Jeanne d'Albret, future mère du Vert Galant, s'occupe de son éducation, protestante, rude et sévère. On la marie au prince de Condé, Henri de Bourbon, en août 1572, au château de Blandy-les-Tours (77). Pourquoi Blandy ?
Parce que sa propriétaire s'appelle Jacqueline de Rohan, pardi, et que c'est la grand-mère du prince de Condé ! Blandy, fief protestant par excellence, quoi ! Mais le duc d'Anjou (futur Henri III), frère et héritier du roi, fait les yeux doux à la belle...
Le duc est très séduisant, qui plus est : le visage fin, les yeux sombres et passionnés... tout le contraire du prince de Condé ! Un visage très long et pâle, des yeux globuleux, une calvitie précoce ; en plus, le bonhomme a un caractère franchement paillard...
Chemise trempée, roi envoûté
Mais comment l'histoire d'amour avait commencé, déjà ?... Oh, si, bien sûr : le regard de Marie et d'Henri s'était croisé quelques mois plus tard, lors d'une fête organisée au Louvre par Catherine de Médicis.
Marie, la blonde, la si belle, si délicate, et Henri, grand et ténébreux, élégant et racé. Le coup de foudre !
On raconte même que Marie, après avoir longtemps dansé, se retrouve toute trempée de sueur. Elle passe dans l'antichambre voisine pour changer de chemise.
Un moment après, voilà Henri qui à son tour, entre là pour se rafraîchir le visage et s'essuyer les mains avec le premier linge qui tombe à sa portée... la chemise laissée par Marie... le parfum de la jeune femme l'aurait littéralement envoûté !
Marie attend
Mais voilà, Marie est déjà fiancée... au prince de Condé, leader du parti protestant.Henri supplie sa mère Catherine de faire annuler le mariage ! Mais rien n'y fait. Et à présent, l'amour d'Henri lui échappe à jamais.
Marie et Condé viennent de se dire oui, dans la grande salle du château de Blandy.Malheureusement, on est en pleine guerre de Religions : le terrible massacre de la Saint-Barthélémy se prépare, le prince et son épouse doivent renier leur foi protestante et se remarier selon le rite catholique.
Sur quoi Condé doit partir à la guerre avec son roi. Il laisse Marie seule, à ses rêves secrets, comme celui que le duc d'Anjou, sur le point de devenir roi, la prenne pour épouse et qu'elle devienne reine... Et c'est ce que veut faire Henri, une fois sur le trône ! En attendant, ils s'écrivent de belles lettres enflammées : tous deux reprennent espoir.
Un roi inconsolable
Mais peu de temps après, Marie meurt à Paris en donnant naissance à une fille... Elle n'a que 21 ans.Henri, devenu Henri III de France, fou de douleur, se tourne vers la religion : sa piété tourne à l'obsession, ses pensées se noircissent.
C'est un prince qui déteste la chasse, le combat, préfère les plaisirs de la vie et les fêtes. Et puis, ses fameux mignons, vous savez, ces hommes fanas de mode, portant boucles d'oreilles et fraises ?
On dit qu'il s'est tourné vers ses favoris pour oublier la seule femme qu'il avait jamais aimée... Un an après la mort de Marie, en 1574, Henri épouse la blonde Louise de Vaudémont, qui dit-on, ressemblait étrangement à sa belle disparue...
L'amour courtois : Tiphaine et son dogue
Une fée et son Dogue
Mars 1365. Un jour piquant et iodé s'infiltre par-dessous la fenêtre. La baie brille toute entière par petites écailles argentées sous un ciel d’ardoise délavée où roulent de gros nuages. La mer étend ses bandes gris turquoise jusqu’à l’horizon, ses eaux palissant jusqu’à se confondre avec le ciel.
Elle s’avance vers la baie, vers la mer, étrangement calme, lisse et moirée. Des nuages passent. Un peu comme le goéland porté par le vent, son esprit vagabonde ailleurs...
Oh, mais, je ne vous avais pas vu ! Vous voilà chez une noble dame bretonne, par ce beau jour un peu froid de printemps, au Mont Saint-Michel. Laissez-moi vous là présenter : voilà Tiphaine Raguenel, la si belle épouse du connétable Du Guesclin.
Tiphaine la fée, comme on aime tous à l’appeler ici à Dinan, où elle est née en 1335. Vous la connaissez ?... vous connaissez mieux Bertrand, bien sûr... comment ça, petit et laid, Bertrand ? Aussi laid que Tiphaine est resplendissante ?
Oui, et alors ? On parle d'amour courtois, ici ! Un amour censé tout transcender... car Tiphaine sera la vraie dame des pensées de Bertrand et Bertrand le seul amour de la belle...« Rude et mal gracieux », « les poings gros et carrés pour porter l'épée, bien taillé pour endurer grande peine »...
Oui, je vous l'accorde, celui qu'on surnomme le Dogue Noir de Brocéliande n'est pas bien beau. Un chroniqueur de l'époque le compare même à l'aigle qu'il porte sur ses armes :
« S'il porte l'aigle, c'est que sa façon ressemble à la façon de l'aigle. L'aigle est gros et rude et pesant et brun, et est appelé roi des oiseaux car il est doublé de toutes manières d'oiseaux. Si je puis le comparer à l'aigle, c'est parce que c'est le chevalier du royaume de France plus doublé des ennemis au roi de France. »
Mais Bertrand est un héros, un chevalier, un vrai. Laid et pauvre, oui, mais mariée à la plus belle femme de Bretagne, connétable de France, couvert de tous les honneurs possibles...
La belle de Dinan
Allez, venez, allons faire connaissance de Tiphaine. Son père, Robin Raguenel, est un brave qui s'est battu aux côtés des Bretons contre les Anglais pendant le combat des Trente.
Sa mère s’appelle Jeanne de Dinan, dame de La Bellière. Fille unique, Tiphaine a un fort caractère : elle refuse tous les partis qu'on lui propose !
Mais passée l'âge de la trentaine, ses parents disparus, elle devient la noble dame de La Bellière, la plus riche du pays. Les prétendants accourent toujours plus nombreux, mais.... rien n'y fait !
Pourtant, Tiphaine est si belle, grande, blonde, fine et racée... on ne l'a jamais vu porter les atours des dames françaises, mais toujours sa coiffe et son costume breton. Jeanne la Boiteuse dit d'elle :
« Tiphaine Raguenel est assez belle pour n'avoir besoin des atours étrangers. Elle soutient toute seule l'honneur et le bon renom des femmes de Bretagne. »
Mais je vous le disais, on la surnomme la fée... On dit qu'elle lit l'avenir ! Et que souvent ce qu'elle prédit se réalise.
On la dit « savante et habile devineresse », elle « avait du sens d'astronomie et de philosophie, était bien écolée et c'était la plus sage et la mieux doctrinée du pays. » Oh, mais depuis toute petite notre Tiphaine a ce don mystérieux... Toute jeune déjà...
C'est elle !
Nous voilà quelques années plus tard, en 1359 : les Anglais ont tenté d'assiéger la ville de Dinan quelques jours plus tôt. Du Guesclin a bien calmé leur ardeur ! Mais voilà que le jeune frère du chevalier se fait capturer par Thomas de Cantorbery.
Bertrand va alors se battre en duel pour l'honneur de sa famille. Tiphaine, du fond de son château de La Bellière, a vu que Bertrand sortirait vainqueur du combat.
Un des Dinannais se précipite même pour annoncer la bonne nouvelle à Bertrand. Celle qu'on surnomme la « belle de Dinan » lui a prédit la victoire... Mais Bertrand s'en moque : « Va, fol, lance-t-il, qui en femme se fie ne m'est sage. »
Et dans un fracas de fers, de hennissements, dans le tonnerre du galop des montures, Bertrand renverse son adversaire. Voilà notre Dogue qui se retrouve en face de la belle Tiphaine, venue le féliciter. Un choc ! Il en tombe immédiatement éperdument amoureux...
Le petit nid douillet
Pourtant les années passent sans que Bertrand n'ai jamais le courage d'avouer ses sentiments à notre fée. Vous comprenez, il se sait si laid qu'elle ne pourra que l'éconduire !
Mais entre deux combats pour arracher la Bretagne aux griffes des Anglais, Bertrand osera faire le grand pas vers Tiphaine, et l'épousera.
En 1357, Bertrand et Tiphaine s'installent à Pontorson, où il est capitaine, pour défendre la baie du Mont Saint-Michel, entre Granville et Saint-Malo. Puis Bertrand fait construire une petite maison à sa femme, au Mont, pour la mettre à l'abri et lui confie la garde des remparts. C'est un logis en haut du Mont, le « vieil moustier Saint-Perron ».
La solitude d'un ciel étoilé
Bertrand lui confie son trésor de 100 000 florins d'or, que la belle en « départit libéralement jusqu'au dernier denier aux soldats et capitaines qui, ayant perdu leurs biens à la guerre, lui venaient faire visite. »
Son Dogue noir, lui, s'en va guerroyer en Espagne durant la guerre civile de Castille... ils se verront bien peu, mais leurs brèves retrouvailles seront toujours une fête !
Angoissée, Tiphaine établit des calendriers à Bertrand où elle entoure de sa main douce les jours néfastes. Au Mont, elle scrute l'immense ciel étoilé qui veille sur la baie, étudie ses cartes, interprète les signes du zodiaque pour en tirer l'horoscope, la destinée de son mari parti à la guerre !
Une Tiphaine bienveillante, douce et sage, qui même séparée de son cher Bertrand, ne vit que pour lui...
Elle passe ses jours et ses nuits dans la solitude froide d'un Mont silencieux à attendre qu'il revienne. Attendre, jusqu'à la mort, sa mort, en 1371. Jamais elle n'a revu son tendre Dogue...
L'amour complice : Mme du Châtelet et Voltaire
Quand Emilie rencontre Voltaire
Prenez une femme piquante, brillante, érudite, mathématicienne, et mettez la avec un des esprits les plus aiguisés des Lumières, Voltaire : vous obtiendrez l'union de deux âmes destinées à s'entendre ! L'amour les unit, mais aussi la passion de la physique et de la littérature.
Je vous présente Emilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet, qui étudie dès sa plus tendre enfance l'anglais, le latin, la géométrie, la physique. Elle concoure en 1738 pour le prix de l'académie des Sciences, puis publie une Analyse de la philosophie de Leibnitz !
Une traduction des Principes de Newton paraîtra même après sa mort, grâce à Voltaire. Eh, pour une femme, à l'époque, imaginez un peu, c'est énorme... A quoi ressemble-t-elle, notre femme savante ? Une de ses amies la décrit :
« Représentez-vous une femme grande et sèche, sans hanches, la poitrine étroite, de gros bras, des pieds énormes, une très petite tête, le visage aigu, le nez pointu, deux petits yeux vert de mer, le teint rouge, échauffé, la bouche plate, les dents clairsemées... »
Tu parles d'une amie, oui ! Enfin bref...
« Elle est née avec assez d'esprit ; le désir de paraître en avoir davantage lui a fait préférer l'étude des sciences les plus abstraites aux connaissances agréables. Elle croit, par cette singularité, parvenir à une grande réputation, et à une supériorité décidée sur toutes les femmes. »
Voltaire dit : « Son esprit est très philosophe, et son cœur aime les pompons » : érudite, oui, mais femme tout de même, qui aime la musique, les belles toilettes et les fêtes. Tous deux se rencontrent dans les salons parisiens de la marquise de Deffand, en 1733.
Voltaire a 39 ans, Emilie 27. Elle le connaît grâce à ses écrits et l'aime depuis bien longtemps ! En fait, elle rêve de le lui dire en personne... eh ! Voilà l'occasion... la groupie se lance, et déjà Voltaire tombe sous le charme de cette jeune femme si piquante, et, il va le découvrir, si intelligente !
Deux passionnés yeux dans les yeux
Et comme notre Voltaire n'est plus très bien dans les petits papiers du roi, chassé du royaume à cause de la parution de Lettres philosophiques pas très au goût de la cour... tant pis ! Il trouve refuge chez Emilie, au château de Cirey, aux confins de la Lorraine et de la Champagne.
Le domaine est alors dans un état épouvantable ! Voltaire paie de sa poche toutes les réparations (40 000 francs prêtés au marquis du Châtelet), fait ajouter une galerie et un laboratoire, fait richement décorer les appartements.
L'atmosphère au château est joyeuse ! Emilie et Voltaire y travaillent, y expérimentent côte à côte. De grands mathématiciens viennent de loin pour assister la marquise dans ses travaux ! Voltaire s'isole parfois pour y écrire, écrire tout son saoul... Un témoin de passage écrit :
« J'ai passé par Cirey. C'est une chose rare : ils sont là tous les deux, comblés de plaisirs ; l'un fait des vers de son côté et l'autre des triangles. La maison est d'une magnificence qui surprend. Voltaire a un appartement terminé par une galerie où sont rassemblés des instruments de tous les genres, mathématiques, physiques, chimiques, astronomiques... Et tout cela est accompagné d'anciens laques, de tableaux, de porcelaines de Saxe... Enfin, je vous dis que l'on croit rêver. »
Plusieurs invités témoignent de l'intense activité qui y règne. « Mme du Châtelet passait une grande partie de la matinée au milieu de ses livres et de ses écritures » rapporte un témoin. « Elle tourne la tête à Voltaire, avec la géométrie. Elle n'aime que ça ! » dit un autre.
Sauf le soir où enfin, la marquise se pose pour discuter : « Mais je vois venir, le soir, Du plus haut de son aphélie Notre astronomique Emilie, Avec un vieux tablier noir. Et la main d'encre encore salie, Elle a laissé là son compas Et ses calculs et ses lunettes » dit Voltaire...
On passe ses soirées à jouer aux cartes, à la lanterne magique (ancêtre du projecteur de diapositives), Voltaire lisant ses nouvelles pièces, Emilie faisant part de ses découvertes scientifiques... Et plus que tout, Emilie et son « idole » s'aiment tendrement ! Quelquefois on peut les voir se promener longuement, elle filant sur sa jument préférée, l'Hirondelle...
Adieu, Emilie
Et M. du Châtelet, pendant ce temps, qui regarde le petit couple aller et venir sous son nez, que dit-il ? Oh, pas grand chose, il laisse sa femme faire sa vie comme bon lui semble... Et puis, Voltaire lui a tout refait son château à neuf, alors...
Peu avant sa mort, Emilie délaisse Voltaire pour le poète Saint-Lambert. 3 ans plus tard, en 1749, elle donne naissance à une fille, mais n'y survivra pas.
Voltaire, auprès d'elle ce jour-là, crie à Saint-Lambert : « Eh, mon Dieu, monsieur, de quoi vous avisiez-vous de lui faire un enfant ! » Il restera inconsolable...
L'amour galant : Agrippa d'Aubigné et Diane Salvati
Agrippa se fait la malle
Fin août 1572. Le soleil a durement tapé toute la journée. Il fait une chaleur étouffante, surtout quand on a chevauché pendant des heures. Les cavaliers ont laissé derrière eux Paris et les massacres de la Saint-Barthélémy. Une bonne chose, pour des protestants !
Parmi ces cavaliers qui s'enfuient brinquebalés au rythme du galop rapide de leurs chevaux, voilà Théodore Agrippa d'Aubigné.
Poète et soldat, c'est un protestant pur de dur, jeune homme de 20 ans natif de Saintonge qui s'en retourne à La Rochelle, bastion huguenot par excellence. Le grand-père de Mme de Maintenon, aussi ! Mais les routes grouillent de soldats catholiques.
La Rochelle est bien loin, le chemin semée d’embûches... il faut trouver un abri pour la nuit : un seigneur catholique du nom de Bernard Salviati leur ouvrira les portes de son château de Talcy...
Bouche corail et yeux doux
Mais, encore fallait-il que l’intéressée le veuille bien, dites !
Le plus doux des calmants !
Grièvement blessé, Agrippa ne se réveille que bien plus tard avec, au-dessus de lui, le visage d'une Diane morte d'inquiétude ! Elle avait si bien pansé ses plaies (merci aussi à Ambroise Paré et sa trépanation) :
L'orage gronde...
Petites balades romantiques
Villandry ou les jardins enchantés
La Chambre d'Amour
Le puits d'Amour
Amour, mariage... Petites anecdotes
Les pénitents d'amour
Aah, l'amour donne des ailes... ou un petit grain au cerveau, c'est selon ! Voyez plutôt ça...