Le traité de Péronne ? Signé au château de Péronne entre Charles le Téméraire et Louis XI, le 14 octobre 1468.
Le roi de France y est même retenu prisonnier !
Un cousin trop puissant
Charles le duc bourguignon a donné sa fille au roi d’Angleterre. Il a des vues sur des terres du royaume de France.
Il est terriblement ambitieux, trop, pour son cousin Louis XI !
Le Bourguignon est à la tête du royaume le plus puissant d’Europe.
Charles, en plus, a soutenu la rébellion des vassaux contre le roi de France, qui voulaient le chasser de son trône : la Ligue du Bien Public.
Voilà pourquoi Louis XI se dirige vers Péronne... pour affronter le Bourguignon !
La paix, ou quoi ?
En fait, c'est Charles qui invite son cousin à la table de son château picard.
Le roi accepte de s’y rendre, laissant ses troupes aux abords de la cité, et prend une petite escorte.
Il est question d’un traité de paix… dont on commence à causer tranquillement.
Oui mais, Charles apprend entre temps que Louis a fomenté une révolte sur ses terres à lui, à Liège !
Le roi a voulu le déstabiliser en faisant cela, pensant que cela allait entraîner la pagaille en Flandre, puis dans toutes les terres bourguignonnes.
Charles est furieux...
Trahison !
« Il n’est venu là que pour me trahir », gronde le Téméraire.
Louis est là pour causer d'un éventuel traité de paix, un accord pour éviter la guerre, mais juste avant, il a semé la pagaille à Liège ?
Charles fait de ce pas enfermer son cousin 3 jours à Péronne.
Humiliation suprême pour le roi ! Et sa vie est peut-être même en danger…
Le chroniqueur Commynes raconte dans ses Mémoires :
« Le roi qui se vit enfermé en ce château (qui est petit) et force archers à la porte, n’était point sans doute. Et se vit logé rasibus d’une grosse tour, où un compte de Vermandois fit mourir un sien prédécesseur roi de France. »
D'un camp à l'autre
Commynes, proche conseiller du duc, murmure au roi d’accepter le traité que va lui proposer son maître.
Qui dit quoi ? Qui impose entre autres au roi de France de lui céder Péronne, et toute la Somme, plus la Champagne et la Brie.
Louis XI s’incline...
Et vous savez quoi ?
4 ans après, dans la nuit du 7 au 8 août 1472, Commynes quitte en douce le camp du duc, pour se mettre au service du roi.
Pour devenir son célèbre et fidèle chroniqueur.
Trahison ? Pas forcément. Louis XI fait un meilleur maître, plus mesuré, réfléchi, moins cruel et sanglant !
Hors du repaire !
« Le renard crotté a échappé au repaire du loup », écrit Commynes dans ses Mémoires...
Hé oui ! Sitôt libéré, Louis ne respecte pas ce traité qu'il avait accepté pour sauver sa peau.
En 1470, il réunit ses conseillers pour le faire annuler.
Puis, il retourne en Picardie occuper la région.
La contre-offensive du duc s’écrase à Beauvais, en 1472. Vous savez ? Il s’agit de l’épisode où une certaine Jeanne Hachette défend la ville bec et ongles !
Le Téméraire semble vaincu. Ses alliés se dérobent tous.
Il est même lâché par le roi d’Angleterre Édouard IV, que Louis a gentiment poussé à signer le traité de Picquigny, dans la Somme !
À la mort du Téméraire en 1477 à Nancy, le roi s’empare de la Picardie et récupère Péronne.
Sources
- George Duruy. Petite histoire populaire de la France. 1881.
- André Castelot, Alain Decaux. Histoire de la France et des Français au jour le jour : 1408-1547. 1976.
- Camille Picqué. Mémoire sur Philippe de Commines. 1863.